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L'Inde couronne deux champions à Budapest, la Russie rebondit

By Vinay Siwach

BUDAPEST, Hongrie (le 20 juillet) --- L'Inde a remporté deux médailles d'or et la Russie, les USA et l'Iran une ; cinq nouveaux champions du monde ont été couronné au championnat du monde des cadets de Budapest en Hongrie.

Aman GULIA (IND) s'est défait de Luke LILLEDAHL (USA) en finale des 48kg et Sagar JALGAN (IND) de James ROWLEY (USA) en 80kg. L'Inde domine ainsi la course par équipe.

Le deuxième jour du championnat a vu se dérouler les combats de médaille des 48, 55, 65, 80 et 110kg tandis que se décidaient également les finalistes des cinq catégories de poids restantes, celles des 45, 51, 60, 71 et 92kg. Ces finales auront lieu mercredi.

Cadet World Championships Budapest

Aman Gulia fut le premier champion de la journée, dominant le champion des panaméricains Lilledahl par 5-2 en finale des 48kg. L'Indien obtint le premier point sur passivité de son adversaire avant d'ajouter 2 points pour un amené au sol en pas de côté.

En seconde période, il lança un double ramassement de jambe mais Lilledalh se retira aussitôt, contrant par un amené au sol et réduisant ainsi l'écart à 3-2. Ses tentatives de reprendre la tête restèrent cependant vaines devant Aman résistant à plusieurs passages sous le bras. Une attaque en contre ajouta deux points pour Aman.

“J'ai travaillé très dur pour en arriver là,” a commenté Aman Gulia. “Je ne peux pas remercier assez mes coachs et j'aimerais leur demander de m'entraîner encore plus dur pour les niveaux junior et senior et, but ultime, les Jeux Olympiques.”

Dans la deuxième finale opposant l'Inde et les USA, en 80kg, Jaglan fut plus énergique que Rowley et remporta le combat par 4-0, quatre points inscrits sur des sorties de tapis alors que Rowley n'était que l'ombre de lui-même comparé à lundi ; il lui fut impossible de se faufiler dans la défense de Jaglan, impénétrable pendant les quatre minutes de la rencontre.

Meyer SHAPIRO USAMeyer SHAPIRO (USA) a remporté l'or des 65kg à Budapest (Photo : UWW / Martin Gabor)

Mais tout ne fut pas déception pour les USA, car Meyer SHAPIRO (USA) s'est emparé de l'or des 65kg grâce à une stupéfiante victoire sur Giorgi GOGRITCHIANI (GEO), obtenant un tombé après avoir épuisé son adversaire géorgien.

Gogritchiani menait en début de combat mais Shapiro, par une pression et des attaques constantes, minait constamment le Géorgien jusqu'à prendre la maîtrise du combat.

“Je n'avais aucun plan et avait l'esprit libre lorsque je luttais,” a commenté Shapiro. “Je voulais rester calme et avec encore une minute et trente secondes restantes, je savais que Girorgi ne tiendrait pas longtemps. J'ai su, à ce moment, que j'allais gagner le combat."

Shapiro, dans un rythme élevé, obtint deux amenés au sol ; Gogritchiani s'effondra et abandonna. “A mon premier amené au sol, j'étais lancé ; il restait 50 secondes.”

Le lutteur de 17 ans a inscrit sa plus grande victoire et a déclaré qu'il s'offrira une pause après deux mois d'un entraînement épuisant.

“C'est définitivement le plus grand tournoi que j'ai remporté, et particuièrement après être remonté au score. J'ai eu un grand tournoi. Je vais prendre un peu de distance, rentrer à la maison et me reposer.”

Amirreza Fardin MASOUMI VALADI (IRI)Amirreza MASOUMI VALADI (IRI) est devenu champion du monde des 110kg (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

L'Iran est sortie du lot à Budapest lorsqu'Amirreza MASOUMI VALADI (IRI), fils de Fardin, double médaillé mondial et cinquième des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, est devenu le champion du monde des 110kg.

Opposé à James MULLEN (USA), Masoumi Valadi a inscrit deux projections à quatre points puis un contre pour deux points, mettant un terme au combat par 10-0 bien avant les quatre minutes réglementaires.

