L'Hebdo !

L'Hebdo du 21 janvier !

By Eric Olanowski

En revue, la performance hors du commun de Mohammadian au Matteo Pellicone, le sixième titre de Lorincz en événement de série de classement, la remontée de huit points et victoire de Zhou sur Mensah-Stock, le championnat russe de lutte gréco-romaine et, de Suède, les résultats de l'Open Klippan Lady.

1. Mohammadian en survol au Matteo Pellicone ; victoire de Dake pour ses débuts en 74kg 
L'Iranien Mohammadhossein MOHAMMADIAN (IRI) a offert, dans la catégorie des 97kg au Matteo Pellicone et jusqu'au titre, une performance hors du commun : cinq victoires dont une par tombé sur un champion olympique, les autres sur un champion du monde des U23, un médaillé mondial de bronze, un cinquième mondial et le vice-champion d'Europe.

Mohammadian a commencé sa journée en écrasant par 11 à rien Alisher YERGALI (KAZ), cinquième place aux mondiaux de Noursoultan, un résultat qui avait permis au Kazakhstan de se qualifier pour les JO de 2020. L'Iranien a enchaîné avec une seconde victoire par supériorité technique, cette fois sur le champion du monde en titre des U23 Bo NICKAL (USA), remportée 10-0.

En quart de finale, Mohammadian a décroché ce qui constitue probablement la plus grande victoire de sa carrière en vainquant sans appel le champion olympique Kyle Snyder par 8-0. Suit un autre coup d'éclat, une victoire par 11-0 sur le médaillé mondial de bronze 2018 Abraham de Jesus CONYEDO RUANO (ITA), qui le place en finale pour affronter Aliaksandr HUSHTYN (BLR) pour le titre des 97kg. Cerise sur le gâteau et cinquième jeu blanc, il y écrase Hushtyn 9-0 et remporte le premier titre d'événement de série de classement (ESC) de sa carrière, quittant le Pellicone sur un résultat de 41-0.

Kyle DAKE (USA), pour ses débuts en 74kg, s'est permis de démembrer en 35 secondes un champion du monde et champion olympique en finale de cette catégorie olympique. Dake, l'un des trois champions du monde américains de lutte libre au Pellicone, vainc Soner DEMIRTAS (TUR) et rejoint Thomas GILMAN (USA) et Zahid VALENCIA (USA) au sommet du podium.

À 16 secondes, Dake menait 7-0.  Après une fuite de prise de son adversaire et une position ordonnée par terre, l'Américain s'est retrouvé dessus. Enchaînant sur deux ceintures en pont, Dake obtient une victoire par supériorité technique en 11-0 - et son second titre en ESC.

Matteo Pellicone FS
Mohammadian broie Snyder sur la route du titre au Matteo Pellicone (en anglais)
Dake démembre Demirtas pour ses débuts en 74kg ; les USA trois fois médaillés d'or (en anglais)

Interviews:
Interviews des champions de lutte libre

RÉSULTATS 
57kg - Thomas Patrick GILMAN (USA) df. Joseph Daniel COLON (USA), 4-3
61kg - (Nordic Style) - Kumar RAVI (IND) df. Nurislam SANAYEV (KAZ), 6-0
65kg - Bajrang BAJRANG (IND) df. Jordan Michael OLIVER (USA), 4-3
74kg - Kyle Douglas DAKE (USA) df. Soner DEMIRTAS (TUR), 11-0 
86kg - Zahid VALENCIA (USA) df. Alexander David DIERINGER (USA), 7-5 
97kg - Mohammadhossein MOHAMMADIAN (IRI) df. Aliaksandr HUSHTYN (BLR), 9-0 
125kg - Amir Hossein Abbas ZARE (IRI) df. Bilial MAKHOV (RUS), 5-3 

Viktor LORINCZ (HUN) se défait de Kumar SUNIL (IND) par 2-1 en 87kg et devient le premier lutteur à remporter six titres d'ESC. (Photo : Kadir Caliskan)

2. Lorincz devient le premier lutteur six fois titré en événement de série de classement 
À son arrivée au Matteo Pellicone, le Hongrois Viktor LORINCZ (HUN) détenait déjà autant de titres d'ESC qu'il y a de doigts sur une main. Pour le Lutteur de l'Année 2019 en gréco-romaine, une ne suffit désormais plus : il s'est emparé de la sixième médaille d'or de sa carrière en ESC mercredi soir dans la ville côtière d'Ostia.

