L'Hebdo !

L'Hebdo du 19 novembre !

By Eric Olanowski

En revue, les résultats de la Coupe du Monde de lutte féminine, quatre combats que vous avez peut-être manqués et les trois plus grandes surprises, la course au titre de Snyder au Bill Farell et la prochaine Coupe du Monde de lutte gréco-romaine, en Iran.

1. Le Japon remporte sa cinquième coupe du monde consécutive 
Le Japon remporte sa cinquième Coupe du Monde de lutte féminine d'affilée et se trouve désormais à égalité avec la Chine, championne de 2007 à 2011, pour la plus grande série gagnante de cette compétition annuelle. L'équipe du pays hôte a vaincu en finale celle des États-Unis, après s'être débarassée de la Chine et de la jeune équipe ukrainienne en matchs de poule. 

Les tenantes du titre avaient débuté leur journée par une impressionnante mise en déroute de l'Ukraine par 9-1, alignant sept victoires avant qu'Alla BELINSKA, médaillée de bronze aux Jeux du CISM en 2019, ne parvienne à inscrire un tombé sur Mei SHINDO (JPN) en 72kg. La domination japonaise fut parfaitement illustrée par la victoire sans appel par 10-0 de Sae NANJO sur Olena KREMZER, médaillée mondiale de bronze des U23 l'année dernière. 

La défaite de l'Ukraine a ouvert la porte à un casting de stars pour le duel de la Chine et du Japon, deux équipes qui combinent 17 des 18 titres de la Coupe du Monde de lutte féminine. 

Yui SUSAKI (JPN), double championne du monde, est revenue en sélection japonaise en frappant un grand coup : elle soumet la championne du monde et médaillée olympique de bronze à Rio Yanan SUN (CHN) par 3-2. Le Japon a ensuite aligné cinq victoires, suivies de quatre défaites, pour un total de 6-4. L'entrée fracassante du Japon lui a permis de rejoindre les finales, où l'attendaient les USA. 

Sept victoires pour le Japon cette fois, et trois défaites. Les trois victoires des USA sont à mettre au crédit des trois championnes du monde de l'équipe américaine Jacarra WINCHESTER, Tamyra MENSAH et Adeline GRAY. Le Japon s'empare de la médaille d'or de la Coupe du Monde de lutte féminine pour la cinquième fois consécutive.

La Chine clôt la compétition par une victoire 7-3 sur la Mongolie pour le bronze et l'Ukraine se défait de justesse de la Russie par 5-5 sur critères pour la 5me place.

Japon - États-Unis : 7-3 
50kg: Yui SUSAKI (JPN) df. Whitney CONDER (USA) ST, 10-0, 3:17
53kg: Haruna OKUNO (JPN) df. Sarah HILDEBRANDT (USA) ST, 10-0, 5:32
55kg: Jacarra WINCHESTER (USA) df. Akie HANAI (JPN), 5-1
57kg: Risako KAWAI (JPN) df. Kelsey CAMPBELL (USA) ST, 11-0, 4:10
59kg: Yuzuka INAGAKI (JPN) df. Desiree ZAVALA (USA) ST, 10-0, 4:12
62kg: Yukako KAWAI (JPN) df. Macey KILTY (USA), 7-0
65kg: Naomi RUIKE (JPN) df. Forrest MOLINARI (USA), 5-1
68kg: Tamyra MENSAH-STOCK (USA) df. Naruha MATSUYUKI (JPN), 8-1
72kg: Yuka KAGAMI (JPN) df. Victoria FRANCIS (USA), 3-1
76kg: Adeline GRAY (USA) df. Hiroe MINAGAWA (JPN) par tombé, 5:04 (3-1) 

Yui SUSAKI (JPN) et Yanan SUN (CHN) échangent des cadeaux avant de s'affronter. (Photo : Sachiko Hotaka)

2. Quatre combats que vous avez peut-être manqués 
Avec 17 médaillées mondiales inscrites pour la Coupe du Monde de lutte féminine ce weekend, la question n'était pas de savoir s'il y aurait de beaux combats, mais quand.

