Lutte Féminine

Lutteuse de l'année, Mensah illumine le classement mondial de lutte féminine

By Andrew Hipps

CORSIER-SUR-VEVEY, Suisse (le 1er avril) – Après une éblouissante année 2019 couronnée par le prix United World Wrestling de Lutteuse de l'année, Tamyra MENSAH (USA) ouvre sa saison 2020 en première place du classement mondial de lutte féminine dans la catégorie des 68kg.

Mensah, championne du monde en titre de la catégorie, détient la plus grande quantité de points (92) toutes catégories de lutte féminine incluses, et est l'une des deux Américaines classées premières mondiales - Adeline GRAY, quintuple championne du monde, est en tête du classement des 76kg.

Dominateur de la lutte féminine mondial, le Japon place 5 athlètes dans le top 10 de leurs catégories de poids respectives, dont les deux championnes olympiques 2016 Risako KAWAI (No.1 en 57kg) et Sara DOSHO (No.10 en 68kg).

Les finalistes des mondiaux de Noursoultan Vuc et Stadnik au sommet des 50kg
50kg, Emilia VUC (ROU) et Mariya STADNIK (AZE), qui avaient disputé la finale des 50kg du championnat du monde de Noursoultan en 2019, sont au sommet de classement mondial. Vuc, vice-championne du monde, avait concédé la défaite face à Stadnik. Début 2020, elle a remporté l'argent au Matteo Pellicone et s'est placée septième au championnat d'Europe. Stadnik, triple médaillée olympique, avait récolté son second titre mondial ainsi que sa sixième médaille en championnat du monde à Noursoultan.

Oksana LIVACH (UKR), médaillée mondiale de bronze en 2018, sortit cinquième en 2019 et est actuellement classée No.3 après avoir médaillé au Matteo Pellicone (bronze) et au championnat d'Europe (argent).

Egalement médaillée mondiale de bronze en 2019, Valentina ISLAMOVA BRIK (KAZ) est classée No.4 grâce à la médaille de bronze qu'elle a obtenue au championnat d'Asie 2020.

Top 10 des 50kg
1. Emilia VUC (ROU) - 66
2. Mariya STADNIK (AZE) - 60
3. Oksana LIVACH (UKR) - 50
4. Valentina ISLAMOVA BRIK (KAZ) - 39
5. Evin DEMIRHAN (TUR) - 32
6. Victoria ANTHONY (USA) - 30
7. Devi NIRMALA (IND) - 26
8. Ekaterina POLESHCHUK (RUS) - 25
--- hors concours du top 4 ---
9. Yanan SUN (CHN) - 20
10. Miglena SELISHKA (BUL) - 20

La championne du monde Pak reste No.1 des 53kg, Mukaida deuxième
La championne du monde PAK Yong (PRK) a vaincu deux fois Mukaida en 2019, dernièrement en victoire par supériorité technique lors de la finale des mondiaux de Noursoultan. Pak et Mukaida sont classées respectivement première et deuxième de la catégorie de poids des 53kg, séparées de quatre points seulement ; Mukaida s'est saisie de l'argent d'Asie lors du championnat de cette année.

Médaillée mondiale de bronze, VINESH (IND) fait une saison remarquable et a médaillé au Matteo Pellicone et au championnat d'Europe ; elle se place à la troisième place du classement mondial.

Luisa VALVERDE MELENDRES (ECU), classée 4ème, a récemment remporté l'or du championnat panaméricain d'Ottawa après une médaille d'argent au Matteo Pellicone. Médaillée mondiale de bronze à Noursoultan et de bronze aussi au Matteo Pellicone, Qianyu PANG (CHN) clôt le top 5 des 53kg.