Le Hongrois avait accumulé 19 victoires lors de ses apparitions aux cinq précédents ESC. Il en est aujourd'hui à 23 victoires pour 0 défaite, vainqueur en finale du Pellicone du médaillé d'argent d'Asie Kumar SUNIL (IND) par 2-1 en catégorie de poids des 87kg.

“Je suis très heureux d'avoir gagné ce tournoi et je compte bien continuer sur ma lancée. Je veux remporter les deux prochains qualificatifs (le championnat d'Europe et l'Open de Pologne) pour avoir la meilleure tête de série possible aux JO”, a déclaré Lorincz.

Lors de la première période de la finale du Pellicone, le vice-champion du monde 2018 a récolté un point pour inactivité et un autre pour une sortie de tapis, un avantage réduit ensuite à un seul point pour cause d'inactivité de sa part. Mais le marteau hongrois a pu compter sur ses fameuses capacités défensives pour ne plus rien céder jusqu'à sa victoire par 2-1, et accrocher à son tableau une sixième médaille d'or d'ESC.

“Je suis venu pour gagner. J'ai eu quelques combats difficiles, et je ne suis pas là où j'ai envie d'être. Je veux [développer] ma force et ma puissance pour les autres tournois.”

Matteo Pellicone GR
Lorincz décroche son sixième titre d'ESC

Interviews:
Interviews des champions de lutte gréco-romaine

RÉSULTATS
55kg - (Tournoi nordique) - Dogus AYAZCI (TUR) df. Max Emiliano NOWRY (USA), 9-0 
60kg - Sailike WALIHAN (CHN) df. Islomjon BAKHRAMOV (UZB), 4-3 
63kg - (Tournoi nordique) -  Andres MONTANO ARROYO (VEN) df. Stig-Andre BERGE (NOR), 11-0 
67kg -  Makhmud BAKHSHILLOEV (UZB) df. Abouhalima ABOUHALIMA (EGY), 3-1
72kg -  Mohamed Ibrahim Elsayed Ibrahi ELSAYED (EGY) df. Selcuk CAN (TUR), par tombé 
77kg - Zotlan LEVAI (HUN) df. Yunus Emre BASAR (TUR), par tombé 
82kg - Singh GURPREET (IND) df. Burhan AKBUDAK (TUR), 8-5 
87kg - Viktor LORINCZ (HUN) df. Kumar SUNIL (IND), 2-1 
97kg - Nikoloz KAKHELASHVILI (ITA) df. Felix BALDAUF (NOR), 5-4 
130kg - Abdellatif MOHAMED (EGY) df. Moises PEREZ HELLBURG (VEN), par tombé 

3. Zhou Shocks Mensah remonte de huit points
Ce n'est pas un secret que ZHOU Feng (CHN) était un peu la laissée-pour-compte de la finale l'opposant à la championne du monde en titre Tamyra MENSAH (USA) au Matteo Pellicone, catégorie des 68kg. Menée huit points à rien, elle a pourtant su faire preuve d'assez de sang-froid pour finalement décrocher l'or de la compétition. Cette éclatante victoire aura également empêché Mensah, nommée Lutteuse de l'Année 2019, de remporter un quatrième titre consécutif en ESC.

“En première période, je ne me sentais ni prête, ni préparèe, mais je n'ai pas abandonné,” a commenté Zhou sur ce difficile passage où elle a concédé trois amenés au sol et une clé de bras pour se retrouver menée 8-0. “Je me disais que le combat n'était pas fini et je n'ai pas abandonné.” 

