Séries de classement

Cinq lutteurs prennent la place de champions du monde en tête de série no.1

By Eric Olanowski

*Ces classements sont basés sur les inscriptions - encore non-officielles - reçues par United World Wrestling le 21 août, et sont donc sujets à modification.

VEVEY, Suisse (le 21 août) --- Après une année d'incertitudes, les quatre têtes de série de chaque catégorie de poids sont enfin vérouillées pour le championnat du monde de Noursoultan prévu du 14 au 22 septembre prochain. Cinq anciens champions du monde ont renversé des tenants du titre et seront à Noursoultan en tête de série no.1.

Les lutteurs suivants ont renversé un champion du monde en titre et passent tête de série no.1 :
57kg - Suleyman ATLI (TUR)
65kg - Bajrang PUNIA (IND)
74kg - Frank CHAMIZO (ITA)
86kg - Fatih ERDIN (TUR)
97kg - Kyle SNYDER (USA)

Suleyman ATLI (TUR), vainqueur de Zaur UGUEV (RUS) pour le titre européen, obtient la tête de série no.1 des 57kg. (Photo : Max Rose-Fyne)

Alti en tête des 57kg
L'ascension de Suleyman Atli a provoqué quelque surprise. Âgé de 25 ans et reparti de Paris en 15me place, Atli avait obtenu une médaille de bronze à Budapest. Sur la route de sa victoire sur le champion du monde en titre russe Zaur UGUEV pour la première place des 57kg, Atli est monté sur le podium européen en classe senior pour la première fois de sa carrière grâce à une victoire en finale sur Muslim SADULAEV (RUS), et a terminé deuxième et troisième du Dan Kolov et des Jeux Européens respectivement.

Uguev était revenu en mai après une absence de sept mois pour s'emparer à domicile de la médaille d'or du prestigieux Ali Aliev au Daghestan, puis d'une médaille de bronze aux Jeux Européens de Minsk, échouant face au futur champion Mahir AMIRASLANOV (AZE) par 3-2 en demi-finale. Sa victoire sur Aryian TYUTRIN (RUS) en éliminatoire lui a ouvert la porte de sa troisième sélection en équipe russe des mondiaux, une victoire obtenue après qu'Ugev ait été dispensé de championnat de Russie.

Classé troisième, Yuki TAKAHASHI, l'apprenti-sorcier défensif du Japon, sera en quête de sa troisième médaille d'or en 57kg. Takahashi avait été nommé Meilleure découverte de l'année par United World Wrestling en 2017 après avoir vaincu Thomas GILMAN (USA) en finale des mondiaux de Paris. Il avait cependant échoué l'année dernière à conserver son titre, chutant en demi-finale face à Uguev 7-2, pour obtenir la médaille de bronze dans un combat remporté 5-2 win sur Reineri ANDREU ORTEGA (CUB).

Nurislam SANAYEV (KAZ), tête de série no.4 des 57kg, est probablement la meilleur chance du Kazakhstan de remporter un titre à domicile. Sanayev avait échoué en finale l'année dernière mais revient à Noursoultan les yeux rivés sur une médaille d'or.

Têtes de série attendues en 57kg
1. Suleyman ATLI (TUR)
2. Zavur UGUEV (RUS)
3. Yuki TAKAHASHI (JPN)
4. Nurislam SANAYEV (KAZ)

Bajrang PUNIA est tête de série no.1 des 65kg et combattra pour l'Inde. (Photo : Sachiko Hotaka)

Punia passe Otoguro en 65kg
Il semble que Bajrang Punia, engagé sur trois continents en moins de quinze jours, soit le plus grand voyageur de l'histoire de la lutte indienne ! Dauphin du championnat du monde de Budapest, Punia aura décroché pendant cette période le titre de champion d'Asie à Xi'an en Chine et celui du tournoi Ali Aliyev de Kaspiysk en Russie, avant de s'aligner pour le Lutte au Parc de New York. 

Désormais premier au classement mondial, Punia a pu compter sur les points obtenus au championnat d'Asie et au Dan Kolov pour passer devant le champion du monde en titre Takuto OTOGURO (JPN) en 65kg. 

Si Punia réussit à faire mieux que sa deuxième place de l'année dernière, il rejoindra Sushil KUMAR dans le cercle très fermé des lutteurs indiens champions du monde de lutte libre en catégorie senior ; Kumar avait remporté son titre lors du championnat du monde de Moscou en 2010.