Yui SUSAKI (JPN) vainc Yanan SUN (CHN) 3-2 
Yui SUSAKI (JPN) a pris le dessus sur Yanan SUN (CHN) pour la deuxième fois en trois ans et tient un ferme 3-0 sur la championne du monde chinoise. Leur troisième rencontre avait eu lieu lors du championnat d'Asie 2017 en quart de finale, remporté 9-4 par Susaki, avant que celle-ci ne s'empare du titre continental. 

Sarah HILDEBRANDT (USA) vainc Milana DADASHEVA (RUS) 10-7
Il s'agit probablement de la fin de combat la plus confuse dont j'ai été le témoin, mais après un challenge de près de cinq minutes, Sarah HILDEBRANDT (USA) a vaincu Milana DADASHEVA (RUS) 10-7. 

La dauphine du championnat du monde 2018 a détourné un déluge d'attaques en fin de rencontre et défait la médaillée mondiale d'argent des U23 2018 Milana Dadasheva avec un avantage de trois points. 

Adeline Maria GRAY (USA) vainc Hiroe MINAGAWA SUZUKI (JPN) par tombé
L'un des combats les plus attendus de la compétition aura laissé les fans insatisfaits : le remake potentiel de la finale des mondiaux, catégorie 76kg, entre Adeline Maria GRAY (USA) et Hiroe MINAGAWA SUZUKI (JPN), n'a en effet pas été à la hauteur des attentes. 

Le Japon et les USA sont restés invaincus en matchs de poule, ouvrant la porte à ce duel Gray-Minagawa tant attendu et pourtant si différent du combat de la finale des mondiaux. Gray a joué gros dès le début et inscrit un tombé sur Minagawa pour la troisième et dernière victoire américaine de ces finales. 

Adeline GRAY (USA) vainc Ekaterina BUKINA (RUS) 11-6 
Adeline Gray détient peut-être plus de médailles mondiales qu'Ekaterina BUKINA (RUS), mais la Russe, elle, affiche une médaille olympique à son tableau. Ce n'était apparemment pas le souci de Gray ce weekend, où les deux lutteuses poids lourd ont conclu la rencontre USA-Russie par un impressionnant combat affichant 17 points au total.

3. Les grandes surprises de la Coupe du Monde de lutte féminine
1. Bolortuya BAT OCHIR (MGL) vainc Jacarra WINCHESTER (USA) par tombé
Les quatre championnes du monde en titre alignées à Narita ce weekend ont inscrit un 10-1. La seule autre lutteuse à avoir vaincu une médaillée d'or de Noursoultan est la Mongole BAT OCHIR Bolortuya (MGL). Bat Ochir, médaillée de bronze de ces mêmes mondiaux, a soumis la détentrice de la couronne des 55kg Jacarra WINCHESTER (USA). 

Bat Ochir a concédé un amené au sol mais a enchaîné sur deux sorties de tapis ; à la moitié de la première période, elle était menée 2-2 sur critères. Un autre amené au sol de l'Américaine a suivi, mais Bat Ochir a su garder son calme pour lancer une projection en prise de bras hanchée -- clouant son adversaire au tapis et obtenant la victoire par tombé.

2. Yuzuka INAGAKI (JPN) vainc Ningning RONG (CHN) 2-0 
En 59kg, sans feu d'artifice ni score impressionnant, la collégienne Yuzuka INAGAKI (JPN) a pourtant vaincu la double finaliste mondiale RONG Ningning (CHN) par 2-0. 

Inagaki, championne du monde junior et championne du monde des U23 cette année, a inscrit ses deux points alors que la lutteuse chinoise était en période d'activité.

À noter que pour éviter un remake de la dernière finale 57kg des mondiaux avec sa rivale Risako KAWAI (JPN), triple championne du monde et championne olympique, Rong est montée en 59kg depuis sa médaille d'argent de Noursoultan. 

3. ZHOU Qian (CHN) vainc Hiroe MINAGAWA SUZUKI (JPN) 7-0 
ZHOU Qian (CHN) et Hiroe MINAGAWA SUZUKI (JPN) croisent le fer depuis des années ; après l'éclatante victoire de la Chinoise le weekend dernier, leur rivalité n'est pas près de s'éteindre.