Mullen pressait Masoumi vers la zone de danger, mais ce dernier a pu le projeter une première fois. La seconde tentative vint du lutteur iranien pour quatre points de plus. Un Mullen désespéré tenta un bras à la volée mais échoua, donnant à l'Iranien la victoire.

La Russie a obtenu l'or des 55kg grâce à une victoire de Magomed BAITUKAEV (RUS) sur Abdinur NURLANBEK (KAZ) par 4-3 dans une finale très tendue, sur un challenge lancé et remporté par la Russie dans les dernières secondes.

Nulanbek défendait son avance en seconde période mais Baitukaev inscrivit un amené au sol tout d'abord non pris en compte, jusqu'après le challenge. Le Kazakh engrangea un point supplémentaire mais ce ne fut pas suffisant pour le titre.

“Je suis très heureux de cette médaille d'or. Mon adversaire était coriace. Mais quand je suis monté sur le tapis, je pensais à la victoire,” a déclaré Baitukaev.

La Russie rebondit

La Russie aura l'occasion d'accaparer une médaille supplémentaire ce mercredi, grâce à un rebond après des débuts hésitants ; elle aura trois lutteurs en finale au second jour des festivités.

De même pour l'Iran et l'Ouzbékistan, qui envoient chacune deux athlètes en finale. Les deux meilleures équipes de ce premier jour, l'Inde et les USA, n'en ont qu'un, et la Turquie occupera la dernière place disponible en finale.

La performance de la Russie mardi la remet dans la course par équipe, prenant la seconde place de l'Inde et se rapprochant des cinq finalistes américains sur les rangs.

Bowen William BASSETT (USA)Bowen BASSETT (USA) sera en finale des 45kg (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

La Russie et les USA s'affronteront lors de la finale des 45kg mercredi. Alikhan ASHINOV (RUS) et Bowen BASSETT (USA) ont chacun dominé leur moitié de tableau respective avec pour perspective cette rencontre au sommet.

Bassett, tout juste âgé de 14 ans, a fait preuve d'une classe à part dans cette compétition, remportant ses deux premiers combats par tombé et la demi-finale par supériorité technique.

Son adversaire en demi-finale, Umidjon ISKANDAROV (UZB), avait réussi à inscrire deux points sur Bassett, mais il en a concédé 13 au jeune cadet américain.

Bassett, insensible au fait d'être le plus jeune lutteur sur le terrain, a déclaré qu'il devenait meilleur à chaque combat et qu'il avait toutes ses chances d'aller jusqu'au bout.

“Je ne laisse pas mon âge m'occuper l'esprit. J'essaye juste d'obtenir la supériorité technique sur tous les autres,” a déclaré Bassett. “Ma performance devenait meilleure à chaque fois. Pour le premier combat j'ai bien lutté et fait mon travail comme il le fallait, mais à chaque combat qui passe je fais mieux. Personne ne peut m'arrêter !”

Il affrontera en finale Ashinov, vainqueur d'Imronbek RAKHMANOV (KGZ) en demi-finale par 6-0. Les 6 points furent inscrits en première période.

Ashinov, natif de Kabardino-Balkarie, s'entraîne dans un village près de Nalchik. Il est enthousiasmé à l'idée d'affronter un lutteur américain en finale.

“Je sais que mon adversaire est un jeune Américain, mais je n'ai jamais vu son style de lutte avant,” a commenté Ashinov. “Mais je serai prêt.”

Bassett a partagé la même impression ; les USA et la Russie partagent, en lutte, une rivalité positive.

“Il [Ashinov] sera plutôt coriace,” a déclaré Bassett. “Je suis heureux de l'affronter en finale. Il y a une rivalité entre les USA et la Russie. Je suis enthousiaste. Ce sera un grand combat et je lui souhaite bonne chance.”

Akhmed Abdulaevitch MUSAEV (RUS)Akhmed MUSAEV (RUS) a vaincu JAIDEEP (IND) pour rejoindre la finale des 71kg à Budapest (Photo : UWW / Martin Gabor)

En 71kg, Akhmed MUSAEV (RUS) a obtenu sa place en finale par une victoire sur mise en danger lors de la demi-finale. Il rencontrera Seyedhassan Esmaeilnezhad Archi (IRI) en finale.