Takuto Otoguro a cependant failli ne pas pouvoir défendre son titre mondial, concédant à Rei HIGUCHI (JPN), médaillé d'argent olympique à Rio, en finale de la Meiji, sa première défaite face à un adversaire japonais depuis le lycée. Mais le jeune phénomène japonais a vite rebondi pour inscrire une solide victoire 5-0 sur Higuchi lors d'éliminatoires spéciaux en 65kg. Sur son entrée dans l'équipe des mondiaux, Otoguro a déclaré : "Je n'avais pas l'habitude de perdre, et ça m'a dévasté. Je ne savais pas quoi faire" ajoutant : "Tellement de gens m'ont aidé, je suis heureux d'avoir pu les récompenser pour leur soutien."

Le championnat du monde de Noursoultan constituera la première compétition internationale de la saison d'Otoguro. Le classé deuxième mondial avait en effet dû déclarer forfait pour la Coupe du Monde et le championnat d'Asie pour cause de blessure au genou.

Bien qu'Akhmed CHAKAEV (RUS) soit classé troisième mondial des 65kg, il a perdu sa tête de série no.1 au bénéfice du double dauphin des mondiaux Gadzhimurad Rashidov ; Selahattin KILICSALLAYAN (TUR) prend la troisième place. 

Rashidov représentant la Russie, Nachyn KUULAR (RUS) perd sa tête de série puisque Sayatbek OKASSOV (KAZ) passe en quatrième position. 

Têtes de séries attendues en 65kg
1. Bajrang PUNIA (IND) 
2. Takuto OTOGURO (JPN) 
3. Selahattin KILICSALLAYAN (TUR)
4. Sayatbek OKASSOV (KAZ)

Frank CHAMIZO (ITA) devance Zaurbek SIDAKOV (RUS) et passe tête de série no.1 des 74kg. (Photo : Kadir Caliskan) 

Chamizo passe tête de série no.1 en 74kg
Un an après sa cinquième place au championnat du monde de Budapest, Frank Chamizo a rejoint la première place du classement mondial des 74kg grâce à un titre de champion d'Europe et une médaille d'or au Sassari. L'Italien a aussi obtenu une médaille d'argent au Yasar Dogu et une de bronze au Dan Kolov, deux événements de série de classement (ESC).

Ce ne sont cependant pas ses titres et médailles qui ont fait la réputation de Chamizo cette saison, mais plutôt sa déclaration de forfait en finale du Yasar Dogu face à son grand rival Jordan BURROUGHS (USA). En entrant au Yasar Dogu, le dernier ECS de l'année, Chamizo était classé deuxième mondial derrière le seul champion du monde du classement Zaurbek SIDAKOV (RUS). Chamizo avait pourtant atteint les finales d'Istanbul ; ayant collecté assez de points pour s'assurer la première place du classement, il a fait l'impasse sur le dernier combat. Chamizo a défendu sa décision en expliquant qu'il s'agissait d'une décision réfléchie et non émotionnelle.

Réputé pour ses capacités offensives et champion olympique de Londres, Jordan Burroughs rejoint Noursoultan en quête d'une septième médaille mondiale après quatre d'or et deux de bronze - l'une des deux dernières est issue des mondiaux de Budapest. Burroughs a chuté face au futur champion du monde 2018 Zaurbek Sidakov lors des quarts de finale de Budapest, avant d'aligner deux victoires - dont une par 4-4 sur critères sur Chamizo en combat pour la médaille de bronze - et de monter sur le sixième podium mondial de sa carrière.

Burroughs a cette saison écrasé toute compétition en 74kg lors de ses participations : deux titres en ESC (victoires sur Chamizo au Dan Kolov 9-2 et au Yasar Dogu par forfait) et deux titres continentaux (championnat et Jeux panaméricains).

Burroughs est désormais classé deuxième mondial des 74kg.

Zaurbek Sidakov était arrivé plutôt discrètement à Budapest mais s'est rapidement fait un nom après s'être défait de Burroughs et Chamizo sur le chemin de la finale, où le Russe de 23 ans l'a emporté 2-2 sur critères sur le champion du monde des U23 Avtandil KENTCHADZE (GEO).

Sidakov et Kentchadze seront respectivement 2 et 3me tête de série à Noursoultan. 

