World Cup, Iran

L'Iran remporte la Coupe du Monde de lutte libre

By Jason Bryant

LOS ANGELES (12 avril) – La ou les iraniens font de la lutte, on entend résonner les chants, les cors et les hymnes. Que cela soit aux Championnats du Monde de Turquie ou à la Coupe du Monde de Los Angeles, il est certain que les fans iraniens sont parmis les plus engagés du monde.

Ce dimanche au Forum de Los Angeles n’a pas fait défaut à cette coutume ; des centaines de fans iraniens ont brandi leurs drapaux, soufflé dans leurs cors et changé alors que l’Iran battait les Etats-Unis 5-3 et remportait la Coupe du Monde de lutte libre d’United World Wrestling.

« Il y a plus de fans iraniens à Los Angeles que dans n’importe quelle autre ville » déclare le lutteur iranien Behnam EHSANPOOR, qui évolue à 61 kg. « La foule m’a beaucoup aidé. J’avais l’impression d’être à Téhéran. »

Les tensions entres les Etats-Unis et l’Iran sont strictement d’ordre politique, même nous avons pu assister à certains combats épiques entre les lutteurs des deux nations. Et les combats de dimanche s’ajoutent sans aucun doute à cette liste.

Hassan RAHIMI (IRI) a offert à son pays la première victoire en remportant son match face à Tony RAMOS 6-5 à 57 kg. Ramos, mené 2-1 en seconde période, a tenté de marquer deux points avec un plaquage mais a fini par en donner quatre à son adversaire. Arprès avoir demandé un challenge, Ramos était mené 5-3, ayant perdu un point après le challenge. Rahimi à offert un point à son adversaire, réduisant son avantage à 5-4, avant de marquer avec un pushout pour mener 6-4 et il a tenu bon sur ce score.  

Les USA ont tenté de gagner à 61 kg, lorsque le médaillé de bronze des Jeux Olympiques de 2012 Coleman SCOTT s’est battu contre Behnam EHSANPOOR, mais l’Iran a tenu bon ; mené 7-2, Ehsanpoor a réduit l’écart du score grâce à des plaquages dans les dernières 17 secondes de la deuxième période, enflammant littéralement les bancs des fans iraniens.

« C’était un bon match » dit Ehsanpoor. « Scott est un champion olympique et j’ai vraiment du travailler très dur pour réussir à le battre. Les conseils de mon coach m’ont particulièrement aidé pendant ce match. Il regardait tout et m’a dit comment m’adapter pendant le combat. C’est ca qui a fait la différence. »

Brent METCALF a offert sa première victoires aux Etats-Unis en battant le No. 2 mondial Masoud ESMAILPOUR 3-1. Metcalf a marqué à la moitié de la seconde période et Esmailpour, médaillé d’argent l’année passée à 61 kg, n’as pas réussi une seule attaque.

L’Iran allait remporter un match clé à 70 kg ; le No. 10 mondial Hassan YAZDANI a battu le No. 11 Nick MARABLE 3-1. Marable a failli marquer un plaquage en dernière minute du match, mais la souplesse et la rapidité de Yazadani lui ont permis de déjouer cette attaque. Marable a désespérément essayé de faire tomber son adversaire pour revenir à égalité, mais l’iranien s’est bien défendu et a gagné 3-1, donnant l’avantage à l’Iran après quatre catégories de poids disputées.

Morteza REZAEI (IRI) avait deja du battre deux médaillés de niveau mondial lors du tournoi, mais il devait encore affronter le No. 2 mondial Jordan BURROUGHS. Rezaei allait devoit livrer un match parfait, et Burroughs ne comptait pas le laisser faire.  

Burroughs a attaqué dans les 10 premières secondes du match abec un plaquage puis a marqué deux points et trois plaquages supplémentaires pour gagner 10-0 par supériorité technique. Il monte ainsi son record personnel à 102 victoires contre 2 défaites et offrait le score de 3-2 aux USA après les cinq premiers matchs.

Le No.4 mondial Meisam MOSTAFA JOUKAR (IRI), champion en titre des Championnats Universitaires du Monde, allait affronter l’américain Clayton FOSTER à 86kg. Foster a disputé les deux matchs dimanche après que le No. 1 Ed Ruth ne se soit blessé samedi en compétition.