Zhou avait concédé la défaite 3-1 face à Minagawa en quart de finale des mondiaux à Noursoultan ; elle a su prendre sa revanche au deuxième tour à Narita. 

4. Snyder illumine le Bill Farrell
Le premier tournoi de qualification olympique de l'équipe américaine, le Bill Farell Memorial, a tiré ses rideaux au Club d'athlétisme de New York ; le double champion du monde et champion olympique Kyle SNYDER (USA) est sorti du lot des six champions américains. 

Kyle SNYDER (USA) a illuminé le Bill Farell. (Photo : Tony Rotundo)

Il n'aura fallu à Snyder que 2 minutes 30 pour démolir Michael MACCHIAVELLO (USA) 10-0 en finale des 97kg.

Snyder a ouvert le feu par une impressionnante projection en décalage arrière pour un premier amené au sol et a enchaîné immédiatement sur une double ceinture en pont côté droit. Le champion olympique (Rio 2016) a, ensuite, usé d'une rotation en contre-offensive pour atteindre les 8-0 et conclure son combat par un rare décalage arrière en position ouverte. 

Autres champions notables du Bill Farell, Alex DIERINGER (USA) et Gable STEVESON (USA). 

Dieringer, le champion du Alexander Medved, du Dan Kolov et du Yasar Dogu, a pu ajouter à son tableau une seconde médaille d'or du Bill Farell après avoir vaincu Myles MARTIN (USA) 7-2 en finale des 86kg, une catégorie de poids au-dessus de sa classe habituelle - celle des 79kg. 

En 125kg, Gable STEVESON (USA), trois fois champion du monde des cadets/juniors, décroche son premier titre senior dans une victoire de trois points sur Dominique BRADLEY (USA). 

Les meilleurs lutteurs de chaque catégorie de poids ont chacun qualifié leur place pour les prochaines sélections olympiques d'avril 2020. Dans le cas où l'un d'entre eux était déjà qualifié (97kg), le suivant a décroché sa place de qualification.

RÉSULTATS
57kg - Seth GROSS (USA) df. Nathan TOMASELLO (USA), 11-1 
65kg - Jordan OLIVER (USA) df. Frank MOLINARO (USA), 8-6 
74kg - Isaiah MARTINEZ (USA) df. Jason NOLF (USA), 12-0 

86kg - Alex DIERINGER (USA) df. Myles MARTIN (USA), 7-2 
97kg - Kyle SNYDER df. Michael MACCHIAVELLO (USA), 10-0 
125kg - Gable STEVESON (USA) df. Dominique BRADLEY (USA), 4-1 

Le double champion du monde et champion olympique BORRERO MOLINA (CUB) tient le haut de l'affiche des inscriptions de la prochaine Coupe du Monde de lutte gréco-romaine. (Photo : Tony Rotundo)

5. La Coupe du Monde de lutte gréco-romaine débute vendredi prochain
La troisième et dernière Coupe du Monde ouvre ses rideaux vendredi 28 novembre au stade Azadi de Téhéran. Les inscriptions sont presque complétées ; six tenants du titre de champion du monde se retrouveront sur les tapis de la capitale de l'Iran pour se disputer la Coupe du Monde de lutte gréco-romaine.

Le programme et les inscriptions complètes seront publiés cette semaine. 

Les champions du monde en titre inscrits
55kg - Nugzari TSURTSUMIA (GEO)
60kg - Kenichiro FUMITA (JPN) 
67kg - Ismael BORRERO MOLINA (CUB)
67kg - Shinobu OTA (JPN)
72kg - Abuiazid MANTSIGOV (RUS)
82kg - Lasha GOBADZE (GEO)

L'Hebdo dans les réseaux

1. Big Move Monday -- Wang J. (CHN) -- Coupe du Monde LF 2019 #wrestlenarita
2. Championnat du Monde - extraits : Mariya STADNIK (AZE)
3. Deux déplacements aux mondiaux ; deux médailles d'or pour @kyledake444.
4. Demi-finales Coupe du Monde LF 2019
5. ‪C'est vendredi, les fans !