Têtes de série attendues en 74kg
1. Frank CHAMIZO (ITA)
2. Jordan BURROUGHS (USA)
3. Zaurbek SIDAKOV (RUS)
4. Avtandil KENTCHADZE (GEO)

Fatih ERDIN (TUR), 1er mondial des 86kg, tentera le tout pour le tout pour obtenir l'or de Nousoultan après sa deuxième place à Budapest l'année passée. (Photo : Sachiko Hotaka)

Erdin sera tête de série no. 1 des mondiaux en 86kg
Fatih ERDIN (TUR) et le champion du monde en titre David TAYLOR (USA) se bousculaient depuis le début de l'année pour la première place au classement des 86kg. Mais l'Américain a subi une blessure malheureuse lors d'un événement de charité, ce qui avait douché sa participation aux compétitions suivantes.

Erdin, dauphin l'année passée à Budapest, sera tête de série no. 1 de la catégorie des 86kg. Il a fini deuxième du Yariguin et troisième du championnat d'Europe cette année.

Le départ de Taylor ouvre la porte de la seconde place à Boris MAKOEV (SVK). Makoev tentera de remonter une troisième fois sur le podium depuis sa seconde place de 2017.

Hassan YAZDANICHARATI (IRI) et Deepak PUNIA (IND) complètent les quatre premières places de la série.

Le champion du monde et champion olympique Hassan "le grand" Yazdani est tête de série no.3 et Punia, champion du monde junior des 86kg cette année, est en quatrième position.

Têtes de série attendues en 86kg
1. Fatih ERDIN (TUR)
2. Boris MAKOEV (SVK)
3. Hassan YAZDANICHARATI (IRI)
4. Deepak PUNIA (IND)

Kyle SNYDER (USA) renverse Abdulrashid SADUALEV (RUS) en tête de série des 97kg. (Photo : Tony Rotundo) 

Snyder renverse Sadulaev en 97kg
C'est peu dire qu'une rivalité tenace lie les multiples champions du monde et champions olympiques Abdulrashid SADULAEV (RUS) et Kyle Snyder. Les deux se sont disputé le titre mondial des 97kg. Snyder, double champion du monde et champion olympique à Rio, avait pris le dessus sur son adversaire lors des mondiaux de Paris en 2017, mais Sadulaev a pris sa revanche à Budapest par un retentissant tombé après 69 secondes pour obtenir son troisième titre mondial.

Sadulaev tenant du titre, c'est pourtant Snyder qui sera au Kazakhstan en tant que tête de série no.1, après avoir amassé 94 points de série lors de ses victoires au championnat panaméricain, au Dan Kolov et au Yasar Dogu.
 
Sadulaev, médaillé d'or au championnat d'Europe et aux Jeux Européens cette année, sera donc classé deuxième de la catégorie à Noursoultan. 
 
ULZIISAIKHAN Batzul (MGL) et Abraham de Jesus CONYEDO RUANO (ITA) closent les têtes de série des 97kg. 
 
Ulziisaikhan, troisième, a combattu lors de deux ESC ainsi qu'au championnat d'Asie, où il a échoué en finale face à l'Iranien Reza YAZDANI. 
 
Conyedo Ruano, médaillé mondial de bronze l'année dernière, a remporté deux médailles de bronze en ESC d'affilée cette année, au Sassari et au Yasar Dogu.

Têtes de série attendues en 97kg
1. Kyle SNYDER (USA)
2. Abdulrashid SADULAEV (RUS)
3. ULZIISAIKHAN Batzul (MGL) 
4. Abraham de Jesus CONYEDO RUANO (ITA) 

Yowlys BONNE RODRIGUEZ (CUB) défendra son titre de champion du monde de la catégorie des 61kg. Il part tête de série no.1. (Photo : Max Rose-Fyne)

Cinq autres champions du monde de leur catégorie ont conservé leur classement en première place cette année, et se retrouveront à Noursoultan comme ils s'étaient quittés à Budapest : Yowlys BONNE RODRIGUEZ (CUB), Magomedrasul GAZIMAGOMEDOV (RUS), Kyle DAKE (USA), J'Den COX (USA) et Geno PETRIASHVILI (GEO). 

Bonne passe en première position des 61kg
Le champion du monde en titre de la catégorie des 61kg est le seul médaillé de Budapest classé dans le top 4 des têtes de série des 61kg. TUMENBILEG Tuvshintulga, médaillé de bronze en 2018 pour la Mongolie, est bien dans la même catégorie mais est classé huitième pour Noursoultan.