Top 10 des 53kg
1. Yong PAK (PRK) - 60
2. Mayu MUKAIDA (JPN) - 56
3. Vinesh VINESH (IND) - 55
4. Luisa VALVERDE MELENDRES (ECU) - 50
5. Qianyu PANG (CHN) - 37
6. Maria PREVOLARAKI (GRE) - 32
7. Vanesa KALADZINSKAYA (BLR) - 32
--- hors concours du top 4 ----
8. Lianna de la Caridad MONTERO HERRERA (CUB) - 30
9. Roksana ZASINA (POL) - 20
10. Tatyana AKHMETOVA AMANZHOL (KAZ) - 18

Kawai sécurise la tête de série No.1 pour les JO de Tokyo
Kawai, championne du monde et championne olympique en titre, s'est assurée la tête de série No.1 pour les Jeux Olympiques de Tokyo en remportant sa quatrième médaille d'or d'Asie. La star japonaise de 25 ans a également remporté son troisième titre mondial en se défaisant de la championne du monde Ningning RONG (CHN).

Médaillée de bronze à Noursoultan, Odunayo ADEKUOROYE (NGR) occupe largement la seconde place du classement mondial des 57kg mais reste à 17 points derrière Kawai. Adekuoroye, trois fois médaillée mondiale, a réalisé un beau début de saison 2020, remportant l'or du Pellicone et son sixième titre africain.

Iryna KURACHKINA (BLR), médaillée de bronze en 2017 et 2019, n'est qu'à un seul point de Rong pour la troisième place de la catégorie. Kurachkina s'était emparée du bronze au championnat d'Europe de février dernier, sa troisième médaille européenne d'affilée.

Top 10 des 57kg
1. Risako KAWAI (JPN) - 78
2. Odunayo ADEKUOROYE (NGR) - 61
3. Iryna KURACHKINA (BLR) - 41
4. Ningning RONG (CHN) - 40
5. Giullia RODRIGUES PENALBER DE OLIVEIRA (BRA) - 34
6. Marina SIMONYAN (RUS) - 32
7. Grace BULLEN (NOR) - 32
8. Anshu ANSHU (IND) - 30
9. Alina AKOBIIA (UKR) - 30
--- hors concours du top 4 ---
10. Jowita WRZESIEN (POL) - 20

La première championne du monde kirghizeTynybekova reste No.1 des 62kg
Aisuluu TYNYBEKOVA (KGZ) avait écrit l'histoire en septembre dernier, devenant la première lutteuse kirghize à décrocher un titre senior mondial par sa médaille d'or en catégorie des 62kg. Tynybekova a continué sur sa lancée en 2020, remportant le Pellicone ainsi que le bronze du championnat d'Asie. Elle détient la seconde place en quantité de points récoltés toutes lutteuses confondues et a sécurisé la tête de série No.1 pour les JO de Tokyo. 

Six fois médaillée mondiale, Taybe YUSEIN (BUL), vice-championne à Noursoultan face à Tynybekova, est classée deuxième des 62kg. Championne du monde en 2018, elle est repartie avec le bronze du championnat d'Europe 2020, sa septième médaille européenne en tout.

Yuliia TKACH OSTAPCHUK (UKR), championne du monde en 2014 et quatre fois médaillée mondiale, est classée No.3 des 62kg après l'or du championnat d'Europe. Yukako KAWAI (JPN), médaillée mondiale de bronze, avait vaincu Tynybekova pour s'approprier l'or du championnat d'Asie.

Top 10 des 62kg
1. Aisuluu TYNYBEKOVA (KGZ) - 90
2. Taybe YUSEIN (BUL) - 56
3. Yuliia TKACH OSTAPCHUK (UKR) - 50
4. Yukako KAWAI (JPN) - 43
5. Kayla MIRACLE (USA) - 26
6. Mariana CHERDIVARA ESANU (MDA) - 26
7. Henna JOHANSSON (SWE) - 25
--- hors concours du top 4 ---
8. Marianna SASTIN (HUN) - 20
9. Jong RIM (PRK) - 20
10. Marwa AMRI (TUN) - 18

Mensah tête de série No.1 pour les JO en 68kg
La championne du monde en titre Tamyra Mensah a vérouillé la tête de série No.1 pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Médaillée d'or à Noursoultan, Mensah a enchaîné sur l'argent du Matteo Pellicone et l'or du panaméricain, où sa performance fut récompensée par le prix de Lutteuse d'exception grâce à trois victoires par tombé et une par supériorité technique.