#JapanWrestling

L'ex médaillé olympique Ota continue sa mission d'ouvrir le tapis de lutte aux personnes atteintes du syndrome de Down (trisomie 21)

By Ikuo Higuchi

(Note de l'éditeur : Ce qui suit est une version éditée d'une série en 2 parties qui est apparue sur le site internet de la fédération japonaise de lutte le 18 janvier avec des extraits des histoires précédentes. Elle a été traduite et publiée avec la permission de l'auteur.)

"A travers la lutte, la société peut être changée. La lutte peut donner du courage aux personnes atteintes du syndrome de Down."

Au deuxième étage d'un immeuble quelconque à proximité du Tokyo Dome, au coeur de la ville, les membres du club se sont rassemblés dans une petite salle d'arts martiaux équipée d'un tapis de sol pour reprendre les activités qui, pour certains, remonte à la création du club en 2005.

Inévitablement suspendu durant la pandémie, le club de lutte Waku-waku -- spécifiquement destiné à ceux ayant le syndrome de Down -- a a repris mi-janvier au centre de Tokyo, poursuivant la mission de son fondateur de permettre aux personnes atteintes du syndrome de Down de devenir plus affûtées physiquement et émotionnellement, et de leur donner espoir en la vie.

Le club ("waku-waku" est une expression onomatopéique du sentiment d'excitation) est l'oeuvre de la vie de Takuya OTA, médaillé de bronze des Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 en lutte libre 74kg.  "C'est devenu une partie de ma vie," a déclaré Ota âgé de 53 ans, qui, après avoir été longtemps entraîneur à l'université de Waseda, est actuellement entraîneur en chef à l'université Chuo. "Je puise mon énergie pour continuer auprès de ces enfants."

La flamme de l'intérêt d'Ota à aider les personnes atteintes du syndrome de Down s'est allumée après avoir été profondément ému par le livre "Tatta Hitotsu no Takaramono (Le seul et unique trésor)," le récit d'une mère qui a élevé un fils atteint de cette maladie publié en 2004. Le livre de Hiromi Kato a fait l'objet d'une fiction télévisée intitulée "The One and Only (le seul et unique)," qui a remporté le prix de la Télévision Asiatique pour une fiction en 2005.

Quand Ota a débuté le projet, il travaillait déjà à temps plein comme entraîneur des compétiteurs de classe mondiale à Waseda, l'équipe la plus ancienne du Japon. Il avait également lancé le club Waseda Club pour les enfants, animé par sa volonté de faire connaître les merveilles de la lutte au plus grand nombre.

Selon le site internet de la clinique Mayo, le syndrome de Down est une "maladie génétique" due à la division anormale de cellules durant la grossesse. Le matériel génétique supplémentaire qui en résulte engendre " les changements de développement et les caractéristiques physiques du syndrome de Down."

Elle touche 1 nouveau-né sur mille et sa gravité est variable. Le site internet stipule : "Une meilleure compréhension du syndrome de Down et des interventions précoces peuvent grandement accroître la qualité de vie des enfants et des adultes atteints de cette maladie et les aider à mener une vie épanouie."

Après avoir lu le livre de Kato, Ota a commencé à se dire, "Que se passerait-il si je leur faisais essayer la lutte ?" Pour ceux qui sont souvent négligés ou ignorés par la société et souffrent de préjugés non informés, la lutte ne pourrait-elle pas être un moyen de les aider à leur donner plus de valeur à leur vie ?

En juillet 2005, il a créé son premier club de lutte spécifiquement à cet effet, prenant sous son aile un groupe inaugural de six enfants.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de préoccupations initiales. les enfants atteints du syndrome de Down ne sont pas du même niveau physique que leurs camarades en bonne santé, et certains avaient une colonne vertébrale qui ne pouvaient supporter les rigueur de la lutte. Pouvaient-ils faire de la lutte ? Mais il n'y avait pas moyen de savoir avant qu'ils n'essaient et Ota voulait leur donner leur chance.

