L'Hebdo !

L'Hebdo du 15 octobre !

By Eric Olanowski

En revue : Snyder change de Centre d'entraînement, les champions du monde U23 en titre à Budapest, les lieux des Événements de Série de Classement en 2020, les résultats des World Beach Games de l'ANOC, le Dmitri Korkin et la Coupe Continentale.

1. Champion du monde et champion olympique, Snyder déménage 
En fin de semaine passée, la scène d'entraînement américaine a subi un changement monumental de centre de gravité suite au plus gros transfert de l'histoire récente.

Kyle SNYDER (USA), double champion du monde et champion olympique, a annoncé sur les réseaux sociaux qu'il déménagera vers un autre centre d'entraînement, ajoutant que “la simple vérité est que je dois m'améliorer. Pour remplir mes obligations en tant que membre de Team USA et en tant que champion olympique en titre, je dois m'investir complètement et assumer toute la responsabilité du processus.” 

La décision de Snyder intervient juste un mois après le 'pire' Championnat du Monde de l'histoire de "Captain America" : vaincu par un autre champion olympique - Sharif SHARIFOV (AZE) - par 5-2 en demi-finale, c'est la première fois que Snyder n'atteint pas les finales. Le lot de consolation, la médaille de bronze - une cinquième médaille mondiale ou olympique d'affilée tout de même - n'a pas l'air de l'avoir satisfait. Snyder détient désormais une médaille d'or olympique, deux titres mondiaux, une médaille mondiale d'argent et une de bronze.

Au Centre d'Entraînement de Nittany Lion, Snyder pourra s'entraîner avec le champion du monde 2018 David TAYLOR (USA), entre autres médaillés mondiaux, et sous les instructions des entraîneurs et champions olympiques Cael SANDERSON (USA) et Jake VARNER (USA), titrés en 2004 et, respectivement, 2012. 

 L'Italie avait accueilli le Matteo Pellicone à Sassari en 2019. (Photo : Gabor Martin)

2. Lieux établis pour les ESC 2020
United World Wrestling a annoncé que Rome et Varsovie accueilleront les Événements de Série de Classement (ESC) en 2020. Les deux compétitions comprendront les trois styles de lutte : lutte libre, lutte gréco-romaine et lutte féminine, et leurs résultats seront décisifs pour l'établissement des têtes de série des Jeux Olympiques de Tokyo.

Rome est programmée du 15 au 18 janvier et Varsovie du 4 au 7 juin - un mois avant l'ultime tournoi qualificatif olympique de Sofia.

“Nous avons le plaisir d'annoncer les villes hôtes des Séries de Classement 2020,” a déclaré le Président de l'UWW M. Lalovic. “La participation fut exceptionnelle aux événements 2019, et a aidé à faire monter la tension autour de nos lutteurs et du championnat du monde de Noursoultan. Nous remercions les comités organisateurs de Rome et Varsovie d'accueillir ces événements.”

Cliquez ICI pour l'article complet.

Le tenant du titre mondial senior Nugzari TSURTSUMIA (GEO) mène un groupe de 10 champions du monde qui remettront leur titre U23 sur le tapis de Budapest(Photo : Tony Rotundo) 

3. Dix tenants du titre des U23 sur les tapis de Budapest
Le Championnat du Monde des U23 ouvre dans moins de deux semaines à Budapest ; le champion du monde en titre de la catégorie senior Nugzari TSURTSUMIA (GEO) y mènera un groupe comprenant pas moins du tiers des champions du monde U23 élus l'année dernière.

Selon les dernières inscriptions (encore non officielles), 631 athlètes venus de 64 pays monteront sur les tapis hongrois du 28 octobre au 3 novembre prochain, et 10 d'entre eux défendront leur titre de champions du monde.

Cinq brilleront en lutte gréco-romaine avec à leur tête le champion du monde senior Nugzari Tsurtsumia, récemment élu à Nousoultan dans la catégorie de poids des 55kg et accompagné par son compatriote géorgien Zviadi PATARIDZE (GEO), déjà six fois champion du monde em cadets/juniors. 

Les trois autres tenants du titre des U23 sont Mohamed ELSAYED (EGY), Katsuaki ENDO (JPN) et Semen NOVIKOV (UKR). 