Classée No.2 des 68kg, la Nigérianne Blessing OBORUDUDU (NGR) a remporté cette année son dixième titre de championne d'Afrique, écrasant ses adversaires 40 à rien. Oborududu a également obtenu le bronze au championnat d'Europe 2020. Championne du monde et médaillée olympique, Jenny FRANSSON (SWE), vice-championne face à Mensah au championnat du monde de Noursoultan, occupe la troisième place du classement mondial de la catégorie.

Top 10 des 68kg
1. Tamyra MENSAH (USA) - 92
2. Blessing OBORUDUDU (NGR) - 48
3. Jenny FRANSSON (SWE) - 40
4. Anna SCHELL (GER) - 39
5. Alla CHERKASOVA (UKR) - 36
6. Divya KAKRAN (IND) - 28
7. Danielle LAPPAGE (CAN) - 26
8. Battsetseg SORONZONBOLD (MGL) - 25
9. Koumba LARROQUE (FRA) - 24
--- hors concours du top 4 ---
10. Sara DOSHO (JPN) - 20

La quintuple championne du monde Adeline Gray toujours No.1 des 76kg
Gray, quintuple championne du monde, est classée No.1 des 76kg et part en quête de sa première médaille olympique. Elle a atteint la finale du championnat panaméricain au mois de mars, où elle a dû déclarer forfait pour blessure et se contenter de l'argent.

Hiroe MINAGAWA SUZUKI (JPN), médaillée d'argent au championnat du monde de Noursoultan, a décroché l'or d'Asie lors du championnat et détient la deuxième place derrière Gray.

Aline ROTTER FOCKEN (GER), championne du monde en 2014, est depuis plusieurs années au sommet du classement mondial et se situe actuellement en troisième place du classement des 76kg. Elle s'est saisi du bronze à Noursoultan et obtient cette année de bons résultats : bronze au Matteo Pellicone, ainsi qu'au championnat d'Europe.

Médaillée de bronze du championnat d'Asie, Elmira SYZDYKOVA (KAZ) occupe la quatrième place tandis que Qian ZHOU (CHN), vice-championne au Pellicone, clôt le top 5 de la catégorie.

Top 10 des 76kg
1. Adeline GRAY (USA) - 76
2. Hiroe MINAGAWA SUZUKI (JPN) - 58
3. Aline ROTTER FOCKEN (GER) - 53
4. Elmira SYZDYKOVA (KAZ) - 44
5. Qian ZHOU (CHN) - 34
6. Erica WIEBE (CAN) - 30
--- hors concours du top 4 ---
7. Epp MAEE (EST) - 25
8. Vasilisa MARZALIUK (BLR) - 24
9. Ekaterina BUKINA (RUS) - 20
10. Hui Tsz CHANG (TPE) - 18

#JapanWrestling

L'ancienne star japonaise de lycée veut mettre les Samoa sur la carte de la lutte

By Ikuo Higuchi

(Note de la rédaction : le texte suivant est apparu sur le site internet de la Japan Wrestling Federation le 2 novembre. Il a été traduit et publié avec son autorisation.)

TOKYO -- Sur le calendrier japonais de la lutte, l'Open National non étudiant se situe bien en dessous du niveau des tournois majeurs tels que la Coupe de l'Empereur ou la Coupe Meiji, qui servent de qualificatifs pour les équipes mondiales et olympiques.

Il est donc rare de voir un futur membre de l'équipe olympique participer au tournoi. Pourtant, lors de l'évènement de cette année, qui se déroulait pour la première fois en 3 ans en raison de la pandémie, il y en avait un, bien que ce ne soit pas l'équipe japonaise que Gaku AKAZAWA souhaite intégrer pour les Jeux Olympiques Paris 2024.

Ancienne star de lycée, Akazawa a remporté le titre de lutte libre en 70kg en tant que membre d'une équipe de l'île du Pacifique nation de Samoa, qu'il espère représenter à Paris. 

Akazawa, âgé de 32 ans, dont la quête pour la gloire olympique comprenait un congé sabbatique de 4 ans en Russie, luttait dans son pays natal pour la première fois en trois ans à l'Open non étudiant qui s'est tenu du 29 au 30 octobre à Fujimi, Préfecture de Saitama, au nord de Tokyo.