Luttant contre JAIDEEP (IND) en demi-finale, Musaev concéda deux sorties de tapis et était encore mené au score à 20 secondes de la cloche, à ce moment aux mains avec son adversaire. La Russie déposa un challenge et réclama deux points pour Musaev.

Le challenge fut remporté, et la victoire attribuée sur critères 2-2- au Russe. Musaev affrontera en finale Esmaeilnezhad Archi, vainqueur de Yerkhan BEXULTANOV (KAZ) 5-1 en demi-finale.

Zhorik DZHIOEV (RUS) fut le troisième Russe à composter son billet pour une finale, cette fois dans la catégorie des 92kg. Dominateur, Dzhioev a vaincu Gavin NELSON (USA) 8-0 en demi-finale.

"Je me suis bien battu aujourd'hui mais j'ignore ce qu'il en sera en finale,” a commenté Dzhioev, qui s'entraîne au club des Frères Taimazov en Ossétie. “Je n'ai pas vu le combat de mon adversaire, je vais essayer de me préparer comme s'il s'agissait de mon dernier combat.”

Il affrontera Rifat GIDAK (TUR) en finale. Le lutteur Turc fut lui aussi dominateur lors de sa demi-finale, remportée 6-0 sur Yusif DURSUNOV (AZE). Il n'a, de toute la compétition, concédé aucun point à ses adversaires, mais leur en a infligé 21.

L'Iran et l'Ouzbékistan seront en finale des 51kg, où Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) et Ali KHORRAMDEL (IRI) se battront pour l'or de Budapest.

FS 51kg Jesuroga (USA) vs. Jumanazarov (UZB)Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) est en quête de l'or des 51kg (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

La première victime de Jumanazarov fut Nathanael JESUROGA (USA), éliminé 10-0, puis Tigran BUNIATYAN (ARM), vaincu 8-2 en demi-finale.

Khorramdel fut également dominateur cette journée, imfligeant 26 points à ses adversaires sans en concéder aucun lors de ses trois combats. Il affronta CHIRAG (IND) en demi-finale et obtint aisément un 6-0.

Le deuxième lutteur ouzbèque en finale est Kamronbek KADAMOV (UZB), vainqueur en 60kg de Jaskaran SINGH (IND).

Kadamov est médaillé d'argent du championnat du monde cadets de Sofia de 2019. Vainqueur de Baris UNSAL (TUR) par 9-0 en demi-finale, il se prépare à affronter Singh.

“Nous analyserons les vidéos de mon adversaire indien avec mes coachs,” a-t-il déclaré.

Singh, qui s'entraîne à Patiala au Punjab, a infligé 32 points à ses adversaires et en a concédé 4 sur le chemin de la finale. Avec une excellente défense et quelques attaques en ramassement de jambe simple parfaitement exécutées, il atteint les finales après une victoire 6-2 sur Abdulrahman IBRAHIMOV (AZE) 6-2 en demi-finale.

La lutte féminine sera sous les projecteurs mercredi. Le Japon, la Chine et le Canada, trois des meilleurs pays de lutte féminine, seront absents de la compétition pour cause de restrictions de voyage imposées par la pandémie de covid-19.

Sagar PodiumLes quatre médaillés de la catégorie de poids des 80kg à Budapest (Photo : UWW / Kadir Caliskan)

RESULTATS :

48kg
OR : Aman GULIA (IND) df Luke LILLEDAHL (USA), 5-2

BRONZE : Sargis BEGOYAN (ARM) df Rezo MARSAGISHVILI (GEO), par tombé
BRONZE : Nurdanat AITANOV (KAZ) df Akhmad MUSAKHADZHIEV (RUS), 7-2

55kg
OR :
Magomed BAITUKAEV (RUS) df. Abdinur NURLANBEK (KAZ), 4-3

BRONZE : Abdullah TOPRAK (TUR) df Shahdad KHOSRAVI MARDAKHEH (IRI), 5-2
BRONZE : Javid JAVADOV (AZE) df Vaibhav PATIL (IND), 7-5