Les deux autres médaillés, Gadzhimurad RASHIDOV (RUS) et Daniel COLON (USA), ont soit changé de catégorie, soit ne se sont pas qualifiés.

Gadzhimurad Rashidov, russe et deux fois dauphin des mondiaux, sera dans la catégorie olympique des 65kg tandis que Colon a échoué aux qualifications.

L'Indien Rahul AWARE (IND) avait la voie ouverte pour rejoindre le top 4 de Noursoultan, terminant sa saison avec une médaille d'or du Yasar Dogu après des médailles de bronze obtenues au Sassari et au championnat d'Asie. Colon et Rashidov partis, Aware passe en deuxième position, catégorie des 61kg.

Beka LOMTADZE (GEO), cinquième des mondiaux en 2018, détient la tête de série no.3.

Mohammadbagher YAKHKESHI (IRI) était attendu en tête de série no.4 mais l'Iran a préféré jouer Behnam EHSANPOOR (IRI) ; Nikolai OKHLOPKOV (ROU) passe donc en tête de série no.4 pour la Roumanie.

Têtes de série attendues en 61kg
1. Yowlys BONNE RODRIGUEZ (CUB)
2. Rahul AWARE (IND)
3. Beka LOMTADZE (GEO)
4. Behnam EHSANPOOR (IRI)

Adam BATIROV (BRN) passe en première position des 70kg après que Magomedrasul GAZIMAGOMEDOV (RUS) rejoint la catégorie olympique des 74kg. (Photo : Gabor Martin) 

Gazimagomedov parti, Batirov passe en tête de série no.1 des 70kg
Champion du monde en titre et 1er au classement mondial des 70kg, Magomedrasul Gazimagomedov a préféré rejoindre la catégorie olympique des 74kg et laisse sa place à Adam BATIROV (BRN), dauphin des mondiaux l'année dernière.

Nurkozha KAIPANOV (KAZ), champion d'Asie et au Sassari, tient la seconde tête de série. 

Si Andriy KVYATKOVSKYY (UKR) s'était qualifié pour l'équipe ukrainienne, il aurait détenu la tête de série no.3 de la catégorie. C'est Semen RADULOV (UKR) qui le remplace. En conséquence, Yones EMAMICHOGHAEI (IRI) et Devid SAFARYAN (ARM) seront respectivement en trois et quatrième positions. 

Têtes de série attendues en 70kg
1. Adam BATIROV (BRN)
2. Nurkozha KAIPANOV (KAZ)
3. Yones EMAMICHOGHAEI (IRI)
4. Devid SAFARYAN (ARM)

Kyle DAKE (USA), titré en 2018, tentera le doublé au championnat du monde de Noursoultan, et entre classé tête de série no.1 des 79kg. (Photo : Max Rose-Fyne)

Dake au sommet des 79kg
Les deux meilleurs lutteurs mondiaux de l'année passée de la catégorie des 79kg, Kyle Dake et Jabrayil HASANOV (AZE), partent dans les deux meilleures positions cette année également. Dake, titré en 2018, est tête de série no.1, Hasanov deuxième.

Akhmed GADZHIMAGOMEDOV (RUS) aurait dû tenir la troisième position, mais il souffre d'une blessure au genou subie en demi-finale du championnat d'Europe et ne remontera pas sur les tapis avant la mi-octobre.

Alexander DIERINGER (USA), classé quatrième mondial, a été vaincu par Dake lors des éliminatoires US et laisse sa troisième position au Turc Muhammet KOTANOGLU, qui fera à Noursoultan ses débuts en championnat du monde. 

Bahman TEYMOURI (IRI) sera la quatrième tête de série.

Têtes de série attendues en 79kg
1. Kyle DAKE (USA) 
2. Jabrayil HASANOV (AZE)
3. Muhammet KOTANOGLU (TUR) 
4. Bahman TEYMOURI (IRI)

J'den Cox reste invaincu cette saison et détient fermement la tête de série no.1 des 92kg. (Photo : Kadir Caliskan)

Cox vent arrière en 92kg
J’den Cox est le quatrième champion du monde en titre qui rejoindra Noursoultan classé tête de série no.1. Cox concourra dans la catégorie dans laquelle il avait obtenu son premier titre mondial.

Alireza KARIMIMACHIANI (IRI), médaille de bronze à Budapest, est en deuxième position. 