Zhou, deux fois médaillée mondiale, a lancé sa contre-offensive par un contrôle de fourche et crochet intérieur, jusqu'à obtenir un amené au sol pour deux points. Trois ceintures en pont lui donnèrent ensuite 6 points supplémentaires, lui permettant de tenir l'égalité à la cloche et d'être déclarée vainqueure sur critères. 

Zhou a déclaré, après cette remarquable victoire à l'arrachée : “Je suis heureuse et excitée ! La plupart des lutteuses présentes à cette compétition prendront part aux Jeux Olympiques, alors décrocher l'or me réjouit.”

Sarah HILDEBRANDT (USA) est passée de 53 à 50kg et remporte le Matteo Pellicone grâce à une victoire à l'arrachée sur la médaillée d'argent de mondiaux de Noursoultan Emilia VUC (ROU). (Photo : Kadir Caliskan)

Si le passage en 50kg de Sarah HILDEBRANDT (USA) soulevait des questions avant de venir à Rome, les réponses ont été délivrées vendredi soir, où deux médaillées mondiales d'argent s'affrontaient en finale des 50kg : Hildebrandt inscrit un amené au sol à deux secondes de la cloche et chipe la médaille d'or à Emilia VUC (ROU). Souriant d'une oreille à l'autre, Hildebrandt a commenté : “J'aime comment ça sonne, championne des 50kg !” 

L'Américaine, toujours menée 2-1 à 10 secondes de la fin, a révélé ce qu'elle se répétait pour se motiver : “Tu ne gagneras pas parce que je ne vais pas perdre.” C'est exactement ce qui est arrivé. 

Usant d'une prise de bras pour soulever son adversaire roumaine, la médaillée mondiale d'argent 2018 a ensuite dégagé son bras gauche pour inscrire de justesse un amené au sol et remporter son deuxième titre d'ESC par 4-2.

Matteo Pellicone WW
Zhou remonte huit points et vainc la championne du monde en titre Mensah 8en anglais)
 

Interviews:
Interviews des championnes de lutte féminine

RÉSULTATS
50kg - Sarah HILDEBRANDT (USA) df. Emilia Alina VUC (ROU), 4-2 
53kg - Vinesh VINESH (IND) df. Luisa Elizabeth VALVERDE MELENDRES (ECU), 4-0 
55kg - (Nordic Style) - Vanesa KALADZINSKAYA (BLR) df. Solomiia VYNNYK (UKR), 10-0 
57kg - Odunayo Folasade ADEKUOROYE (NGR) df. Anshu ANSHU (IND), 10-0 
59kg - (Nordic Style) -  Anhelina LYSAK (UKR) df. Yuliya PISARENKA (BLR), par tombé
62kg - Aisuluu TYNYBEKOVA (KGZ) df. Liubov OVCHAROVA (RUS), par forfait sur blessure
65kg - (Nordic Style) - Inna TRAZHUKOVA (RUS) df. Oksana KUKHTA HERHEL (UKR), 5-0 
68kg - Feng ZHOU (CHN) df. Tamyra Mariama MENSAH (USA), 8-8 
72kg - (Nordic Style) - Maria SELMAIER (GER) df. Anastasiya ZIMIANKOVA (BLR), 8-6 
76kg - Erica Elizabeth WIEBE (CAN) df. Qian ZHOU (CHN), 10-0 

Davit CHAKVETADZE a vaincu Alexander KOMAROV 4-2 en finale du championnat de Russie de lutte gréco-romaine, catégorie 87kg. (Photo : Tony Rotundo)

4. Le championnat de Russie de lutte gréco-romaine tire sa révérence à Novosibirsk
La ville de Novosibirsk, située dans le sud-ouest de la Sibérie et qui a donné à l'histoire olympique deux des lutteurs les plus craints de la lutte gréco-romaine, Aleksandr KARELIN (RUS) et Roman VLASOV (RUS), accueillait ce weekend le championnat de Russie de ce style.