65kg
OR :
Meyer SHAPIRO (USA) df Giorgi GOGRITCHIANI (GEO), par tombé

BRONZE : Ali REZAEIAGHOUZGELEH (IRI) df Dyanko DYANKOV (BUL), 10-0
BRONZE : Khabib ZAVURBEKOV (RUS) df Aghanazar NOVRUZOV (AZE), 10-2

80kg
OR :
Sagar JAGLAN (IND) df James ROWLEY (USA), 4-0

BRONZE : Tornike SAMKHARADZE (GEO) df Sattarkhan ALLAHVERDILI (AZE), 4-2
BRONZE : Mustafagadzhi MALACHDIBIROV (RUS) df Gabriele NICCOLINI (ITA), par tombé

110kg
OR :
Amirreza MASOUMI VALADI (IRI) df James MULLEN (USA), 10-0

BRONZE : Ilia ZHIBALOV (RUS) df Aynazar BAZARBAEV (UZB), 9-0
BRONZE : SAHIL (IND) df Alikhan KUSSAINOV (KAZ), via fall

Rifat Eren GIDAK (TUR)Rifat GIDAK (TUR), à gauche, est finaliste en 92kg (Photo : UWW / Martin Gabor)

RESULTATS / DEMI-FINALES

45kg
OR :
Alikhan ASHINOV (RUS) vs Bowen BASSETT (USA)

SF 1 : Bowen BASSETT (USA) df Umidjon ISKANDAROV (UZB), 13-2
SF 2 : Alikhan ASHINOV (RUS) df Imronbek RAKHMANOV (KGZ), 6-0

51kg
OR :
Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) vs Ali KHORRAMDEL (IRI)

SF 1 : Ali KHORRAMDEL (IRI) df CHIRAG (IND), 6-0
SF 2 : Nodirbek JUMANAZAROV (UZB) df Tigran BUNIATYAN (ARM), 8-2

60kg
OR :
Jaskaran SINGH (IND) vs Kamronbek KADAMOV (UZB)

SF 1 : Jaskaran SINGH (IND) df Abdulrahman IBRAHIMOV (AZE), 6-2
SF 2 : Kamronbek KADAMOV (UZB) df Baris UNSAL (TUR), 9-0

71kg
OR :
Akhmed MUSAEV (RUS) vs Seyedhassan ESMAEILNEZHAD ARCHI (IRI)

SF 1 : Seyedhassan ESMAEILNEZHAD ARCHI (IRI) df Yerkhan BEXULTANOV (KAZ), 5-1
SF 2 : Akhmed MUSAEV (RUS) df JAIDEEP (IND), 2-2

92kg
OR :
Rifat GIDAK (TUR) vs Zhorik DZHIOEV (RUS)

SF 1 : Zhorik DZHIOEV (RUS) df Gavin NELSON (USA), 8-0
SF 2 : Rifat GIDAK (TUR) df Yusif DURSUNOV (AZE), 6-0

Formée au Japon et aux États-Unis, Yoneoka espère entraîner la Norvège vers le succès mondial

By Ken Marantz

TOKYO, Japon (20 juillet) -- Yurie YONEOKA a pris sa part de coups tout au long de sa carrière de lutte, mais elle semble toujours retomber sur ses pieds. Cette fois, elle s'est retrouvée sur un deuxième continent différent.

Yurie Yoneoka, une Japonaise qui a participé à des compétitions universitaires aux États-Unis avant d'y devenir entraîneur, a été engagée comme entraîneur principal de l'équipe nationale féminine de Norvège, qui espère que le succès de son pays d'origine pourra déteindre sur elle après des décennies de maigres résultats.

La Norvège, qui figurait parmi les meilleures nations de lutte féminine au début des années 1990, n'a pas produit de championne du monde depuis que Gudren HOELE a remporté la dernière de ses cinq médailles d'or mondiales en 1998 dans la catégorie des 56 kg, et sa dernière médaille mondiale, quelle qu'elle soit, est une bronze obtenue en 2005 par Lene AANES dans la catégorie des 59 kg.