Akazawa, qui n'a pas réussi à obtenir la nationalité samoane à temps pour les Jeux Olympiques de Tokyo, espère obtenir ses papiers à temps pour Paris. "Je n'ai jamais cessé de rêver de participer aux Jeux Olympiques," a-t-il déclaré. "Je ferai tous les efforts possibles pour devenir un olympien de Samoa."

JPNGaku Akazawa célèbre sa victoire en lutte libre 70kg pour l'équipe Samoa. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

La dernière compétition d'Akazawa au Japon remonte aux Championnats All-Japan de la Coupe de l'Empereur 2016. La victoire à Fujimi était sa première où que ce soit depuis qu'il a remporté le titre national inter-lycées en 66kg en 2008, ce qui a fait de lui le tout premier champion national du Lycée Hanasaki Tokuharu dans la Préfecture de Saitama.

Son entraîneur à Hanasaki Tokuharu, Takuya TAKASAKA, était présent pour voir l'ancien prodige montrer son esprit combatif avec des victoires difficiles sur plusieurs adversaires avec des pedigrees. En demi-finale, Akazawa a battu le champion collégiale national 2018 Hayato OGATA 8-2, puis s'est emparé du titre avec une victoire 6-2 sur Kantaro YAMAZAKI, qui avait remporté les titres de printemps et d'automne de la ligue collégiale de l'est du Japon en 2018.

"Cela faisait longtemps que je n'avais pas lutté au Japon, aussi je n'avais aucune idée du niveau auquel j'étais," a déclaré Akazawa. "J'étais nerveux. En remportant le titre, j'ai pu me faire une idée de mon niveau et, honnêtement, je suis réellement très content."

Interrogé sur l'origine de sa ténacité et de son endurance qui lui ont permis de rallier les victoires, il a répondu, "Tous les matins et tous les soirs, parfois trois fois par jour, je m'entraîne intensément. Je pense que cela s'est vu aujourd'hui."

A Samoa, la lutte est encore loin d'être populaire et, avec la pandémie qui a limité les activités, il y a seulement 10 lutteurs âgés de plus de 14 ans dans tout le pays. La majorité des compétiteurs sont encore débutants et  il ne peut pas s'entraîner de manière à aiguiser ses compétences. "Au lieu de cela, je pense que j'ai pu gagner grâce à ma force physique," a-t-il déclaré.

JPN1Akazawa, à droite, pose avec les compétiteurs des championnats nationaux Samoans dans la capitale Apia en août 2021, où il officiait en tant qu'arbitre. (Photo avec l'aimable autorisation de Gaku Akazawa)

Depuis la Russie, avec détermination

L'Open non-étudiant, comme son nom l'indique, s'adresse à tous ceux qui ne sont pas à l'école et attire un large éventail de lutteurs aux parcours variés, des anciens champions du lycée à ceux qui ont commencé ce sport après avoir quitté l'université pour garder la forme et peut-être s'entraîner le week-end dans un club local.

Mais pour Akazawa, cela représente un défi directement lié au fait de se rendre à Paris. "Je n'avais pas lutté au Japon depuis longtemps, donc je pense qu'il y avait des gens qui pensaient que j'avais pris ma retraite," a-t-il déclaré avec un sourire.

Akazawa, qui a remporté le titre national junior de lycée et le titre JOC olympique junior, est venu à l'Université de Nihon University après son succès de Inter-High School, mais n'a pas été en mesure de le réitérer au niveau collègial. Plombé par des blessures, le dossier de Akazawa dans la base de données du site internet de la Fédération japonaise de lutte, qui répertorie tous les résultats, ne comporte aucune entrée pour ses années à Nihon.

Il ne fera sa première apparition à la Coupe de l'Empereur (organisée en décembre) qu'en 2013, l'année où il a obtenu son diplôme de Nihon. Il s'est classé cinquième en 60 kg.

N'abandonnant jamais son rêve olympique, il choisit une voie qui le mène vers l'une des principales puissances du sport, la Russie. Il s'est rendu à Krasnoyarsk, la ville sibérienne bien connue au Japon pour avoir accueilli le prestigieux Grand Prix Ivan Yarygin, pour poursuivre sa carrière.