Davit CHAKVETADZE, champion olympique à Rio en 2016, a repris sa position de favori russe pour la catégorie de poids des 87kg aux prochains continentaux et Sergey SEMENOV a fait la preuve de son retour en phase gagnante après une décevante saison 2019.

Chakvetadze, en quête de son second titre national en trois ans et vainqueur d'Alexander KOMAROV 4-2 en finale des 87kg, a réalisé un parcours triomphal et semble avoir cimenté sa position de représentant russe au prochain championnat d'Europe. S'il était déjà, en 2019, le tenant du titre, il avait terminé derrière Komarov lors du Grand Prix d'Allemagne, ce qui l'avait tenu à distance de l'équipe russe des mondiaux de Noursoultan. Après la 11ème place de Komarov au Kazakhstan et quel que soit l'élu russe, Chakvetadze ou Komarov, il aura la diffficile charge de qualifier son pays en 87kg pour les JO 2020 de Tokyo.

En 130kg, le champion du monde 2018 Sergey Semenov est reparti sur une lancée gagnante et a scellé une victoire 3-0 sur Zurabi GEDEHAURI - après avoir échoué à qualifier une place à Noursoultan où il n'avait récolté qu'une décevante 17ème place.

Selon le correspondant de www.wrestrus.ru Tigran AVANIAN, la sélection russe pour le championnat d'Europe 2020 sera rendue publique le 6 février prochain.

À noter, les lutteurs suivants sont dispensés du championnat de Russie pour l'année 2020 :  
60kg – Sergey EMELIN (champion du monde 2018, argent en 2019)
60kg – Stepan MARYANYAN (champion du monde 2018, argent en 2019)
67kg – Artem SURKOV (champion du monde 2018, argent en 2019)
77kg – Roman VLASOV (double champion olympique)
97kg – Musa EVLOEV (champion du monde 2018 & 2019)

RÉSULTATS
55kg - Vitaly KABALOEV df. Emin SEFERSAEV, 3-2 
60kg – Zambolat LOKIYAEV df. Artur PETROSYAN, 7-0 
63kg – Ibrahim LABAZANOV df. Marat MARIPOV, 5-5
67kg - Alain MIRZOYAN df. Nazir ABDULAEV - 5: 6
72kg - Adam KURAK df. Magomed YARILBOV, 3-0 
77kg - Alexander CHEKHIRKIN df. Islam OPIEV, 7-0 
82kg - Shamil OZHAEV df. Ruslan VARDANYAN, 6-2 
87kg - Davit CHAKVETADZE df. Alexander KOMAROV, 4-2 
97kg - Alexander GOLOVIN df. Nikita MELNIKOV, 3-1 
130kg - Sergey SEMENOV df. Zurabi GEDEHAURI, 3-0

5. Le Japon décroche cinq médailles d'or à l'Open Klippan Lady ; Bullen en Italie et en Suède à quelques jours d'intervalle
Le Japon s'est attribué cinq des neufs médailles d'or de l'Open Klippan Lady, tenu en Suède, où Grace BULLEN (NOR) s'est emparée de l'or quelques jours après avoir participé au Matteo Pellicone.

Umi ITO (JPN), Rino KATAOKA (JPN), Tsugumi SAKURAI (JPN) et Yuka KAGAMI (JPN) sont sorties en tête de leurs catégories et Ami ISHII (JPN) remporte celle des 65kg en tournoi nordique. 

Ita et Kataoka, médaillées d'or en 50 et 53kg respectivement, ont toutes deux terminé leurs combats prématurément et en faisant jeu blanc 10-0, Ito sur Felicia GALLO (FRA) et Kataoka sur Ellen RIESTERER (GER). 

Sakurai inscrit la plus belle victoire pour le Japon en se défaisant de la sept fois médaillée mondiale et olympique Sofia MATTSSON (SWE) par 4-2 en finale des 55kg. 

La dernière médaillée d'or japonaise est Yuka Kagami, vainqueure de Dymond GUILFORD (USA) 2-1 en finale des 76kg. 