Magomed KURBANOV (RUS), Batyrbek TCAKULOV (RUS) et Atsushi MATSUMOTO (JPN), classés respectivement trois, quatre et cinquième, ont échoué dans leur sélection nationale et en leur absence Ivan YANKOUSKI (BLR) passe tête de série no.3. 

Enfin Viky VIKY, classé septième et qui a lui aussi échoué aux sélections nationales, cède la tête de série no.4 à Irakli MTSITURI (GEO). 

Têtes de série attendues en 92kg
1. J'Den COX (USA) 
2. Alireza KARIMIMACHIANI (IRI) 
3. Ivan YANKOUSKI (BLR) 
4. Irakli MTSITURI (GEO) 

Geno PETRIASHVILI (GEO) part en quête de son troisième titre mondial consécutif et tête de série no.1 des 125kg. (Photo : Gabor Martin)

Petriashvili en tête des 125kg 
Il faut remonter à 2013 pour trouver un champion du monde - ou champion olympique, pour ce qu'il en est - de la catégorie des 125kg qui ne soit ni Geno Petriashvili ni Taha AKGUL (TUR).
 
Petriashvili, détenteur actuel du titre, rejoindra Noursoultan classé en tête de série no.1. Il ne part pourtant pas favori car son grand rival turc Taha Akgul l'a vaincu 7-0 en finale du championnat d'Europe et prétend à la domination de la catégorie des poids lourds. 
 
Les deux ne se rencontreront potentiellement qu'en finale. Tout d'abord classés premier et quatrième, Akgul est passé tête de série no.3 grâce à sa victoire à domicile au dernier ESC de l'année, le Yasar Dogu. 

Petriashvili rencontrera Nicholas GWIAZDOWSKI (USA) pour une place en finale et Akgul DENG Zhiwei. Zhiwei, finaliste l'année passée, est classé deuxième tandis que Gwiazdowski, double médaillé mondial de bronze, est quatrième.

Têtes de série attendues en 125kg
1. Geno PETRIASHVILI (GEO) 
2. DENG Zhiwei (CHN) 
3. Taha AKGUL (TUR)
4. Nicholas Edward GWIAZDOWSKI (USA) 

Japon

Avec le retour des lycéens sur les tapis, le Japon organise son premier tournoi national depuis février

By Ken Marantz

NIIGATA, Japon -- Seuls perçaient, stridents, les coups de sifflet des arbitres, soufflés derrière des visières de protections en plastique. A part les cris des entraîneurs aux quatres coins de la salle, les seuls encouragements audibles montaient, étouffés par les indispensables masques, des stands des coéquipiers des lutteurs.

Le Japon s'est encore rapproché d'un pas vers la normalité en cette époque de pandémie en tenant, de façon prudente et optimiste, son premier tournoi national depuis février dernier, la Coupe Kazama ou championnat national des collèges sur invitation, du 9 au 11 octobre.

Les protocoles de prévention sanitaire étaient fermement maintenus pour l'arrivée des plus de 300 collégiens de seconde et troisième années dans la ville portuaire de Niigata pour un tournoi initialement programmé au mois de mars -- et pour un temps simplement annulé.

Mais il y a moins d'un mois, les restrictions sur le sport et les événements de grande ampleur ont commencé à être levées, et la fédération de lutte située dans la préfecture de Niigata a relevé le défi d'accueillir ce qui se rapproche d'un modèle pour les tournois dans le futur proche.

A referee wearing a face shield keeps an eye on the action. (Japan Wrestling Federation photo)Un arbitre masqué observe l'action (Photo : Fédération japonaise de lutte).

"J'ai l'impression que l'attente est finalement terminée,' dit Yoshihiko HARA, vice-président du comité organisateur du tournoi, pouvant enfin contempler l'événement en cours sous ses yeux et comprenant des compétitions par équipes séparées et des combats individuels.

"Nous avons besoin d'un mois pour nous préparer, mais le tournoi a été repoussé d'une semaine encore et nous avons dû attendre la décision jusqu'à ce qu'il ne reste plus que trois semaines. La préfecture de Niigata a grandement allégé les restrictions et nous avons pu accueillir la compétition."

La Coupe Kazama est l'un des trois tournois de la 'triple couronne' des garçons, avec l'Intercollège et les Jeux Nationaux (Kokutai). Ces deux derniers annulés pour de bon, les officiels de la lutte nationale souhaitaient donner aux seniors sortants un objectif final.