El Sayed, qui a qualifié l'Égypte pour les Jeux Olympiques en 67kg, luttera dans cette catégorie, comme Katsuaki Endo, tandis que Novikov se battra avec 20kg de plus face à lui. 

Trois titres seront remis en jeu en lutte libre, par Taimuraz SALKAZANOV (SVK), Kamran GHASEMPOUR (IRI) et Shamil ZUBAIROV (AZE) en, respectivement, 74, 86 et 92kg. 

En lutte féminine, c'est la Japonaise Saki IGARASHI (55kg) et la Chinoise Paliha PALIHA (76kg) qui tenteront de conserver leur titre. 

Champions du Monde U23 2018 inscrits : 
Lutte libre 
74kg - Taimuraz SALKAZANOV (SVK) 
86kg - Kamran Ghorban GHASEMPOUR (IRI) 
92kg - Shamil ZUBAIROV (AZE) 

Lutte gréco-romaine 
55kg - Nugzari TSURTSUMIA (GEO) 
67kg - Mohamed ELSAYED (EGY) 
67kg - Katsuaki ENDO (JPN) 
87kg - Semen NOVIKOV (UKR) 
130kg - Zviadi PATARIDZE (GEO) 

Lutte féminine 
55kg - Saki IGARASHI (JPN)
76kg - Paliha PALIHA (CHN) 

4. Inam sort le médaillé de bronze olympique Marsagishvili des finales des World Beach Games de l'ANOC
Muhammad INAM (PAK) a pris la revanche de sa défaite aux World Series de Rio de Janeiro en inscrivant un formidable 5-2 sur le médaillé olympique de bronze (Londres 2012) Dato MARSAGISHVILI (GEO) en finale des 90kg à Doha. 

Favori des World Beach Games de l'ANOC (Association des Comités Olympiques Nationaux), le Géorgien restait invaincu en World Series après s'être emparé de l'or à Chaves, Rio de Janeiro et au championnat du monde de Beach wrestling de Zagreb en septembre dernier.

Inam, dauphin des World Series à Rio de Janeiro, récolte la première médaille d'or de Beach wrestling de sa carrière.

Cliquez ICI pour les résultats du premier jour des World Beach Games de Doha. 

Alexander BOGOMOEV (RUS) remporte le titre des 61kg au Dmitri Korkin (Photo : Sachiko Hotaka)

5. Le Dmitri Korkin et la Coupe Continentale s'achèvent en Russie
La 12me édition annuelle du Dmitri Korkin et la Coupe Continentale se sont achevés en Russie le weekend dernier ; la Russie raffle huit des 10 titres disponibles à chacune des compétitions.

Le Dmitri Korkin, organisé par la République de Sakha en Yakoutie, dans l'est de la Sibérie, a couronné huit athlètes russes.

Les deux seuls champions non russes sont Peter IANULOV (MDA) et Daniel LIGETI (HUN). Ianulov, 15me des mondiaux de Noursoultan, vainc le trois fois dauphin européen Alexander GOSTIEV (AZE) en finale des 86kg. Ligeti, également 15me à Noursoultan, se défait de Pavel KRIVTSOV (RUS), qui repart avec la médaille de bronze de leur catégorie poids lourd de 125kg. 

Second tournoi d'où la Russie repart également huit fois titrée, la Coupe Continentale de  Khasavyurt dans le Nord-Caucase, à l'ouest de la capitale du Daghestan. 

Deux lutteurs non russes se parent du titre : Azamat DAULETBEKOV (KAZ) et Georgy RUBAEV (MDA). Dauletbekov, dauphin des mondiaux U23 en 2017, décroche celui des 86kg face à Arsenali MUSALALIEV (RUS), tandis que Rubaev, cinquième des mondiaux de Noursoultan cette année en 92kg, a arrêté Gadzhimagomed NAZMUDINOV (RUS) en finale de cette même catégorie. 