La Norvégienne Grace Bullen remporte, elle, l'or du Klippan Lady dans la catégorie des 59kg, quelques jours seulement après sa participation au Matteo Pellicone. Elle y avait échoué, en 57kg cette fois, face à Anshu ANSHU (IND) et Linda MORAIS (CAN), finalement et respectivement médaillées d'argent et de bronze de la compétition. En Suède cependant, la championne du monde des U23 2018 a su prendre le dessus 10-0 sur Abigail NETTE (USA) en finale des 59kg. 

RÉSULTATS
50kg - Umi ITO (JPN) df. Felicia GALLO (FRA), 10-0 
53kg - Rino KATAOKA (JPN) df. Ellen RIESTERER (GER), 10-0 
55kg - Tsugumi SAKURAI (JPN) df. Sofia MATTSSON (SWE), 4-2 
57kg - (Nordic Style) - Lauren LOUIVE (USA) df.  Cameron GUERIN (USA), 8-0 
59kg - Grace BULLEN (NOR) df. Abigail NETTE (USA), 10-0 
62kg - Jennifer PAGE (USA) df. Emma JOHANSSON (SWE), par tombé
65 kg - (Nordic Style) - Ami ISHII (JPN) df. Rin TERAMOTO (JPN), 8-3 
72 kg - (Nordic Style) - Danuté DOMIKAITYE (LTU) df. Mizuki NAGASHIMA (JPN), 13-3
76kg - Yuka KAGAMI (JPN) df. Dymond GUILFORD (USA), 2-1

L'Hebdo dans les réseaux !

1. Big Move Monday -- Temirtassova A. (KAZ) -- Ch/at du Monde Senior 2019 #WrestleNursultan
2. Nous remercions chacun des 400'000 fans pour votre soutien ininterrompu ! ? ? #unitedworldwrestling
3. Dans les coulisses de #wrestlerome
4. @frankchamizo92 explique pourquoi il fait l'impasse sur le Matteo Pellicone et donc Dake, Burroughs et Sidakov ??? // Interview complète sur notre bio Instagram
5. Big Move, Jour 3 à l'ESC #WrestleRome Matteo Pellicone!

#JapanWrestling

L'ancienne star japonaise de lycée veut mettre les Samoa sur la carte de la lutte

By Ikuo Higuchi

(Note de la rédaction : le texte suivant est apparu sur le site internet de la Japan Wrestling Federation le 2 novembre. Il a été traduit et publié avec son autorisation.)

TOKYO -- Sur le calendrier japonais de la lutte, l'Open National non étudiant se situe bien en dessous du niveau des tournois majeurs tels que la Coupe de l'Empereur ou la Coupe Meiji, qui servent de qualificatifs pour les équipes mondiales et olympiques.

Il est donc rare de voir un futur membre de l'équipe olympique participer au tournoi. Pourtant, lors de l'évènement de cette année, qui se déroulait pour la première fois en 3 ans en raison de la pandémie, il y en avait un, bien que ce ne soit pas l'équipe japonaise que Gaku AKAZAWA souhaite intégrer pour les Jeux Olympiques Paris 2024.

Ancienne star de lycée, Akazawa a remporté le titre de lutte libre en 70kg en tant que membre d'une équipe de l'île du Pacifique nation de Samoa, qu'il espère représenter à Paris. 

Akazawa, âgé de 32 ans, dont la quête pour la gloire olympique comprenait un congé sabbatique de 4 ans en Russie, luttait dans son pays natal pour la première fois en trois ans à l'Open non étudiant qui s'est tenu du 29 au 30 octobre à Fujimi, Préfecture de Saitama, au nord de Tokyo.

Akazawa, qui n'a pas réussi à obtenir la nationalité samoane à temps pour les Jeux Olympiques de Tokyo, espère obtenir ses papiers à temps pour Paris. "Je n'ai jamais cessé de rêver de participer aux Jeux Olympiques," a-t-il déclaré. "Je ferai tous les efforts possibles pour devenir un olympien de Samoa."