Il n'avait pas de sponsor. À l'expiration de son visa, il retournait au Japon, faisait quelques petits boulots pour économiser de l'argent, puis retournait à Krasnoïarsk. Il a enduré cette vie instable pendant quatre ans, de 2013 à 2017, tout cela à cause de son amour pour ce sport et de son désir de devenir un champion olympique.

Mais peu importe son entraînement dans un pays de lutte de haut niveau, une telle instabilité dans sa vie quotidienne rendait certainement difficile la concentration sur le sport. Il est retourné au Japon pour participer à la Coupe de l'Empereur et à la Coupe Meiji (les championnats sur invitation du Japon, qui ont lieu au printemps), mais il n'a pas réussi à monter sur le podium.

Les Jeux olympiques semblaient plus éloignés que jamais. Mais son rêve ne s'est jamais évanoui. Ce qui a attiré son attention, c'est qu'un de ses copains lutteurs russes, au lieu de concourir pour l'équipe russe , avait changé de nationalité et s'était rendu aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si une telle démarche est excessivement rare au Japon, elle n'est pas sans précédent. Un comédien mineur nommé Neko HIROSHI (neko signifie chat ; son vrai nom est Kuniaki TAKIZAKI) est devenu citoyen cambodgien pour pouvoir courir le marathon masculin aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

Si son geste a attiré l'attention en tant que célébrité, il a également dû faire face à des critiques car son meilleur temps n'aurait même pas fait partie de l'équipe féminine japonaise. Il a terminé à la 138e place à Rio, à 37 minutes du vainqueur, avec un temps qui l'aurait placé à la 85e place chez les femmes.

Akazawa, dont le cas est différent dans la mesure où il est déjà au niveau mondial, a commencé à réfléchir à la manière dont il pourrait changer de nationalité. Il s'est mis à penser aux pays où il serait le plus facile de se qualifier et a été attiré par l'Océanie. Un professeur d'anglais de l'époque où il était au collège a été envoyé à Samoa dans le cadre d'un programme de l'Agence japonaise de coopération internationale en tant qu'instructeur de judo, et Akazawa a pris contact avec lui.

C'est à partir de ce moment-là qu'il s'est installé à Samoa en juin 2017.

JPN3Maulo Willie ALOFIPO, ancien joueur de rugby, a accompagné Akazawa au Japon et a terminé second dans les deux styles. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Faire passer le message à Samoa

Jerry WALLWORK, Président de la Fédération de lutte samoane, croit en l'enthousiasme et le dévouement d'Akazawa et lui apporte son soutien. L'année suivante, Akazawa épouse une infirmière locale nommée Sinevalley. Il a demandé un changement de nationalité en vue des Jeux olympiques de Tokyo, mais il n'est pas arrivé à temps. "C'est difficile d'obtenir la nationalité samoane", a déclaré Akazawa.

Akazawa gagne actuellement sa vie en tant que propriétaire d'un salon de massage, et peut poursuivre sa carrière de lutteur grâce au soutien de la fédération. Pour l'Open non-étudiant, Samoa était sorti du confinement et Akazawa a dû rentrer au Japon pour une affaire de famille, il a donc décidé de profiter de l'occasion pour participer au tournoi et voir où il en était.

Il devait être accompagné de deux lutteurs samoans, qui ont participé aux tournois individuels dans les deux styles. Le trio devait également participer à l'épreuve par équipe. Cependant, le père d'un des lutteurs est tombé malade et n'a pas pu faire le voyage, et l'équipe Samoa a dû se retirer.

Le lutteur restant, Maulo Willie ALOFIPO, a tiré le meilleur parti de son voyage, remportant des médailles d'argent dans les deux styles en 97 kg et acquérant une précieuse expérience internationale. Ce jeune homme de 25 ans était à l'origine un joueur de rugby et ne pratique la lutte que depuis deux ans.

"Il y a des points communs entre le rugby et la lutte", a dit Akazawa à Alofipo en le recrutant pour cette dernière. "Tu peux le faire juste une fois par semaine si tu veux, mais pourquoi ne pas essayer ?".