RÉSULTATS du Dmitri Korkin
57kg 
OR - Zhargal DAMDINOV (RUS)
ARGENT - Arıyan TYUTRIN (RUS)
BRONZE - Aldar BALZINIMAEV (RUS)
BRONZE - Parviz IBRAGIMOV (AZE) 

61kg
OR - Alexander BOGOMOEV (RUS)
ARGENT - Kazuya KOYANAGI (JPN)
BRONZE – Eduard GRIGORIEV (RUS)
BRONZE – Peter PAVLOV (RUS)

65kg 
OR - Victor RASSADIN (RUS) 
ARGENT - Nʹurgun SCRAIABIN (BLR) 
BRONZE - Genghis ERDOGAN (TUR) 
BRONZE - Bulat BATOEV (RUS)

70kg
OR - Evgeny ZHERBAEV (RUS)
ARGENT - Arbak SAT (RUS)
BRONZE - Revolii SAMSONOV (RUS)
BRONZE - Timur NINKOLAEV (RUS)

74kg
OR - Nadirbeg HIZRIEV (RUS)
ARGENT - Nikita KNOTS (RUS)
BRONZE - Caballero GARZON (CUB) 
BRONZE - Hadzhimurad HAJIYEV (AZE)

79kg
OR - Tazhidin AKAYEV (RUS)
ARGENT - Abubakr ABAKAROV (AZE)
BRONZE - Akhmad TASHUKHADZHIEV (RUS) 
BRONZE - Logan MASSA (USA)

86kg
OR - Peter IANULOV (MDA)
ARGENT - Alexander GOSTIEV (AZE)
BRONZE - Krzysztof SADOVIK (POL)

92kg
OR - Guram CHERTKOEV (RUS) 
ARGENT - Anzor URISHEV (RUS)
BRONZE - Marzapet GALSTYAN (ARM) 
BRONZE - Ivan YANKOSKY (BRL)

97kg
OR - Igor OVSANNIKOV (RUS)
ARGENT - Maksoud VEJSALOV (UZB) 
BRONZE - George DIMITROV (BUL)

125kg
OR - Daniel LIGETI (HUN) 
ARGENT - Pavel KRIVTSOV (RUS) 
BRONZE - Baldan TSYZHIPOV (RUS)
BRONZE - Zelimkhan KHIZRIEV (RUS)

Azamat DAULETBEKOV (KAZ), l'un des deux seuls lutteurs non russes médaillés d'or de la Coupe Continentale. (Photo : Gabor Martin)

Coupe Continentale RÉSULTATS
57kg
OR - Abubakar MUTALIEV (RUS)
ARGENT - Hasanhuseyn BADRUDINOV (RUS)
BRONZE - Thomas GILMAN (USA) 
BRONZE - Azamat TUSHKAEV (RUS) 

61kg 
OR - Ibrahim ABDURAKHMANOV (RUS)
ARGENT - Rustam KARAKHANOV (RUS)
BRONZE - Artem GEBEKOV (RUS)
BRONZE - Kilyab HANIPAEV (RUS)

65kg
OR  - Ramadan FERZALIEV (RUS)
ARGENT - Evan HENDERSON (USA) 
BRONZE - Alibek OSMONOV (KGZ) 
BRONZE - Vazgen TEYANYAN (ARM)

70kg
OR - Aznaur TAVAEV (RUS)
ARGENT - Frank MOLINARO (USA) 
BRONZE - Gitinomagomed HAJIYEV (AZE) 
BRONZE - Umar MUTALIEV (RUS)

74kg
OR - Magomed KHIZRIEV (RUS)
ARGENT - Magoma DIBIRGADZHIEV (RUS)
BRONZE - Gadzhimurad ALIKHMAEV (RUS)
BRONZE - Amanula RASULOV (RUS)

79kg 
OR - Atsamaz SANAKOEV (RUS)
ARGENT - Isaiah MARTINEZ (USA)
BRONZE - Adam KHASIEV (RUS)
BRONZE - Magomed MUTALIBOV (RUS)

86kg
OR - Azamat DAULETBEKOV (KAZ) 
ARGENT - Arsenali MUSALALIEV (RUS)
BRONZE - Zhavrail SHAPIEV (UZB) 
BRONZE - Khabib HAJIYEV (RUS)

92kg
OR - Georgy RUBAEV (MDA) 
ARGENT - Gadzhimagomed NAZMUDINOV (RUS)
BRONZE - Muslim MAGOMEDOV (RUS)
BRONZE - Ramadan SHABANOV (RUS)

97kg
OR - Rasul MAGOMEDOV (RUS)
ARGENT - Hayden ZILMER (USA) 
BRONZE - Magomed TAGIROV (RUS)
BRONZE - Tai WALTZ (USA)

125kg
OR - Batraz GAZZAYEV (RUS)
ARGENT - Magomedgadzhi NURASULOV (RUS)
BRONZE - Alan KHUGAEV (RUS)
BRONZE - Shamil SHARIPOV (RUS)

L'Hebdo dans les réseaux ! 