Foster, No. 10 mondial, a marqué en premier avec un plaquage, mais MOSTAFA JOUKAR  a marqué quatre points trentes secondes plus tard. L’iranien a à nouveau soulevé et retourné l’américain en première période et a marqué quatre points supplémentaires, prenant l’avantage 8-2 après 120 secondes de match. Mostafa Joukar a encore creusé l’écart avec deux pushouts, et a fini son adversaire 12-2, remportant le match par supériorité technique et donnant à l’Iran l’avantage de 4-2 alors qu’il ne restait que deux matchs à disputer.

Après ses performances en dents de scie tout le week end, le champion olympique de 2012 Jake VARNER (USA) a gagné son match contre le médaillé de bronze des Championnats du Monde de 2014 Mohammad HOSSEIN MOHAMMADIAN. Varner menait 1-0 en première période ; Mohammadian a marqué un plaquage et un pushout en seconde période et menait 3-1 avant que Varner ne marque quelques secondes avant la fin du match et ne gagne la rencontre 3-3 sur critères.

Le médaillé mondial et olympique Khomeil GHASEMI (IRI) devait gagner à 125 kg pour que l’Iran remporte la Coupe du Monde. Il allait affronter le no. 15 mondial Zach REY (USA).

Rey a commencé par mener 1-0 après que Ghasemi ait recu un avertissement en première période. Ghasemi a marqué en seconde, revenant à égalité 1 minute avant la fin du match. Ghasemi a marqué grâce à un plaquage 25 secondes avant la fin du match, se défendant face aux attaques de Rey, et a offert à l’Iran la victoire par équipe.

Les USA et l’Iran ont tous deux gagné dans leurs groupes respectifs. L’Iran a remporté une victoire cruciale dimanche 7-1 contre l’Azerbaïdjan. Sharif SHARIFOV (AZE) a néanmoins battu le double champion du monde Reza YAZDANI  9-1 à 97 kg.

L’Azerbaïdjan, qui s’est imposé sur la scène mondiale de lutte ces dix dernières années, a développé une forte rivalité avec l’Iran, tant en lutte libre qu’en lutte gréco-romaine.

Le No. 2 mondial Sayed MOHAMMADI (IRI) a remporté une victoire importante à 65kg. Il a battu le champion olympique de 2012 Toghrul ASGAROV (AZE) 14-10. Asgarov évoluait à 65 kg pour la première fois en une année.

« J’ai pu gagner grâce à la rigueur de notre entrainement en Iran » déclare Mohammadi.  « Nous sommes préparés pour des jours comme celui la. »

En arrivant en finale, Mohammadi n’était pas inquiet.

« C’est l’équipe toute entière qui est concernée, pas seulement moi » explique-t-til. « Je suis heureux d’avoir rempli mon rôle au sain de mon équipe. »

L’Azerbaïdjan a battu la Russie sur critères pour la troisième place. Les deux équipes étaient a égalité 4-4, et les points de classements étaient de 15 partout, l’issue de la compétition a donc été décidée d’après les points techniques. L’Azerbaïdjan a gagné 34-28.

La Biélorussie a battu la Mongolie 5-3 pour la cinquième place du tournoi et Cuba a battu le Turquie 5-3 pour la 7ème place.

Final Pool A Standings: Etats-Unis 3-0, Russie 2-1, Mongolie 1-2, Cuba 0-3
Final Pool B Standings: Iran 3-0, Azerbaïdjan 2-1, Belarus 1-2, Turquie 0-3

CHAMPIONNAT
I
RAN 5, ETATS-UNIS 3
57 kg - No.8 Hassan RAHIMI (IRI) df. No.19 Tony RAMOS (USA), 6-5
61 kg - No.18 Behnam EHSANPOOR (IRI) df. Coleman SCOTT (USA), 9-7
65 kg - No.8 Brent METCALF (USA) df. No.2 Masmoud ESMAILPOUR (IRI), 3-1
70 kg - No.10 Hassan YAZDANI CHARATI (IRI) df. No.11 Nick MARABLE (USA), 3-1
74 kg - No.2 Jordan BURROUGHS (USA) df. Morteza REZAEI GHALEH (IRI) par SP, 10-0
86 kg - No.4 Meisam MOSTAFAJOUKAR (IRI) df. No.10 Clayton FOSTER (USA) par SP, 12-2
97 kg - Jake VARNER (USA) df. No.3 Mohammad HOSSIEN MOHAMMADIAN (IRI), 3-3
125 kg - No.2 Komeil GHASEMI (IRI) df. No.15 Zach REY (USA), 3-1