Yurie Yoneoka, 29 ans, a été engagée pour un contrat initial de deux ans, mais avec pour objectif de produire des résultats aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. C'est une tâche difficile en soi, car la Norvège n'a eu qu'une seule femme qualifiée en lutte pour les Jeux olympiques dans son histoire, lorsque Signe Marie STORE s'est qualifiée dans la catégorie des 69 kg aux Jeux de Rio en 2016, mais a terminé 18ème.

YoneokaYurie YONEOKA s'entretient avec la presse lors d'un récent voyage de retour au Japon. (Photo: Japan Wrestling Federation)

“Nous avons un objectif de six ans qui est Los Angeles [2028]", a déclaré Yurie Yoneoka lors d'une interview à Tokyo au début du mois, alors qu'elle était revenue pour assister à un mariage. "Mais nous devons faire des pas de bébé. La première chose à faire est donc de remporter une médaille aux Championnats d'Europe chez les seniors et chez les juniors [U20].

“Nous espérons obtenir une médaille aux championnats du monde. C'est la façon la plus proche d'aller aux Jeux olympiques", a-t-elle déclaré, en faisant référence aux places de qualification directe pour les Jeux olympiques disponibles lors des Championnats du monde.

Yurie Yoneoka, qui souhaite à terme obtenir un poste de direction à United World Wrestling afin de faire progresser le statut des femmes et du Japon, a découvert l'ouverture du poste en Norvège grâce à une annonce sur le site web d'UWW. Elle a immédiatement postulé et, après un long processus d'entretien, a été engagée en juin.

"À l'époque, j'étais entraîneur à l'université aux États-Unis et je cherchais à franchir une étape pour un poste d'entraîneur de plus haut niveau", dit-elle. "Mon objectif [ultime] dans la vie est de travailler pour United World Wrestling. Je me suis donc demandé quelles étaient les bonnes étapes pour atteindre mon objectif, et j'ai pensé qu'un poste d'entraîneur de haut niveau serait une très bonne opportunité.”

YoneokaYurie YONEOKA s'adresse aux membres de l'équipe nationale norvégienne pour la première fois lors d'une brève visite le mois dernier. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

La Norvège a une star senior en la personne de Grace BULLEN, double championne d'Europe, mais elle n'a pas encore répondu aux attentes en termes de médailles mondiales et de qualification olympique. Yurie Yoneoka a déclaré qu'elle se concentrerait davantage sur le développement de la prochaine génération de lutteurs.

“La fédération m'a demandé de me concentrer sur les U20, a-t-elle déclaré. "Mais je vais faire beaucoup de camps pour rassembler les filles et créer des liens entre elles, quel que soit leur âge. Pour les U17 et U15, je continuerai probablement à entraîner et à me rendre à la compétition si je suis disponible, mais pas super-focalisée, plutôt un soutien.”

Yurie Yoneoka cherche à centraliser les opérations de l'équipe nationale à Oslo et a déjà organisé un camp d'entraînement pour septembre. Elle n'a rencontré que brièvement les membres de l'équipe et attend toujours un visa de travail et un logement.

Ayant été exposée à ce sport à la fois au Japon et aux États-Unis, Yurie Yoneoka pense qu'elle apporte une large perspective à la Norvège et peut permettre aux membres de l'équipe de trouver le style qui leur convient le mieux.

"Tout en tirant le meilleur parti du style propre à chaque individu, je crois qu'il est vital d'ajouter à ce qu'ils font bien, plutôt que de changer complètement leur lutte", a déclaré Yurie Yoneoka dans une interview antérieure sur le site de la JWF. "Six ans vont passer avant que vous ne le sachiez. S'il y a le moindre sentiment d'hésitation, le but s'éloignera."

En ce qui concerne les différences, "le style japonais est très axé sur les bases, et elles ont une technique élevée. Très bon conditionnement", déclare Yurie Yoneoka. “Le style américain est très puissant, avec de grands mouvements dynamiques. Ils aiment montrer des choses. Et ils ont un manque de conditionnement. Bien sûr, ils n'ont pas fait beaucoup de style libre, donc c'est probablement un point. Le style européen est très mélangé, et je dirais qu'il est très équilibré entre le style japonais et le style américain.”