1. Big Move Monday -- Sharshenbekov T. (KGZ) -- Mondiaux Seniors 2019
2. C'est dimanche ! ?
3. Quelques moments exceptionnels, d'après nous, des Championnats du Monde. 
4. Les meilleurs actions des combats de médailles du sixième jour des Championnats du Monde des Vétérans 2019.
5. Magnifique enchaînement de Murat Ozkan (TUR). | #beachwrestling #wrestling

#JapanWrestling

L'ex médaillé olympique Ota continue sa mission d'ouvrir le tapis de lutte aux personnes atteintes du syndrome de Down (trisomie 21)

By Ikuo Higuchi

(Note de l'éditeur : Ce qui suit est une version éditée d'une série en 2 parties qui est apparue sur le site internet de la fédération japonaise de lutte le 18 janvier avec des extraits des histoires précédentes. Elle a été traduite et publiée avec la permission de l'auteur.)

"A travers la lutte, la société peut être changée. La lutte peut donner du courage aux personnes atteintes du syndrome de Down."

Au deuxième étage d'un immeuble quelconque à proximité du Tokyo Dome, au coeur de la ville, les membres du club se sont rassemblés dans une petite salle d'arts martiaux équipée d'un tapis de sol pour reprendre les activités qui, pour certains, remonte à la création du club en 2005.

Inévitablement suspendu durant la pandémie, le club de lutte Waku-waku -- spécifiquement destiné à ceux ayant le syndrome de Down -- a a repris mi-janvier au centre de Tokyo, poursuivant la mission de son fondateur de permettre aux personnes atteintes du syndrome de Down de devenir plus affûtées physiquement et émotionnellement, et de leur donner espoir en la vie.

Le club ("waku-waku" est une expression onomatopéique du sentiment d'excitation) est l'oeuvre de la vie de Takuya OTA, médaillé de bronze des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 en lutte libre 74kg.  "C'est devenu une partie de ma vie," a déclaré Ota âgé de 53 ans, qui, après avoir été longtemps entraîneur à l'université de Waseda, est actuellement entraîneur en chef à l'université Chuo. "Je puise mon énergie pour continuer auprès de ces enfants."

La flamme de l'intérêt d'Ota à aider les personnes atteintes du syndrome de Down s'est allumée après avoir été profondément ému par le livre "Tatta Hitotsu no Takaramono (Le seul et unique trésor)," le récit d'une mère qui a élevé un fils atteint de cette maladie publié en 2004. Le livre de Hiromi Kato a fait l'objet d'une fiction télévisée intitulée "The One and Only (le seul et unique)," qui a remporté le prix de la Télévision Asiatique pour une fiction en 2005.

Quand Ota a débuté le projet, il travaillait déjà à temps plein comme entraîneur des compétiteurs de classe mondiale à Waseda, l'équipe la plus ancienne du Japon. Il avait également lancé le club Waseda Club pour les enfants, animé par sa volonté de faire connaître les merveilles de la lutte au plus grand nombre.

Selon le site internet de la clinique Mayo, le syndrome de Down est une "maladie génétique" due à la division anormale de cellules durant la grossesse. Le matériel génétique supplémentaire qui en résulte engendre " les changements de développement et les caractéristiques physiques du syndrome de Down."

Elle touche 1 nouveau-né sur mille et sa gravité est variable. Le site internet stipule : "Une meilleure compréhension du syndrome de Down et des interventions précoces peuvent grandement accroître la qualité de vie des enfants et des adultes atteints de cette maladie et les aider à mener une vie épanouie."

Après avoir lu le livre de Kato, Ota a commencé à se dire, "Que se passerait-il si je leur faisais essayer la lutte ?" Pour ceux qui sont souvent négligés ou ignorés par la société et souffrent de préjugés non informés, la lutte ne pourrait-elle pas être un moyen de les aider à leur donner plus de valeur à leur vie ?