JPNGaku Akazawa célèbre sa victoire en lutte libre 70kg pour l'équipe Samoa. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

La dernière compétition d'Akazawa au Japon remonte aux Championnats All-Japan de la Coupe de l'Empereur 2016. La victoire à Fujimi était sa première où que ce soit depuis qu'il a remporté le titre national inter-lycées en 66kg en 2008, ce qui a fait de lui le tout premier champion national du Lycée Hanasaki Tokuharu dans la Préfecture de Saitama.

Son entraîneur à Hanasaki Tokuharu, Takuya TAKASAKA, était présent pour voir l'ancien prodige montrer son esprit combatif avec des victoires difficiles sur plusieurs adversaires avec des pedigrees. En demi-finale, Akazawa a battu le champion collégiale national 2018 Hayato OGATA 8-2, puis s'est emparé du titre avec une victoire 6-2 sur Kantaro YAMAZAKI, qui avait remporté les titres de printemps et d'automne de la ligue collégiale de l'est du Japon en 2018.

"Cela faisait longtemps que je n'avais pas lutté au Japon, aussi je n'avais aucune idée du niveau auquel j'étais," a déclaré Akazawa. "J'étais nerveux. En remportant le titre, j'ai pu me faire une idée de mon niveau et, honnêtement, je suis réellement très content."

Interrogé sur l'origine de sa ténacité et de son endurance qui lui ont permis de rallier les victoires, il a répondu, "Tous les matins et tous les soirs, parfois trois fois par jour, je m'entraîne intensément. Je pense que cela s'est vu aujourd'hui."

A Samoa, la lutte est encore loin d'être populaire et, avec la pandémie qui a limité les activités, il y a seulement 10 lutteurs âgés de plus de 14 ans dans tout le pays. La majorité des compétiteurs sont encore débutants et  il ne peut pas s'entraîner de manière à aiguiser ses compétences. "Au lieu de cela, je pense que j'ai pu gagner grâce à ma force physique," a-t-il déclaré.

JPN1Akazawa, à droite, pose avec les compétiteurs des championnats nationaux Samoans dans la capitale Apia en août 2021, où il officiait en tant qu'arbitre. (Photo avec l'aimable autorisation de Gaku Akazawa)

Depuis la Russie, avec détermination

L'Open non-étudiant, comme son nom l'indique, s'adresse à tous ceux qui ne sont pas à l'école et attire un large éventail de lutteurs aux parcours variés, des anciens champions du lycée à ceux qui ont commencé ce sport après avoir quitté l'université pour garder la forme et peut-être s'entraîner le week-end dans un club local.

Mais pour Akazawa, cela représente un défi directement lié au fait de se rendre à Paris. "Je n'avais pas lutté au Japon depuis longtemps, donc je pense qu'il y avait des gens qui pensaient que j'avais pris ma retraite," a-t-il déclaré avec un sourire.

Akazawa, qui a remporté le titre national junior de lycée et le titre JOC olympique junior, est venu à l'Université de Nihon University après son succès de Inter-High School, mais n'a pas été en mesure de le réitérer au niveau collègial. Plombé par des blessures, le dossier de Akazawa dans la base de données du site internet de la Fédération japonaise de lutte, qui répertorie tous les résultats, ne comporte aucune entrée pour ses années à Nihon.

Il ne fera sa première apparition à la Coupe de l'Empereur (organisée en décembre) qu'en 2013, l'année où il a obtenu son diplôme de Nihon. Il s'est classé cinquième en 60 kg.

N'abandonnant jamais son rêve olympique, il choisit une voie qui le mène vers l'une des principales puissances du sport, la Russie. Il s'est rendu à Krasnoyarsk, la ville sibérienne bien connue au Japon pour avoir accueilli le prestigieux Grand Prix Ivan Yarygin, pour poursuivre sa carrière.

Il n'avait pas de sponsor. À l'expiration de son visa, il retournait au Japon, faisait quelques petits boulots pour économiser de l'argent, puis retournait à Krasnoïarsk. Il a enduré cette vie instable pendant quatre ans, de 2013 à 2017, tout cela à cause de son amour pour ce sport et de son désir de devenir un champion olympique.