"Pour les élèves de troisième, c'est le dernier tournoi," déclare le Vice-Président de la Fédération japonaise de lutte Hideaki TOMIYAMA. "Avec l'annulation de l'Intercollège et des Kokutai, ils n'avaient plus rien. C'est bien qu'ils en aient un."

Tomiyama a repoussé la suggestion que la Fédération n'aille un peu trop vite en besogne en mettant la pression pour organiser la compétition.

Everyone entering the facility had their temperature automatically taken. (Japan Wrestling Federation photo)Chaque personne pénétrant sur les lieux voyait sa température prise (Photo : Fédération japonaise de lutte).

"Voyant ce qui se passait dans les autres sports, les sports professionnels ont graduellement permis le retour des spectateurs," dit-il, se référant aux principaux sports professionnels japonais, le sumo, le basket et le football. "Il faut tout d'abord avancer. Tant que vous vous préparez minutieusement en prenant des contre-mesures fermes, cela peut-être fait."

Un précédent avait été établi le mois dernier, en quelque sorte, par l'accueil par la préfecture de Niigata du championnat national universitaire d'athlétisme.

"Avant cela, il y a eu une rencontre nationale universitaire d'athlétisme où les restrictions étaient très sévères," dit Hara, natif de Niigata, ancien quintuple champion du Japon de lutte libre et deux fois athlète olympique. "Les athlètes et les entraîneurs n'avaient pas le droit de quitter leur hôtel et devaient prendre un engagement écrit. 1'300 athlètes étaient présents."

Dissiper les craintes locales
Tandis que la ville de Niigata, située sur la côte de la Mer du Japon à environ 250 km au nord-ouest de Tokyo, a une population de 810,000 habitants, la préfecture éponyme dans laquelle elle se trouve demeure un mélange de régions rurales et montagneuses.

La préfecture a échappé au gros de l'épidémie -- il y a eu moins de 200 cas enregistrés et aucun décès à déplorer. C'est l'opposé de ce qui s'est passé à Tokyo, qui a continuellement enregistré de 100 à 200 cas par jour et recense environ le quart des 1,670 décès relevés au Japon. Les habitants locaux sont donc constamment inquiets que des personnes de l'extérieur puissent transmettre la maladie.

"Nous sommes loin de Tokyo et il y a eu beaucoup de plaintes au sujet de la tenue du tournoi," dit Hara. '''Pourquoi organiser un événement national ? Pourquoi les gens de Tokyo viennent-ils ici?' Il y a toujours une 'allergie' aux événements sportifs."

A wrestler bows to his opponent's corner after his match instead of shaking hands. (Japan Wrestling Federation photo)Un lutteur s'incline face au carré de ses adversaires après son combat au lieu qu'ils se serrent la main (Photo : Fédération japonaise de lutte).

Au contraire des autres sports individuels tels que l'athlétisme, le tennis ou le golf, la lutte et les autres sports de contact se trouvent dans une situation bien plus compliquée losqu'il s'agit de contrecarrer le développement d'une infection. Ceci était vrai avant l'arrivée du coronavirus et l'est plus encore aujourd'hui.

Dans ces conditions, d'autres sports de contact, ainsi que les médias, étaient très intéressés par la manière dont la lutte gérerait la Coupe Kazama. Hara a pu constater que trois officiels nationaux de la boxe étaient venus en observateurs.

"C'est le premier tournoi national d'un sport de contact," dit-il. "Le rugby est annulé. Le judo aussi. Nous organisons le premier événement collégien à une échelle nationale, alors ça fait les gros titres. Les demandes d'interviews ne sont pas adressées à nous qui sommes impliqués dans la lutte, mais au médecin du site et aux volontaires prenant la température à l'entrée. Malgré tout, nous sommes contents."

Les règles étaient strictes et exclusives. Seuls les lutteurs, les entraîneurs et les officiels du tournoi avaient le droit d'être présents sur le site, le Centre général des sports Higashi, ce qui signifiait pas de membres de la famille, d'amis ou d'autres spectateurs. Comme la préparation des équipes était limitée, il avait été recommandé aux lutteurs de ne pas perdre de poids de façon excessive et une tolérance de 2 kilos adoptée.