TROISIEME PLACE
AZERBAIDJAN 4, RUSSIE 4 (15-15)
L’Azerbaïdjan gagne sur points techniques 34-28
57 kg - Viktor RASSADIN (RUS) df. Yashar ALIYEV (AZE), 8-1
61 kg - No.12 Haji ALIYEV (AZE) df. No.15 Murshid MUTALIMOV (RUS), 9-4
65 kg - No.4 Magomed MUSLIMOV (AZE) df. Zaurbek SIDAKOV (RUS), 6-0
70 kg - No.8 Israil KASUMOV (RUS) df. No.12 Ruslan DIBIRGADZHIYEV (AZE), 6-4
74 kg - Iakubali SHIKHDZHAMALOV (RUS) df. Murad SULEYMANOV (AZE), 4-1
86 kg - Dauren KURUGLIEV (RUS) df. Aleksandr GOSTIYEV (AZE), 4-0
97 kg - No.5 Sharif SHARIFOV (AZE) df. No.13 Yury BELONOVSKIY (RUS), 1-1
125 kg - No.11 Jamaladdin MAGOMEDOV (AZE) df. Timur KOTSOEV (RUS) par SP, 12-1

CINQUIEME PLACE
BIELORUSSIE 5, MONGOLIE 3
57 kg - No.10 Tsogtbaatar DAMDINBAZAR (MGL) df. No.7 Vladzislav ANDREEV (BLR) by FALL
61 kg - Dzianis MAKSIMAV (BLR) df. Nemekhbayar BATSAIKHAN (MGL), 10-10
65 kg - No.6 Mandakhnaran GANZORIG (MGL) df. No.5 Azamat NURIKOV (BLR), 11-5
70 kg - Ankhbayar BATCHULUUN (MGL) df. Zhan SAFYAN (BLR), 11-9
74 kg - No.4 Ali SHABANOV (BLR) df. No.14 Unurbat PUREVJAV (MGL), 8-2
86 kg - Amarhajy MAHAMEDAV (BLR) df. Usukhbaatar PUREVEE (MGL), 8-5
97 kg - Ivan YANKOUSKI (BLR) df. No.9 Khuderbulga DORJKHAND (MGL), 7-5
125 kg - No.7 Aleksei SHEMAROV (BLR) df. No.9 Chuluunbat JARGALSAIKHAN (MGL), 11-1

SEPTIEME PLACE
CUBA 5, TURQUIE 3
57 kg - No.4 Yowlys BONNE RODRIGUEZ (CUB) df. Sezar AKGUL (TUR) par SP, 10-0
61 kg - Munir RECEP AKTAS (TUR) par forfait
65 kg - Franklin MAREN CASTILLO (CUB) df. Mustafa KARTAL (TUR) par SP, 10-0
70 kg - Andy YOAN MORENO GONZALEZ (CUB) df. Sefa AKSOY (TUR), 4-2
74 kg - No.5 Livan LOPEZ AZCUY (CUB) par forfait
86 kg - Serdar BOKE (TUR) par forfait
97 kg - No.7 Javier CORTINA LACERRA (CUB) df. Ibrahim BOLUKBASI (TUR) par tombé
125 kg - Tanju GEMICI (TUR) par forfait

Résultats des Jours 1 et 2, Notes & classements: http://uww.io/zuR7L
Page de l’évènement (Photos, Live Stream, Résultats):
 https://unitedworldwrestling.org/event/world-cup-senior-7

Japon

Confinée pour l'instant, Susaki ne quitte pas des yeux sa quête relancée vers l'or olympique

By Ken Marantz

TOKYO -- Après avoir vu son rêve olympique brisé, puis soudainement ranimé par une surprise du destin complètement indépendante de sa volonté, Yui SUSAKI (JPN) sait qu’elle doit profiter de toutes les opportunités que la vie met sur son chemin.