YoneokaYurie YONEOKA, au centre à droite, pose avec ses coéquipières de l'Université de Providence après s'être classée sixième aux championnats nationaux collégiaux des États-Unis 2019. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

Venir en Amérique

Bien que Yurie Yoneoka n'ait jamais participé à un championnat du monde ou d'Asie à quelque niveau que ce soit, elle était une lutteuse de lycée meilleure que la moyenne, se classant troisième aux championnats nationaux de lycée à une époque qui allait produire plusieurs futurs champions olympiques.

Mais une désillusion ultérieure concernant son programme universitaire au Japon a déclenché un voyage qui l'a amenée dans l'une des régions les plus rurales et les plus éloignées des sentiers battus d'Amérique.

Comme pour le poste en Norvège, l'intérêt de Yurie Yoneoka pour un saut de l'autre côté du Pacifique a été suscité par une annonce en ligne, celle-ci sur le site de la Japan Wrestling Federation en 2013. Il y avait un appel pour les lutteurs japonais intéressés par la compétition universitaire aux États-Unis.

À l'origine du projet se trouve Tadaaki HATTA, ancien champion NCAA et entraîneur de l'équipe nationale américaine, qui a longtemps servi de lien entre les deux pays.

Dans le passé, quelques Japonais comme Hatta sont allés dans des universités américaines, notamment Yojiro UETAKE, qui est resté invaincu à Oklahoma State dans les années 1960 et est devenu deux fois champion olympique, et Sanshiro ABE, qui a remporté un titre NCAA à Penn State en 1996 et a participé aux Jeux olympiques d'Atlanta cette année-là. Mais Yurie Yoneoka reste toujours la seule femme à avoir franchi le pas. Et le chemin n'a pas été facile. Yurie Yoneoka a d'abord dû passer le test d'anglais comme langue étrangère (TOEFL), un obstacle redoutable étant donné que "[l'anglais] était la matière pour laquelle j'ai toujours eu les plus mauvaises notes à l'école. J'étais toujours la dernière de la classe. J'ai donc littéralement commencé par le niveau 'Ceci est un stylo'."

Quelle persévérance! Yurie Yoneoka a échoué le test 14 fois - 14 fois ! -- sur une période de quatre ans, avant d'obtenir la note de passage. Pendant cette période, elle a travaillé à temps partiel comme réceptionniste dans un magasin de nettoyage à sec et comme membre du personnel chez Costco.

Yoneoka avait été recrutée pour intégrer l'université de Jamestown, dans le Dakota du Nord, et l'école a patiemment attendu qu'elle passe le test TOEFL. "Nous sommes restés en contact et [l'école] m'a toujours soutenue dans ce que je faisais", a-t-elle déclaré.

Malheureusement, après son arrivée à Jamestown, elle n'a pas pu participer aux compétitions dès sa première année pour des raisons qu'elle ne comprend toujours pas. L'année suivante, l'entraîneur Tony DEAND a pris un nouveau poste à l'Université de Providence à Great Falls, Montana, et a emmené Yurie Yoneoka avec lui. Et une fois de plus, elle a été déclarée inéligible à la compétition pour une saison. Lorsque Deand est parti après une seule saison, Yurie Yoneoka est restée à Providence.

Si le fait de partir étudier à l'étranger lui a offert plus de liberté qu'au Japon, Yurie Yoneoka était trop occupée en tant qu'étudiante-athlète pour s'impliquer dans la vie sociale. "Je ne faisais pas beaucoup la fête", dit-elle. "Je devais aussi gagner de l'argent, car je n'ai pas reçu de bourse complète. Je devais travailler sur le campus, au Starbucks, pour seulement deux ou trois services [par semaine]."

Elle décrit sa routine comme suit : "entraînement le matin, aller en cours, travailler et s'entraîner. C'était tout."

Finalement, son année junior a été la seule au cours de laquelle elle a réalisé une saison de compétition complète. Elle a remporté des titres à l'Open de Spokane et à la Battle of the Rockies, puis a terminé sixième au championnat 2019 de la Women's Collegiate Wrestling Association à 116 livres (52,6 kg). Elle était classée troisième de la nation en 109 livres (49,5 kg) lors de sa dernière année, mais les championnats de 2020 ont été annulés à cause de la pandémie.