Mais peu importe son entraînement dans un pays de lutte de haut niveau, une telle instabilité dans sa vie quotidienne rendait certainement difficile la concentration sur le sport. Il est retourné au Japon pour participer à la Coupe de l'Empereur et à la Coupe Meiji (les championnats sur invitation du Japon, qui ont lieu au printemps), mais il n'a pas réussi à monter sur le podium.

Les Jeux olympiques semblaient plus éloignés que jamais. Mais son rêve ne s'est jamais évanoui. Ce qui a attiré son attention, c'est qu'un de ses copains lutteurs russes, au lieu de concourir pour l'équipe russe , avait changé de nationalité et s'était rendu aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si une telle démarche est excessivement rare au Japon, elle n'est pas sans précédent. Un comédien mineur nommé Neko HIROSHI (neko signifie chat ; son vrai nom est Kuniaki TAKIZAKI) est devenu citoyen cambodgien pour pouvoir courir le marathon masculin aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si son geste a attiré l'attention en tant que célébrité, il a également dû faire face à des critiques car son meilleur temps n'aurait même pas fait partie de l'équipe féminine japonaise. Il a terminé à la 138e place à Rio, à 37 minutes du vainqueur, avec un temps qui l'aurait placé à la 85e place chez les femmes.

Akazawa, dont le cas est différent dans la mesure où il est déjà au niveau mondial, a commencé à réfléchir à la manière dont il pourrait changer de nationalité. Il s'est mis à penser aux pays où il serait le plus facile de se qualifier et a été attiré par l'Océanie. Un professeur d'anglais de l'époque où il était au collège a été envoyé à Samoa dans le cadre d'un programme de l'Agence japonaise de coopération internationale en tant qu'instructeur de judo, et Akazawa a pris contact avec lui.

C'est à partir de ce moment-là qu'il s'est installé à Samoa en juin 2017.

JPN3Maulo Willie ALOFIPO, ancien joueur de rugby, a accompagné Akazawa au Japon et a terminé second dans les deux styles. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Faire passer le message à Samoa

Jerry WALLWORK, Président de la Fédération de lutte samoane, croit en l'enthousiasme et le dévouement d'Akazawa et lui apporte son soutien. L'année suivante, Akazawa épouse une infirmière locale nommée Sinevalley. Il a demandé un changement de nationalité en vue des Jeux olympiques de Tokyo, mais il n'est pas arrivé à temps. "C'est difficile d'obtenir la nationalité samoane", a déclaré Akazawa.

Akazawa gagne actuellement sa vie en tant que propriétaire d'un salon de massage, et peut poursuivre sa carrière de lutteur grâce au soutien de la fédération. Pour l'Open non-étudiant, Samoa était sorti du confinement et Akazawa a dû rentrer au Japon pour une affaire de famille, il a donc décidé de profiter de l'occasion pour participer au tournoi et voir où il en était.

Il devait être accompagné de deux lutteurs samoans, qui ont participé aux tournois individuels dans les deux styles. Le trio devait également participer à l'épreuve par équipe. Cependant, le père d'un des lutteurs est tombé malade et n'a pas pu faire le voyage, et l'équipe Samoa a dû se retirer.

Le lutteur restant, Maulo Willie ALOFIPO, a tiré le meilleur parti de son voyage, remportant des médailles d'argent dans les deux styles en 97 kg et acquérant une précieuse expérience internationale. Ce jeune homme de 25 ans était à l'origine un joueur de rugby et ne pratique la lutte que depuis deux ans.

"Il y a des points communs entre le rugby et la lutte", a dit Akazawa à Alofipo en le recrutant pour cette dernière. "Tu peux le faire juste une fois par semaine si tu veux, mais pourquoi ne pas essayer ?".