En juillet 2005, il a créé son premier club de lutte spécifiquement à cet effet, prenant sous son aile un groupe inaugural de six enfants.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de préoccupations initiales. les enfants atteints du syndrome de Down ne sont pas du même niveau physique que leurs camarades en bonne santé, et certains avaient une colonne vertébrale qui ne pouvaient supporter les rigueur de la lutte. Pouvaient-ils faire de la lutte ? Mais il n'y avait pas moyen de savoir avant qu'ils n'essaient et Ota voulait leur donner leur chance.

Et quand ils en ont eu l'occasion, ils ont montré qu'ils pouvaient se déplacer comme les autres. Pas vraiment au début mais à mesure qu'ils se sont habitués, ils ont gagné en force et confiance. Ils ont commencé à comprendre les règles et ont appris les techniques tandis qu'Ota mettait la priorité sur la sécurité et arrêtait toute action potentiellement dangereuse.

Ota
Comme pour n'importe quel entraînement de lutte au Japon, l'entraîneur Takuya Ota s'adresse aux lutteurs avant le début du combat. Le club de lutte Waku-Waku a repris en janvier pour la première fois depuis le début de la pandémie. (Photo: Japanese Wrestling Federation)

Faire participer de grands noms

Aucun observateur n'a peut-être été plus surpris et heureux par la réussite de ce projet que les parents. Ils pouvaient voir leurs enfants qui avaient été pour la plupart écartés des sports, faire de l'exercice, prendre du plaisir et, le plus important, renforcer leur estime de soi.

En 2017, la championne du monde en titre et future médaillée d'or olympique Yui SUSAKI était en première année à Waseda quand elle a offert de son temps au club de lutte Waku-waku.

"J'ai pris connaissance de la lutte Waku-waku par le site internet de la fédération et d'autres sources," a déclaré Susaki. "Je me suis dit qu'après être entrée à l'université, je voulais m'impliquer, alors j'ai participé aux entraînements une fois par mois en tant qu'entraîneur. Tout le monde à Waku-waku a un amour pur pour la lutte et chaque fois cela m'a stimulé aussi," a-t-elle ajouté, une lueur dans les yeux.

Yui SUSAKI (JPN)La future championne olympique Yui SUSAKI et le médaillé d'argent des JO de Pékin Kenichi YUMOTO posent avec deux fiers participants à la Waku-waku Waseda Cup 2017. (Photo: Japan Wrestling Federation)

Kenichi YUMOTO, médaillé d'argent en lutte libre 60kg aux Jeux Olympiques de Beijing 2008 est également monté à bord prêter main forte à Ota -- Ils sont tous les deux natifs de la Préfecture de Wakayama et anciens étudiants de l'université nippone des sciences du sport. Yumoto a fait sentir sa présence lors des entraînements, enseignant patiemment les techniques.

Le club a continué sans relâche jusqu'à ce que la pandémie de coronavirus frappe le monde en 2020, n'épargnant aucun sport. Le contrat d'Ota venait juste de se terminer à Waseda et il partait pour l'université de Chuo aui est située à la banlieu de Hachioji à l'ouest de Tokyo. Le club s'est donc retrouvé sans la salle de lutte de Waseda et, combiné à la pandémie a engendré un arrêt des opérations.

L'assouplissement récent des restrictions liées à la pandémie au Japon a permis au club de redémarré et Ota a eu de la chance de pouvoir utiliser la salle des arts martiaux à proximité du Tokyo Dome dans le quartier de Bunkyo.  Ce fût un moment spécial pour toutes les personnes concernées.

"Les personnes atteintes du syndrome de Down sont fondamentalement opposées aux sports de combat," a-t-il déclaré. "Mais lorsqu'ils continuent à en faire, je constate que leur esprit combatif ressort. j'entends des parents dire 'Il n'est plus timide' ou 'Il est devenu capable de faire des choses tout seul.' J'ai l'impression que les parents sentent aussi qu'en luttant, ils ont un potentiel illimité de développement personnel."

Bien qu'il n'y ait eu que cinq participants le premier jour du redémarrage du club, la salle était remplie d'une énergie positive, depuis les sourires sur leur visage lorsqu'ils pratiquaient des mouvements jusqu'à la façon dont ils levaient fièrement leur main lorsqu'on leur demandait d'être partenaire de jeu.