Et quand ils en ont eu l'occasion, ils ont montré qu'ils pouvaient se déplacer comme les autres. Pas vraiment au début mais à mesure qu'ils se sont habitués, ils ont gagné en force et confiance. Ils ont commencé à comprendre les règles et ont appris les techniques tandis qu'Ota mettait la priorité sur la sécurité et arrêtait toute action potentiellement dangereuse.

Ota
Comme pour n'importe quel entraînement de lutte au Japon, l'entraîneur Takuya Ota s'adresse aux lutteurs avant le début du combat. Le club de lutte Waku-Waku a repris en janvier pour la première fois depuis le début de la pandémie. (Photo: Japanese Wrestling Federation)

Faire participer de grands noms

Aucun observateur n'a peut-être été plus surpris et heureux par la réussite de ce projet que les parents. Ils pouvaient voir leurs enfants qui avaient été pour la plupart écartés des sports, faire de l'exercice, prendre du plaisir et, le plus important, renforcer leur estime de soi.

En 2017, la championne du monde en titre et future médaillée d'or olympique Yui SUSAKI était en première année à Waseda quand elle a offert de son temps au club de lutte Waku-waku.

"J'ai pris connaissance de la lutte Waku-waku par le site internet de la fédération et d'autres sources," a déclaré Susaki. "Je me suis dit qu'après être entrée à l'université, je voulais m'impliquer, alors j'ai participé aux entraînements une fois par mois en tant qu'entraîneur. Tout le monde à Waku-waku a un amour pur pour la lutte et chaque fois cela m'a stimulé aussi," a-t-elle ajouté, une lueur dans les yeux.

Yui SUSAKI (JPN)La future championne olympique Yui SUSAKI et le médaillé d'argent des JO de Pékin Kenichi YUMOTO posent avec deux fiers participants à la Waku-waku Waseda Cup 2017. (Photo: Japan Wrestling Federation)

Kenichi YUMOTO, médaillé d'argent en lutte libre 60kg aux Jeux Olympiques de Beijing 2008 est également monté à bord prêter main forte à Ota -- Ils sont tous les deux natifs de la Préfecture de Wakayama et anciens étudiants de l'université nippone des sciences du sport. Yumoto a fait sentir sa présence lors des entraînements, enseignant patiemment les techniques.

Le club a continué sans relâche jusqu'à ce que la pandémie de coronavirus frappe le monde en 2020, n'épargnant aucun sport. Le contrat d'Ota venait juste de se terminer à Waseda et il partait pour l'université de Chuo aui est située à la banlieu de Hachioji à l'ouest de Tokyo. Le club s'est donc retrouvé sans la salle de lutte de Waseda et, combiné à la pandémie a engendré un arrêt des opérations.

L'assouplissement récent des restrictions liées à la pandémie au Japon a permis au club de redémarré et Ota a eu de la chance de pouvoir utiliser la salle des arts martiaux à proximité du Tokyo Dome dans le quartier de Bunkyo.  Ce fût un moment spécial pour toutes les personnes concernées.

"Les personnes atteintes du syndrome de Down sont fondamentalement opposées aux sports de combat," a-t-il déclaré. "Mais lorsqu'ils continuent à en faire, je constate que leur esprit combatif ressort. j'entends des parents dire 'Il n'est plus timide' ou 'Il est devenu capable de faire des choses tout seul.' J'ai l'impression que les parents sentent aussi qu'en luttant, ils ont un potentiel illimité de développement personnel."

Bien qu'il n'y ait eu que cinq participants le premier jour du redémarrage du club, la salle était remplie d'une énergie positive, depuis les sourires sur leur visage lorsqu'ils pratiquaient des mouvements jusqu'à la façon dont ils levaient fièrement leur main lorsqu'on leur demandait d'être partenaire de jeu.

Parmi ceux qui sont montés sur le tapis se trouvait Aruban Kubota âgé de 24 ans, qui a été des premiers membres du club en 2005 alors qu'il était en première année d'école primaire. Kubota, dont le prénom provient du pays natal de son père, l'Albanie, est actuellement employé dans un centre d'aide sociale.