Alofipo a progressivement commencé à consacrer plus de temps à la lutte. Il s'entraîne le matin avant de se rendre à son travail la journée dans une plantation de cacao, puis retourne sur le tapis pour une séance du soir.  Il a fait ses débuts sur la scène internationale en août de cette année, terminant cinquième en lutte libre 97 kg aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, en Angleterre.

Quant à sa deuxième place au tournoi du Japon, il a déclaré : "Je suis vraiment heureux. Le Japon est un pays de très haut niveau. C'est un plaisir de pouvoir se battre ici".

Interrogé sur son objectif à partir de maintenant, il a répondu : "Les Jeux olympiques".

Akazawa et Alofipo sont restés au Japon après le tournoi et prévoient d'y rester jusqu'à fin décembre. Akazawa a déclaré qu'ils s'entraîneront dans ses écoles d'origine, la Hanasaki Tokuharu High School et la Nihon University.

Bien que sa victoire lui ait valu une place à la Coupe de l'Empereur en décembre, Akazawa n'y a pas participé. Sa dernière incursion visait à tester son niveau actuel et, se considérant désormais comme un "Samoan", il a déclaré qu'il ne pouvait plus prétendre au titre de numéro un au Japon.

 JPN3Akazawa enregistre un tombé au deuxième tour des Championnats nationaux non-étudiants. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Construire une nouvelle puissance

Lorsqu'il a décidé dans quel lycée il irait, Akazawa a contourné les puissances de l'époque pour Hanasaki Tokuharu, qui était pratiquement inconnu dans le milieu de la lutte. "Plutôt que de me renforcer dans une équipe forte, je voulais aller dans une école sans nom et battre les puissances les unes après les autres", a-t-il déclaré à l'époque.

Et c'est à peu près ce qu'il a fait. Lors de sa troisième année en 2008, il a aidé Hanasaki Tokuharu à mettre fin au règne de 14 ans du lycée Kasumigaura de la préfecture d'Ibaraki lors du championnat des lycées du Kanto (le Kanto est la région du Japon qui comprend Tokyo et ses environs).

Kasumigaura prendra sa revanche plus tard lors de la finale par équipe des championnats inter-lycées, mais dans ce match, Akazawa a battu le champion national en titre (sur la photo du haut). Il s'est fait un nom et a aidé à lancer une nouvelle puissance sur la scène, quatre ans seulement après sa fondation.

L'énergie et l'enthousiasme qu'Akazawa ressent aujourd'hui à Samoa sont incroyablement similaires à "cette époque". Les Samoa bénéficient d'un climat chaud toute l'année, avec des températures moyennes de 23°C et de 31°C. La salle de lutte est une installation en plein air avec un toit, un peu comme dans le Japon d'une autre époque où chaque ville avait un ring de sumo extérieur situé à côté du sanctuaire local.

Alors que les salles de sport au Japon sont désormais climatisées, c'est un monde de différence à Samoa. "Chaque jour, je m'entraîne trempé de sueur", a déclaré Akazawa.

Le rugby est toujours roi à Samoa, et essayer d'augmenter la participation dans d'autres sports n'est pas une tâche facile. Mais des progrès ont été réalisés, puisque les Samoa ont été représentées aux Jeux olympiques en judo. Dans la lutte, la seule participation olympique de l'histoire du pays a eu lieu aux Jeux de Sydney en 2000, lorsque Faafatai IUTANA s'est qualifié dans la catégorie gréco-romaine des 76 kg. Les Samoa ont eu un bon nombre de médaillés d'or aux championnats d'Océanie, mais aucun depuis 2011. Le potentiel est donc là.

La réalisation de son propre rêve olympique sera un lien pour le développement de la lutte à Samoa. Pour l'instant, alors qu'il attend de savoir s'il obtiendra la citoyenneté, Akazawa continuera à concentrer tous ses efforts pour Paris. La plupart de ses coéquipiers du lycée ont depuis longtemps quitté le tapis et ont suivi la voie de l'entraînement. Mais au moins l'un des membres de la "promotion 2008" a toujours une passion brûlante pour les Jeux olympiques.

-- Traduction anglaise par Ken Marantz