#WrestleUlaanbaatar

#WrestleOulan-Bator: Trois rencontres à ne pas manquer aux Championnats d'Asie

By Vinay Siwach

OULAN-BATOR, Mongolie (12 avril) -- Après une interruption de trois ans, la Chine et le Japon font leur retour aux championnats d'Asie. La participation des équipes les plus dominantes du continent augmente automatiuement la qualité de la lutte -- spécialement en lutte féminine -- lors du tournoi qui se tiendra la semaine prochaine à Oulan-Bator en Mongolie.

Comme quelques rivalités seront ravivées et que de nouveaux visages seront aussi en action, le tournoi devient un évènement incontournable pour la fans de la lutte du monde entier.

United World Wrestling a également choisi trois rivalités qui seront les clous du spectacle du tournoi.

Lutte libre
57kg -- Ravi KUMAR (IND) vs Gulomjon ABDULLAEV (UZB)

Kumar et Abdullaev ont lutté seulement une fois en six ans. Mais durant les dix derniers mois, ils ont lutté trois fois de plus. Deux des lutteurs les plus passionnants en 57kg continue de relever la barre à chaque fois qu'ils se rencontrent sur le tapis et, sur les quatre combats, un seul a été unilatéral.

Retournons en 2016, les deux se sont affrontés au repêchage des championnats du monde junior où Abdullaev a battu Kumar, 12-7. Lors du combat en France, Abdullaev a utilisé ses attaques bien à propos et a ensuite maintenu les attaques de Kumar à distance. Kumar a épuisé le lutteur ouzbek mais n'a pas pu terminer ses attaques et n'a marqué que trois projections au sol. 

Les deux se sont rencontrés cinq ans après, Kumar l'ayant emporté 10-0 au premier tour de l'Open Ranking Series de Pologne l'année dernière. Mais Abdullaev s'est vengé de cette défaite en s'imposant 7-5 en finale du même tournoi chez les 61 kg

Leur rencontre la plus récente a eu lieu aux Ranking Series Yasar Dogu à Istanbul et ce fût sans aucun doute le match du tournoi. En 61kg, les deux se sont affrontés en finale et le combat aller et retour a vu l'avance changer de mains quatre fois. Kumar s'est imposé 11-10 grâce à un lancer de 4 points de l'indien.

Alors que Kumar a remporté le titre asiatique, le bronze mondial et la médaille d'argent des Jeux olympiques, Abdullaev a montré qu'il était l'un des meilleurs dans cette catégorie de poids. Il était à deux doigts de battre le champion du monde et olympique Zavur UGUEV (RWF) à Tokyo et a toujours inquiété Kumar.

Ses attaques sournoises et la lutte à haute pression constante de Kumar seront à l'honneur à Oulan-Bator et Abdullaev aimerait survivre aux six minutes pour prendre une nouvelle fois la tête du classement des confrontations.

Les deux hommes ne pourront se rencontrer qu'en finale du bracket à 12 hommes car Kumar est tête de série numéro un et Abdullaev en deuxième position.

Tynybekova OzakiAisuluu TYNYBEKOVA (KGZ) et Nonoka OZAKI (JPN) ont lutté en 62kg à Oslo. (Photo: UWW / Martin Gabor)

Lutte féminine
62kg -- Nonoka OZAKI (JPN) vs Aisuluu TYNYBEKOVA (KGZ)

Tynybekova est deux fois championne du monde et médaillée d'argent olympique. Ozaki n'a perdu qu'une seule fois depuis ses débuts chez les cadets en 2018. Lorsque les deux s'affronteront à Oulan-Bator, cela pourrait être l'arrivée d'Ozaki sur la grande scène.

Aux Championnats du monde d'Oslo, les deux adversaires se sont rencontrés au premier tour chez les 62 kg. Ozaki a pris une avance de 4-0 à la pause et Tynybekova semblait en grande difficulté. Les attaques rapides d'Ozaki ont pris Tynybekova au dépourvu. Mais accrochée comme elle l'est, la médaillée d'argent de Tokyo a répondu avec deux mises à terre et en a ajouté une autre en fin de combat pour gagner 6-4.

Ozaki, 19 ans, a été déçue par son inexpérience, mais elle pourrait arriver mieux préparée pour la revanche. Les deux lutteuses ne peuvent se rencontrer qu'en finale, étant les deux premières têtes de série

Tynybekova devra revenir à son niveau précédent après avoir subi une défaite au premier tour de l'événement Ranking Series à Istanbul contre Lais NUNES DE OLIVEIRA (BRA). 