Et s’il est nécessaire qu’elle attende une année de plus pour atteindre son objectif aux Jeux Olympiques de Tokyo, alors à toute chose malheur est bon sur la route de l’or olympique. 

"C’est la première fois que je suis éloignée de la lutte aussi longtemps," a répondu Susaki à notre interview par mail. "Je veux vraiment lutter à nouveau le plus vite possible. Mais même dans cette situation, le côté positif est que je peux utiliser ce temps pour faire de l’entraînement visuel en regardant des vidéos, et mettre sur pied un régime d’entraînement pour là où je suis la plus faible."

Où Susaki, qui aura 21 ans le 30 juin prochain, a une faiblesse, ou si elle en a vraiment, reste une question qui peut faire l’objet d’un débat, mais la deux fois championne du monde senior de lutte féminine en 50kg ne veut plus de faux pas le long de sa quête. Comme la majorité du monde sportif, Susaki s’est entraînée à la maison le mois dernier, se préparant pour le jour où il sera possible de remonter sur les tapis.

Il est possible que le Centre national d’entraînement rouvre lors de la suspension de l’état d’urgence décrété par le gouvernement japonais, mais au moment d’écrire ces lignes aucune date précise n’a été donnée. Susaki ne peut pas non plus s’entraîner à l’université de Waseda où elle étudie et qui reste fermée depuis le mois de mars. 

Forcée comme elle l’est de se maintenir en forme à son domicile de la préfecture de Chiba à l’est de Tokyo, Susaki déclare faire deux séances d’entraînement d’à peu près une heure par jour. Elle court de trois à cinq kilomètres ou soulève des poids dans le parc d’à côté ou à la maison.

Elle a la possibilité d’effectuer des entraînements spécifiques à la lutte. Sa sœur aînée Mai la rejoint pour travailler les amenés au sol. Comme leur père Yasuhiro, Mai a lutté à Waseda, et a même terminé troisième de l’Open Klippan Lady. "Les weekends où ma soeur ne travaille pas, nous nous entraînons ensemble à des exercices d’amenés au sol," précise Susaki.

Ces réunions familiales sont un agréable bonus, vu les effets sociétaux de la crise qui siginifie absence de contact avec amis ou coéquipiers. Susaki n’avait jamais passé autant de temps avec sa famille depuis qu’elle avait quitté le domicile familial en deuxième année de lycée pour rejoindre l’Académie d’élite du Comité olympique japonais.

"Passer autant de temps avec toute ma famille est très rafraîchissant et j’en suis vraiment heureuse," dit Susaki. "Ce temps est si précieux. Il sont impatients de me voir lutter sur une grande scène comme celle des JO ou des mondiaux et m’apportent tout le soutien possible. Cela me touche beaucoup, d’autant plus que nous passons beaucoup de temps ensemble. Ma détermination [à réussir] est aussi pour ma famille."

Yui SUSAKI (JPN) ouvre chaque combat par sa marque de fabrique, faisant basse figure. (Photo : Kadir Caliskan)

Entre ses sessions d’entraînement, Susaki participe aux cours en ligne de son université, dans la faculté de Sciences Sportives, dont le panel de professeurs inclut le deux fois médaillé olympique de lutte libre Akira OTA (JPN). Il est significatif que Susaki ait choisi de suivre le chemin familial et de s’engager à Waseda au lieu de rejoindre l’université de Shigakkan University, qui fait effet de locomotive de la lutte au Japon. 

De Shigakkan, auparavant connue sous le nom d’université Chukyo pour femmes, sont sorties toutes les lutteuses japonaises olympiennes depuis que la lutte féminine a été ajoutée au programme olympique à Athènes en 2004, dont des sommités comme Saori YOSHIDA (JPN) et Kaori ICHO (JPN), et les stars actuelles Risako KAWAI (JPN) et Sara DOSHO (JPN), qui défendront à Tokyo les titres olympiques qu’elles ont remportés à Rio en 2016. 

Sous le postulat que les JO de Tokyo se dérouleront comme reprogrammés l’été 2021, le monopole de Shigakkan se terminera alors, puisque la médaillée mondiale d’argent des 76kg Hiroe MINAGAWA (JPN), qui avait concouru en universitaire à l’université de Ritsumeikan, a déjà assuré sa place dans l’équipe japonaise.