Toute personne pénétrant dans l'arène devait soumettre un formulaire relevant sa température quotidienne des 14 derniers jours. Au pupitre de réception, des caméras infrarouges étaient installées pour prendre à nouveau la température des entrants. A l'intérieur tous, sauf les lutteurs en combat sur les quatre tapis, devaient porter un masque à tout moment.

L'accès à la salle d'échauffement était limité pour éviter tout attroupement. "Le plus gros problème fut de faire maintenir les distances sociales aux personnes présentes là-bas," dit Hara. Les arbitres sur les tapis portaient des protections faciales et, après chaque combat, les lutteurs s'inclinaient face à l'entraîneur de l'adversaire au lieu de la poignée de mains habituelle.

"Il faut prudemment gérer la zone de réception," commente Tomiyama. "Si vous faites cela, il n'y a pas vraiment de problème. Sans spectateur, nous pouvons vérifier toute personne qui vient ici."

Tuvaadorj BUKHCHULUUN (NSSU Kashiwa) battles Kyo KITAWAKI (Nirasaki Technical) in the 92kg final. (Japan Wrestling Federation photo)Tuvaadorj BUKHCHULUUN (NSSU Kashiwa) aux prises avec Kyo KITAWAKI (Nirasaki Technical) en final des 92kg (Photo : Fédération japonaise de lutte).

L'empreinte finale de la Mongolie
Le tournoi prévoyait 48 entrées dans la compétition par équipe et dans chacune des huit catégories de poids individuelles, sélectionnées des neuf régions japonaises et de Niigata. Le nombre d'allocations par région allait de huit pour Kanto (qui comprend Tokyo) et Kyushu à une pour Hokkaido. Le tirage réalisé en mars fut utilisé comme tel, il y eu donc de cinq à 10 absents par division.

Les festivités furent lancées par la compétition par équipe, tenue le premier jour et la matinée du second, dans un style de duels en knockout entre des groupes de sept lutteurs.

Le collège de la préfecture de Chiba, de l'Université japonaise des sciences sportives Kashiwa, a décroché son quatrième titre d'affilée en vainquant Saitama Sakae par 5-2 en finale. NSSU Kashiwa a atteint la finale en se défaisant d'une autre école de la préfecture de Saitama, Hanasaki Tokuharu, par 4-3 en demi-finale.

Le Mongolien Tuvaadorj BUKHCHULUUN a offert la victoire décisive en demi-finale des 125kg sur Hanasaki Tokuharu, pour devenir le seul des trois lutteurs de NSSU Kashiwa à remporter une couronne individuelle en finale, l'or des 92kg.

Bukhchuluun a aligné 4 victoires par supériorité technique sans concéder un seul point, avant d'écraser Kyo KITAWAKI, de l'Ecole Technique Nirasaki, préfecture de Yamanashi, par 6-0 en finale.

Pour Bukhchuluun, cette victoire ne marque pas seulement la fin de sa carrière de collégien, mais de sa carrière d'athlète de lutte libre aussi. Il déclare qu'il rejoindra l'équipe sumo de l'Université japonaise des sciences sportives l'année prochaine, son premier pas vers une carrière dans cette discipline, dominé ces dernières années par la Mongolie.

Bukhchuluun, qui parle un japonais de conversation, dit que ce changement est la réalisation d'une promesse faite à son père avant son décès en 2018. "Je voulais lutter à l'université, mais il voulais que je rejoigne les sumos," dit-il.

Bukhchuluun n'a débuté la lutte qu'en 2016, remportant le championnat junior des lycéens de Mongolie l'année suivante. Ceci attira l'attention de l'ancien yokozuna (grand champion) sumo Asashoryu, qui aida le jeune homme à entrer la NSSU Kashiwa comme étudiant étranger.

L'année dernière, Bukhchuluun a remporté le titre des 92kg de l'Intercollège et des Kokutai, vainquant les deux fois Atsushi Miura du Collège Amino, préfecture de Kyoto, en finale. C'était une revanche sur la défaite encaissée face à Miura en finale de la Kazama. Cette année, tous deux ont terminé victorieux, car Miura est passé en 125kg et a obtenu l'or pour son second titre.

Une différence de taille pour Bukhchuluun, qui se prépare à une carrière dans le sumo, est qu'il ne s'agira plus seulement d'atteindre un certain poids (bien qu'avec un poids naturel de 83kg, ce n'était pas vraiment un sujet inquiétude). Il lui faudra maintenant s'épaissir dans un sport où 100kg sont considérés comme un poids léger. "Je dois grossir pour gagner," dit-il.