Alofipo a progressivement commencé à consacrer plus de temps à la lutte. Il s'entraîne le matin avant de se rendre à son travail la journée dans une plantation de cacao, puis retourne sur le tapis pour une séance du soir.  Il a fait ses débuts sur la scène internationale en août de cette année, terminant cinquième en lutte libre 97 kg aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, en Angleterre.

Quant à sa deuxième place au tournoi du Japon, il a déclaré : "Je suis vraiment heureux. Le Japon est un pays de très haut niveau. C'est un plaisir de pouvoir se battre ici".

Interrogé sur son objectif à partir de maintenant, il a répondu : "Les Jeux olympiques".

Akazawa et Alofipo sont restés au Japon après le tournoi et prévoient d'y rester jusqu'à fin décembre. Akazawa a déclaré qu'ils s'entraîneront dans ses écoles d'origine, la Hanasaki Tokuharu High School et la Nihon University.

Bien que sa victoire lui ait valu une place à la Coupe de l'Empereur en décembre, Akazawa n'y a pas participé. Sa dernière incursion visait à tester son niveau actuel et, se considérant désormais comme un "Samoan", il a déclaré qu'il ne pouvait plus prétendre au titre de numéro un au Japon.

 JPN3Akazawa enregistre un tombé au deuxième tour des Championnats nationaux non-étudiants. (Photo par la Japan Wrestling Federation)

Construire une nouvelle puissance

Lorsqu'il a décidé dans quel lycée il irait, Akazawa a contourné les puissances de l'époque pour Hanasaki Tokuharu, qui était pratiquement inconnu dans le milieu de la lutte. "Plutôt que de me renforcer dans une équipe forte, je voulais aller dans une école sans nom et battre les puissances les unes après les autres", a-t-il déclaré à l'époque.

Et c'est à peu près ce qu'il a fait. Lors de sa troisième année en 2008, il a aidé Hanasaki Tokuharu à mettre fin au règne de 14 ans du lycée Kasumigaura de la préfecture d'Ibaraki lors du championnat des lycées du Kanto (le Kanto est la région du Japon qui comprend Tokyo et ses environs).

Kasumigaura prendra sa revanche plus tard lors de la finale par équipe des championnats inter-lycées, mais dans ce match, Akazawa a battu le champion national en titre (sur la photo du haut). Il s'est fait un nom et a aidé à lancer une nouvelle puissance sur la scène, quatre ans seulement après sa fondation.

L'énergie et l'enthousiasme qu'Akazawa ressent aujourd'hui à Samoa sont incroyablement similaires à "cette époque". Les Samoa bénéficient d'un climat chaud toute l'année, avec des températures moyennes de 23°C et de 31°C. La salle de lutte est une installation en plein air avec un toit, un peu comme dans le Japon d'une autre époque où chaque ville avait un ring de sumo extérieur situé à côté du sanctuaire local.

Alors que les salles de sport au Japon sont désormais climatisées, c'est un monde de différence à Samoa. "Chaque jour, je m'entraîne trempé de sueur", a déclaré Akazawa.

Le rugby est toujours roi à Samoa, et essayer d'augmenter la participation dans d'autres sports n'est pas une tâche facile. Mais des progrès ont été réalisés, puisque les Samoa ont été représentées aux Jeux olympiques en judo. Dans la lutte, la seule participation olympique de l'histoire du pays a eu lieu aux Jeux de Sydney en 2000, lorsque Faafatai IUTANA s'est qualifié dans la catégorie gréco-romaine des 76 kg. Les Samoa ont eu un bon nombre de médaillés d'or aux championnats d'Océanie, mais aucun depuis 2011. Le potentiel est donc là.

La réalisation de son propre rêve olympique sera un lien pour le développement de la lutte à Samoa. Pour l'instant, alors qu'il attend de savoir s'il obtiendra la citoyenneté, Akazawa continuera à concentrer tous ses efforts pour Paris. La plupart de ses coéquipiers du lycée ont depuis longtemps quitté le tapis et ont suivi la voie de l'entraînement. Mais au moins l'un des membres de la "promotion 2008" a toujours une passion brûlante pour les Jeux olympiques.

-- Traduction anglaise par Ken Marantz