Après avoir obtenu un diplôme en sociologie, elle a été engagée comme entraîneur adjoint à Providence, devenant ainsi la toute première Japonaise à entraîner au niveau universitaire aux États-Unis.

Elle dit qu'il a été difficile de quitter Providence et l'équipe pour prendre le poste avec l'équipe norvégienne, mais dit que la réponse a été positive. "C'était assez difficile, surtout pour les filles avec qui j'avais construit une très bonne relation", dit-elle. "Elles étaient très tristes, mais elles étaient heureuses pour moi que j'obtienne le poste."

YoneokaYurie YONEOKA, deuxième en partant de la droite, se tient sur le podium après s'être classée troisième à la Junior Queens Cup 2010. À sa droite, la championne Risako KAWAI, désormais double médaillée d'or olympique. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

Un pot-de-vin sucré lance une carrière

L'entrée de Yurie Yoneoka dans le monde de la lutte a été essentiellement le résultat d'un pot-de-vin. Le coupable : son père. L'appât : le chocolat.

Née à Tokyo, la famille de Yurie Yoneoka a déménagé à Kashiwa, dans la préfecture de Chiba, alors qu'elle était encore enfant. Son père, qui était un joueur de handball amateur dévoué, cherchait un sport pour sa fille de quatre ans lorsqu'il a vu une affiche au centre sportif municipal local. Il s'agissait d'une affiche pour un club local de lutte pour enfants.

“Il m'a dit : "Ça y est", se souvient Yurie Yoneoka. "Mais j'étais une fille très, très timide et il m'a dit : 'Tu veux y aller parce que je vais t'acheter du chocolat'. Et j'adore le chocolat. Le chocolat est donc la seule raison pour laquelle je me suis lancée dans la lutte.”

Elle se souvient encore de son premier jour dans ce sport. "C'était un entraînement très dur. [Mon père] m'a lancée dans l'entraînement, et j'ai dû faire tout l'entraînement le premier jour. J'ai presque pleuré."

Mais avec un mélange de détermination et d'entêtement qui lui permettra de traverser des moments difficiles plus tard dans sa vie, Yurie Yoneoka s'est accrochée et a montré son potentiel. Elle a développé une passion pour ce sport et a continué jusqu'à ce qu'elle soit obligée d'arrêter brièvement à cause de l'un des principaux problèmes sociaux du Japon, l'intimidation, dont elle a été victime au collège.

"J'ai été très malmenée et je n'ai pas pu aller à l'école pendant un certain temps", dit-elle. "J'ai donc dû arrêter la lutte aussi parce que l'équipe de lutte s'entraînait dans ce collège. Quelques mois plus tard, j'ai simplement changé d'école."

Déterminée à reprendre le sport, elle a passé les examens d'entrée du lycée Saitama Sakae dans la préfecture voisine de Saitama. Il s'agit de l'une des meilleures écoles de lutte de la région du Kanto, qui comprend Tokyo et les préfectures environnantes, mais aussi d'une école à vocation académique.

"Je voulais être la meilleure lutteuse possible, et mon rêve était aussi d'aller aux Jeux olympiques", dit Yurie Yoneoka. "Je me suis demandée où je pourrais aller pour atteindre cet objectif. Il n'y avait que quelques écoles sélectives dans la région de Kanto, car la lutte [féminine] était encore en développement.

"Sakae était une très bonne école qui avait aussi un très bon programme académique. Mes parents voulaient seulement que je fasse de mon mieux pour les études et le sport. [Ils ont dit]  si tu suis le programme d'études avancées, tu pourra continuer à lutter. J'ai étudié et je suis entrée dans l'école."

Outre le programme d'études, aller à Sakae signifiait endurer une autre épreuve : un trajet en train de deux heures depuis son domicile à Kashiwa. "Ces trois années ont probablement été l'une des périodes les plus difficiles de ma vie", dit-elle. "Les entraînements commençaient à 7 heures le matin, je devais donc me réveiller avant 5 heures et sauter dans le train pendant deux heures."