Kaisei TANABE (NSSU Kashiwa), the son of an Olympic medalist, had to settle for the silver after a loss in the 55kg final to Kento YUMIYA (Inabe Sogo Gakuen).  (Japan Wrestling Federation photo)Kaisei TANABE (NSSU Kashiwa), fils d'un médaillé olympique, a dû se contenter de l'argent, vaincu en finale des 55kg par Kento YUMIYA (Inabe Sogo Gakuen) (Photo : Fédération japonaise de lutte).

Des liens familiaux peu concluants
Les autres finales offraient une poignée de noms que les fans de luttent peuvent reconnaître, même si leurs propriétaires ont finalement obtenu des résultats mitigés.

Kaisei TANABE, de la NSSU Kashiwa, fils du médaillé olympique de bronze des JO d'Athènes de 2004 Chikara TANABE, a dû se contenter d'une médaille d'argent pour la deuxième année d'affilée, vaincu 4-2 en finale des 55kg par Kento YUMIYA du Inabe Sogo Gakuen de la préfecture de Mia.

Yumiya, champion des Kokutai, marche dans les pas de son grand frère Hayato, champion des 55kg en 2019, où il avait obtenu une sortie de tapis à 25 secondes de la fin alors que Tanabe menait 2-2 sur critères.

"La dernière partie de mes combats est mon point le plus faible," dit Tanabe. "Je dois y remédier pour le prochain tournoi."

Pour Tanabe, vaincu en finale des 51kg l'année dernière, ce combat était son onzième en trois jours, rencontres par équipe et combats individuels combinés.

"C'était dur, mais en venant au tournoi je voulais gagner les titres par équipe et le titre individuel aussi. Jusqu'à la demi-finale, j'étais bien," dit-il, ajoutant qu'il se sentait adéquatement préparé.

L'année prochaine, Tanabe rejoindra sa soeur aînée Yumeka TANABE, la championne du monde 2019 des U23 en 59kg, à l'Université japonaise des sciences sportives, où leur père est entraîneur. Son père aurait normalement été à ses côtés à Niigata si les restrictions ne l'en avait pas empêché.

"Il me donnait des conseils par téléphone," dit Kaisei. "C'était suffisant."

En finale des 51kg, Taiga ONISHI, de l'Ecole Technique de la préfecture de Saga, a décroché une victoire par supériorité technique 11-1 sur Akito MUKAIDA du Hanasaki Tokuharu, le plus jeune frère de la double championne du monde de lutte féminine Mayu MUKAIDA.

C'est le second titre majeur d'Onishi, vainqueur l'année passée du titre de lutte gréco-romaine des 55kg aux Kokutai.

The eight gold medalists gather for a group photo.  (Japan Wrestling Federation photo)Les huit médaillés d'or réunis pour une photo de groupe (Photo : Fédération japonaise de lutte)​​​​​​​

Entre-temps, Iori KOSHIBA, de l'Ecole Technique Tosu, fils du médaillé d'argent des Jeux d'Asie de 1998 Kenji KOSHIBA, a décroché son premier titre majeur grâce à une victoire par supériorité technique 10-0 sur Taishin YAMAJI de la Wakayama Kita en finale des 71kg.

Les lutteurs de Saitama Sakae ont ramené à la maison deux des trois autres médailles d'or en jeu, avec Kenji OGINO remportant les 60kg et Fumiya IGARASHI les 80kg. Ryosuke KERA, de la Hanasaki Tokuharu, a triomphé en 65kg.

Pour une photo d'époque, les huit meilleurs lutteurs de chaque catégorie de poids ont reçu leurs prix (médaille pour les quatre meilleurs, certificats pour les cinquièmes places) en portant leurs masques, qu'ils ont conservés pour la photo officielle. Les huit champions les ont ensuite enlevés pour une photo de groupe.

Bien que le tournoi a semblé s'être déroulé sans anicroche majeur, les officiels ont bien conscience qu'ils ne sont pas encore sortis d'affaire étant donné le temps qu'il faut pour que les potentiels symptômes d'infection soient détectés.

"Je ne crois pas que je vais pouvoir dormir les deux semaines suivant la fin du tournoi," a déclaré un officiel sur le site de la fédération avant la compétition. "Je serai inquiet que quelqu'un soit testé positif."