"Au début, il s'asseyait toujours sur le côté à l'entraînement", se souvient sa mère, Rimiko. "Mais avant que nous le sachions, il a commencé à se joindre au groupe et à décider des choses par lui-même. Il a commencé à agir de son propre chef."

Rimiko dit que l'attente pour que le club redémarre semblait interminable. "Je suis tellement reconnaissante envers le coach Ota", déclare-t-elle.

En juillet 2009 , Ota, désireux de donner aux membres une chance de mettre leurs nouvelles compétences à l'épreuve comme tous les lutteurs, a organisé la "1ère Coupe Waseda". D'autres clubs pour enfants trisomiques avaient vu le jour, principalement sous l'impulsion d'Ota et de ses relations de lutte, et le tournoi a attiré 29 participants de trois clubs..

Le tournoi, qui sera plus tard rebaptisé "Waku-waku Waseda Cup" et sera parrainé par une entreprise employant d'anciens lutteurs de Waseda, attire des participants allant des enfants aux adultes d'une vingtaine d'années. Le niveau continue de s'améliorer et, contrairement aux premières années où il était difficile pour les participants de contrôler leurs émotions, les matchs ne sont plus interrompus et peuvent se dérouler sans heurts.

"Au début, notre objectif principal était simplement de les amener à pouvoir aller sur le tapis par eux-mêmes", a déclaré Ota dans une interview après le tournoi 2016. "Maintenant, ils comprennent les règles et peuvent avoir ce que nous considérons comme un match régulier."

Tous les participants reçoivent une médaille, mais le point culminant de la cérémonie de remise des prix est la sélection du MVP et du Fighting Spirit Award qui sont accompagnés d'un trophée. Alors qu'Ota tient le micro avant de faire l'annonce, les gagnants (qui sont éligibles pour le MVP) le regardent comme s'ils étaient en prière tandis que toute la salle prend une atmosphère de sourires

Ota2Un membre du club fait un exercice de double-leg takedown sous le regard des autres. (Photo: Japanese Wrestling Federation)


Viser les Jeux olympiques spéciaux

Comme en témoigne l'enthousiasme suscité par les Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, le sport n'est pas l'apanage des personnes valides. Les personnes atteintes du syndrome de Down ou d'autres déficiences intellectuelles font également des progrès dans la pratique du sport.

En octobre 2020, une compétition d'athlétisme réservée aux personnes atteintes du syndrome de Down s'est tenue à Miyazaki, dans le sud du Japon, et plus tôt cette année, une division pour les participants atteints du syndrome de Down a été mise en place pour la première fois lors d'une rencontre de natation à Chiba, à l'est de Tokyo.

À l'échelle internationale, Virtus, une organisation créée pour le développement du sport d'élite dans le monde entier pour les athlètes souffrant de déficiences intellectuelles, avait inscrit le judo au programme des 1ers Jeux Océanie/Asie qui se sont tenus en novembre de l'année dernière en Australie. Des athlètes japonais y ont participé, élargissant ainsi le champ des possibilités pour les personnes atteintes du syndrome de Down.

Ota regarde également au-delà des côtes japonaises. Le prochain objectif d'Ota est de faire entrer la lutte dans les Jeux olympiques spéciaux, qui ont une histoire de plus de 50 ans et diffèrent des Jeux paralympiques en ce qu'ils s'adressent spécifiquement aux personnes souffrant de déficiences intellectuelles. Actuellement, il y a plus de 20 sports dans les Jeux olympiques spéciaux, dont le judo.

Ota s'est rendu au siège de Washington, D.C., où on lui a dit que pour que la lutte soit incluse, il était nécessaire que le sport se développe au Japon et que davantage de pays dans le monde lancent des programmes. La lutte étant encore en pleine évolution et peu connue au Japon, il s'agit d'un obstacle de taille à franchir.

Mais il ne se laisse pas décourager. "Même si vous avez un handicap, tant qu'il existe un sport offrant une scène pour briller, on peut avoir une grande présence dans la société", a déclaré Ota.