Pour que Susaki la rejoigne, elle doit tout d’abord s’assurer une place au tournoi de qualification olympique Asie, prévu à Xi'an en Chine en mars 2021. Lorsqu’elle avait remporté le titre des 50kg du championnat du Japon en décembre dernier et donc acquis le droit de participer au qualificatif, elle avait deux mois pour se préparer. Ni elle ni personne d’autre ne s’imaginait que le qualificatif serait tout d’abord déplacé hors de Chine puis reporté et que cette durée s’allongerait à 15 mois.

"C’était très difficile de me préparer pour la compétition sans savoir si [la compétition] aurait lieu ou non," dit Susaki. "Quand elle a été reportée d’une année, j’ai pensé au côté positif, car cela me donne une autre année pour devenir plus forte. A partir de maintenant, je deviendrai plus forte."


Yui SUSAKI (JPN) célèbre sa victoire sur sa rivale Yuki IRIE (JPN). (Photo : Sachiko Hotaka)

Une chance de 0,01%
Dire que Susaki montera sur les tapis de Xi'an sans subir de blessure ou d’autres circonstances malheureuses, relève de l’imprévisibilité du sport. 

Le rêve olympique de Susaki avait semblé se briser lorsque son ennemie jurée Yuki IRIE (JPN) l’avait vaincue en éliminatoire pour une place dans l’équipe japonaise du championnat du monde de Noursoultan en septembre dernier. L’importance de cet événement était énorme, car une médaille dans la capitale du Kazakhstan aurait assuré sa place à Irie aux JO de Tokyo, la seule lutteuse au monde qui a su vaincre Susaki depuis l’école primaire. 

Mais Irie a ensuite subit une déchirante défaite par 13-12 en quart de finale, des mains de la médaillée olympique de bronze (Rio 2016) SUN Yanan (CHN). Puis, encore plus marquant pour Susaki et ses fans autour du monde, Sun fut renversée par la futur championne du monde Mariya STADNIK (AZE) en demi-finale – déniant ainsi Irie toute chance de repêchage et de médaille de bronze.

Susaki a continué à s’entraîner, prenant à cœur les mots de son coach Shoko YOSHIMURA que "s’il y a encore une chance de 0,01%, tu dois continuer à te battre."

"Je m’entraînais à ce moment, et je n’ai pas vu le combat entre Sun Yanan et Irie en direct," commente Susaki. "J’ai vu celui entre Sun Yanan et Mariya Stadnik."

Ceci avait entrouvert la porte des JO, mais pour la pousser complètement, il fallait passer le cap du qualificatif Asie. Et pour ça, il lui fallait battre Irie – et la médaillée d’or de Rio Eri TOSAKA (JPN), de plus – ce qu’elle accomplit avec une victoire sur le fil du rasoir par 2-1 en finale de la Coupe de l’Empereur.

 "Je suis allée au combat contre Irie à la Coupe de l’Empereur en me considérant comme la 'challenger'," dit Susaki, ajoutant qu’elle se répétait constamment : "C’est ta dernière chance. Prends-la une fois pour toutes et va aux Jeux Olympiques."

"Quand j’ai perdu en éliminatoire, j’étais perdue et n’avait plus confiance en moi. Mais en utilisant ce temps à bon escient, j’ai pu lutter sûre de moi à la Coupe de l’Empereur, pour tous les gens qui croyaient en moi et me soutenaient et pour moi aussi."


Yui SUSAKI (JPN) explose de joie avec son coach après son deuxième titre mondial senior consécutif. (Photo : Gabor Martin)

Le succès vient souvent tôt
Ses aspirations olympiques avaient commencé à la tenailler peu après que Susaki a commencé à lutter en première année d’école primaire à l’école locale de Matsudo Junior. En troisième année, elle remportait son premier titre cadet et commençait à rêver d’imiter Yoshida en remportant une médaille olympique.

L’année suivante, en 2009, elle fut vaincue en quatrième année et finale des 26kg par la future championne du monde junior Saki IGARASHI (JPN) -- Susaki ne perdrait plus ensuite jusqu’en 2015 – mais revint pour s’emparer de la couronne nationale en cinquième et sixième années.