Parmi ceux qui sont montés sur le tapis se trouvait Aruban Kubota âgé de 24 ans, qui a été des premiers membres du club en 2005 alors qu'il était en première année d'école primaire. Kubota, dont le prénom provient du pays natal de son père, l'Albanie, est actuellement employé dans un centre d'aide sociale.

"Au début, il s'asseyait toujours sur le côté à l'entraînement", se souvient sa mère, Rimiko. "Mais avant que nous le sachions, il a commencé à se joindre au groupe et à décider des choses par lui-même. Il a commencé à agir de son propre chef."

Rimiko dit que l'attente pour que le club redémarre semblait interminable. "Je suis tellement reconnaissante envers le coach Ota", déclare-t-elle.

En juillet 2009 , Ota, désireux de donner aux membres une chance de mettre leurs nouvelles compétences à l'épreuve comme tous les lutteurs, a organisé la "1ère Coupe Waseda". D'autres clubs pour enfants trisomiques avaient vu le jour, principalement sous l'impulsion d'Ota et de ses relations de lutte, et le tournoi a attiré 29 participants de trois clubs..

Le tournoi, qui sera plus tard rebaptisé "Waku-waku Waseda Cup" et sera parrainé par une entreprise employant d'anciens lutteurs de Waseda, attire des participants allant des enfants aux adultes d'une vingtaine d'années. Le niveau continue de s'améliorer et, contrairement aux premières années où il était difficile pour les participants de contrôler leurs émotions, les matchs ne sont plus interrompus et peuvent se dérouler sans heurts.

"Au début, notre objectif principal était simplement de les amener à pouvoir aller sur le tapis par eux-mêmes", a déclaré Ota dans une interview après le tournoi 2016. "Maintenant, ils comprennent les règles et peuvent avoir ce que nous considérons comme un match régulier."

Tous les participants reçoivent une médaille, mais le point culminant de la cérémonie de remise des prix est la sélection du MVP et du Fighting Spirit Award qui sont accompagnés d'un trophée. Alors qu'Ota tient le micro avant de faire l'annonce, les gagnants (qui sont éligibles pour le MVP) le regardent comme s'ils étaient en prière tandis que toute la salle prend une atmosphère de sourires

Ota2Un membre du club fait un exercice de double-leg takedown sous le regard des autres. (Photo: Japanese Wrestling Federation)


Viser les Jeux olympiques spéciaux

Comme en témoigne l'enthousiasme suscité par les Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, le sport n'est pas l'apanage des personnes valides. Les personnes atteintes du syndrome de Down ou d'autres déficiences intellectuelles font également des progrès dans la pratique du sport.

En octobre 2020, une compétition d'athlétisme réservée aux personnes atteintes du syndrome de Down s'est tenue à Miyazaki, dans le sud du Japon, et plus tôt cette année, une division pour les participants atteints du syndrome de Down a été mise en place pour la première fois lors d'une rencontre de natation à Chiba, à l'est de Tokyo.

À l'échelle internationale, Virtus, une organisation créée pour le développement du sport d'élite dans le monde entier pour les athlètes souffrant de déficiences intellectuelles, avait inscrit le judo au programme des 1ers Jeux Océanie/Asie qui se sont tenus en novembre de l'année dernière en Australie. Des athlètes japonais y ont participé, élargissant ainsi le champ des possibilités pour les personnes atteintes du syndrome de Down.

Ota regarde également au-delà des côtes japonaises. Le prochain objectif d'Ota est de faire entrer la lutte dans les Jeux olympiques spéciaux, qui ont une histoire de plus de 50 ans et diffèrent des Jeux paralympiques en ce qu'ils s'adressent spécifiquement aux personnes souffrant de déficiences intellectuelles. Actuellement, il y a plus de 20 sports dans les Jeux olympiques spéciaux, dont le judo.

Ota s'est rendu au siège de Washington, D.C., où on lui a dit que pour que la lutte soit incluse, il était nécessaire que le sport se développe au Japon et que davantage de pays dans le monde lancent des programmes. La lutte étant encore en pleine évolution et peu connue au Japon, il s'agit d'un obstacle de taille à franchir.

Mais il ne se laisse pas décourager. "Même si vous avez un handicap, tant qu'il existe un sport offrant une scène pour briller, on peut avoir une grande présence dans la société", a déclaré Ota.