YoneokaYurie YONEOKA pose avec les membres de l'équipe U15 de Norvège. (Photo courtesy of Yurie Yoneoka)

En 2010, Yurie Yoneoka s'est classée troisième dans la division U17 de la Junior Queens Cup en 49 kg, une catégorie de poids remportée par la future double championne olympique Risako KAWAI. L'année suivante, elle a remporté une médaille de bronze aux Championnats nationaux des lycées dans cette catégorie de poids, qui a été remportée par Nanami IRIE, une future médaillée d'argent aux championnats du monde.

Pour vous donner une idée de la compétitivité des championnats nationaux des lycées de 2011, les championnes de trois autres catégories de poids sont devenues championnes olympiques : Kawai, Eri TOSAKA et Sara DOSHO. Yurie Yoneoka a rencontré Tosaka lors d'un camp de lutte à l'école secondaire et elles sont restées amies jusqu'à ce jour.

"C'était vraiment difficile", a déclaré Yurie Yoneoka à propos de la compétition. "J'étais en fait très peu sûre de moi en ce qui concerne la lutte. Cela m'a donné la force de persévérer, de m'améliorer chaque jour. Mais je n'étais pas sûre de pouvoir y arriver."

Alors que les Trois Grandes ont fini par rejoindre l'université Shigakkan, Yurie Yoneoka a été poussée par son entraîneur à rester dans la région de Kanto et à rejoindre l'université Toyo. Elle ne s'est jamais vraiment intégrée au programme et, après trois années médiocres, elle a abandonné en dernière année lorsque l'opportunité d'aller aux États-Unis s'est présentée.

"La communauté de la lutte est assez soudée, et mon entraîneur au lycée m'a poussée à aller à l'université de Toyo", dit-elle. "J'ai aimé cette université en tant que telle, mais la situation de l'équipe n'était pas ce que j'avais imaginé ou ce que je souhaitais. Ce n'était pas la meilleure situation pour moi en tant qu'athlète.

"Je ne regrettais pas d'avoir quitté l'équipe, mais j'avais le sentiment que je ne devais pas quitter la lutte elle-même. Je me sentais dévasté à propos de la lutte. Je me demandais ce que je devais faire de ma vie. Tout ce que j'avais fait dans ma vie, c'était de la lutte. Au très, très bon moment, j'ai vu la publicité de Tadaaki Hatta."

Après avoir vu leur fille passer les six dernières années environ aux États-Unis, que pensent ses parents du fait que son parcours professionnel l'amène maintenant en Norvège?

"Mes parents ont tout d'abord été surpris", dit-elle. "Mais ils savent que même s'ils disent quelque chose, je ferai toujours ce que je veux. Pour mes parents, c'était comme : "d'accord, vas-y.'

"Mes amis m'ont dit : "La Norvège ? Je croyais que tu vivrais aux États-Unis pour toujours.'"

Yurie Yoneoka attend avec impatience la première fois où une de ses lutteuses norvégiennes affrontera une adversaire japonaise sur le tapis.

"J'ai l'impression que je serai fière de la Norvégienne de concourir contre une Japonaise, car évidemment, les lutteuses japonaises sont les meilleures", dit-elle. "Mais je pense que ce sera bon pour moi d'apprendre certaines choses aussi, et j'ai tellement de respect pour la fédération de lutte et les lutteuses japonaises. Ce sera un peu nostalgique, mais ce sera un bon sentiment."

Dans l'ensemble, il s'agit également de faire accepter les femmes dans ce sport.

"Aux États-Unis, il y a encore des problèmes de manque de respect de la lutte féminine par les lutteurs masculins ou même simplement par les hommes", dit-elle. C'est un gros problème et j'ai l'impression que les filles doivent encore se défendre, ce qui est assez triste.

"En Norvège, il y a un grand système d'égalité, comme les hommes et les femmes doivent être égaux. Je pense que c'est une bonne chose, mais dans le milieu de la lutte, c'est un combat difficile. Bien sûr, je me défendrai pour moi et pour mes filles, ainsi que pour mon avenir en tant que femme. C'est l'un de mes objectifs."