La réusite continua de l’accompagner au lycée, où elle remportait les deux titres majeurs nationaux chacune des trois années suivantes sans concéder aucune défaite. Elle imprima aussi sa marque sur la scène mondiale, remportant le titre cadet de l’Open Klippan Lady trois années d’affilée, et le premier de trois titres mondiaux cadets consécutifs.

En seconde année de lycée, elle fut recrutée pour rejoinder l’Académie d’élite du CJO avec Yoshimura, un quintuple champion du monde qui la parraine encore aujourd’hui. 

A la question de savoir ce qui distingue Susaki des autres meilleures lutteuses, Yoshimura répond : "La capacité et la force physique nécessaires pour atteindre un objectif ne peuvent pas être acquises sans en avoir la volonté. Comme elle a une volonté forte et de l’énergie, elle peut aumenter sa quantité de pratique, d’effort et d’entraînement. Elle établit une méthodologie pour appliquer différentes choses à la lutte."

Passant en première année d’école secondaire, Susaki, après sa victoire aux mondiaux cadets en 2015, atteint la finale de la Coupe de l’Empereur. C’est là qu’elle subit la première des trois défaites de sa carrière sous les coups d’Irie, qui l’emporte 10-0 par supériorité technique, mettant fin à une magnifique série ininterrompue de 83 victoires depuis la première année de lycée de Susaki – sans compter l’école primaire. Elle revenait cependant l’année suivante pour remporter la Coupe de l’Empereur.

En 2017, elle passa directement de championne du monde des cadets à championne du monde des seniors, remportant l’or de Paris en 48kg, ce qui en fit la première écolière à remporter un titre mondial depuis celui d’Icho en 2002. Cette année, 2017, débuta et se termina de manières très différentes, puisqu’elle remportait le Grand Prix Yarygin pour ses débuts en senior, mais perdait face à Irie en demi-finale de la Coupe de l’empereur, mettant fin à une série de 63 victoires.

Entrant à Waseda en avril 2018, elle bat à son tour Irie au championnat du Japon sur invitation, puis encore une fois en éliminatoire pour rejoindre le championnat du monde de Budapest où elle maîtrisait Stadnik en finale des 50kg pour le second titre mondial d’affilée de sa carrière - un peu plus d’un mois après un titre mondial junior.

Yui SUSAKI (JPN) sourit après une victoire à la Coupe du monde de lutte féminine 2019. (Photo : Sachiko Hotaka)

Les joies de la lutte
Dans la vidéo de la déroute de Stadnik, le présentateur américain fait ce commentaire au sujet de Susaki : "Elle adore totalement la lutte. Quand vous la voyez lutter, elle sourit, elle a du plaisir, elle s’amuse, elle est décontractée"

A la question de savoir si ceci était exact, Susaki confirme. 

"Oui, c’est exact," dit-elle. "Vraiment, j’adore lutter et ai toujours du plaisir en combat. C’est réjouissant pour moi lorsque j’utilise le maximum de mes capacités pour remporter une médaille d’or au championnat du monde ou que je vaincs une adversaire puissante."

"Je suis nerveuse avant un combat, mais je sais l’effort que j’ai fait pour préparer ce combat, et combien je me suis entraînée dur dans l’objectif de gagner. Je vais au combat dans l’esprit que ’Je sais que je suis ok. Maintenant, aie du plaisir, c’est tout.'"

Cette féroce détermination de Susaki et sa personnalité pétillante lui ont gagné l’affection des fans au Japon et à l’étranger. La chance lui étant donnée de s’adresser à eux dans cet article, Susaki voulait leur offrir sa reconnaissance pour leur soutien et les encourager à persévérer dans leurs efforts pour surmonter la pandémie de covid-19.

"Je suis très heureuse de tous mes fans autour du monde et reconnaissante du fond de mon cœur," dit-elle. "Ils m’encouragent quand je perds, et partagent leur joie quand je gagne. Grâce à eux tous, j’ai pu faire de mon mieux." 


"Aujourd’hui, le coronavirus a provoqué une grave crise mondiale. Tous ensemble, nous pouvons nous en sortir et tourner nos yeux vers le jour où nous pourrons lutter à nouveau et suivre des combats. Je vais faire tout mon possible pour progresser et offrir à nouveau un beau spectacle sur la scène mondiale.