Ozaki, qui aurait remarqué cette perte, sera fraîche et "dispo" après avoir remporté l'or à la Queen's Cup au Japon

Sailike WALIHANSailike WALIHAN (CHN) est médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo. (Photo: UWW / Kadir Caliskan)

Lutte gréco-romaine
67kg - Sailike WALIHAN (CHN) vs Hansu RYU (KOR)

Walihan et Ryu étaient présents aux Jeux olympiques de Tokyo mais dans des catégories de poids différentes. Le lutteur chinois a dépassé les attentes pour remporter la médaille de bronze en 60 kg, tandis que Ryu a terminé septième en 67 kg. Mais avec le passage de Walihan en 67 kg, les deux lutteurs ont de fortes chances de se rencontrer à Oulan-Bator.

Comme les deux hommes n'ont jamais lutté auparavant, ce sera un test pour Walihan qui augmente son poids pour concourir dans un peloton très chargé en 67 kg. Son adversaire Ryu est double champion du monde et est le dernier de la crème de la lutte gréco-romaine coréenne. Grâce à son expérience et à ses compétences, il sera le favori contre Walihan.

Mais Ryu doit être conscient que la défense de Walihan lors des qualifications olympiques asiatiques et plus tard aux Jeux olympiques lui a permis d'atteindre Tokyo, puis de remporter la première médaille olympique en lutte gréco-romaine de la Chine depuis 2008.

Ryu est tête de série numéro un et Walihan n'est pas tête de série dans la catégorie de poids, ce qui signifie que les deux peuvent s'affronter dans n'importe quel match du bracket.

Toute l'action en Mongolie débute mardi prochain, du 19 au 24 avril, et peut être suivie en direct sur www.uww.org.

Mariage, enfant et diplôme de médecine sur la route des JO de Jane Valencias (MEX)

By Eric Olanowski

CORSIER-SUR-VEVEY, Switzerland (April 7) – Il aura fallu dix ans, trois pays, un mariage, un enfant et un diplôme de médecine à Jane VALENCIAS pour que le Mexique obtienne sa première qualification olympique en lutte féminine. 

“Ma mère m'a appris que si je travaillais dur, j'arriverai là où je le voudrais," raconte Jane.  “En regardant maintenant mes réussites, je crois qu'elle avait raison.”

Ce qu'elle voulait fut toujours clair : mère, médecin et lutteuse olympique. Mais l'obtenir exigea patience et sacrifice. 

"J'ai commencé mes études en 2009 et les ai terminées en 2019. Il faut normalement six ans du début à la fin, mais il m'a fallu 10 ans parce que je les ai arrêtées deux fois pour lutter."

Jane Valencia a obtenu son diplôme de l'université Guadalajara Lamar au printemps 2019.

Aujourd'hui la combative “Drsse Valencia”, 57kg, cherche à obtenir sa licence pour lutter au Mexique et aux Etats-Unis. Son mari, le vice-champion olympique 2012 Jaime ESPINAL (PUR), est portoricain et obtenir pour Jane sa licence aux USA lui permettrait de lutter au Mexique, aux Etats-Unis et à Porto-Rico, un territoire américain. “Cela me prendra du temps. La procédure durera un an, un an et demi," dit-elle. "Mais après les Jeux, j'espère avoir assez d'argent pour payer la paperasserie et le test pour passer ma licence."  

Après son diplôme, Jane a déménagé du Mexique aux Etats-Unis pour rejoindre son mari et s'entraîner au club de lutte de Nittany Lion sous la tutelle des champions olympiques Cael SANDERSON (USA) et Jake VARNER (USA). Un tout petit peu plus d'un an après être remontée sur les tapis, elle est devenue la première lutteuse mexicaine de l'histoire à atteindre les Jeux Olympiques, grâce à une victoire en 57kg au tournoi panaméricain de qualification olympique d'Ottawa.

Jane VALENCIA'S (MEX) avec sa fille Joy au sommet du podium du tournoi panaméricain de qualification olympique. (Photo : Tony Rotundo)

Après avoir échoué d'un combat pour se qualifier aux Jeux de Rio en 2016, Valencia a fait une pause de trois ans avant de réaliser qu'elle avait quelque chose à se prouver. Au milieu de cette retraite, jalonnée d'expériences marquantes telles que se marier, donner naissance à un enfant et passer son diplôme de médecin, Valencia a pu observer les réussites de Natalia VOROBEVA (RUS) et Sofia Mattsson (SWE) après leurs accouchements.

"J'ai pris Vorobeva et Mattsson comme exemple. Elles ont fait leur retour après avoir eu un enfant et étaient très bonnes. Cela m'a montré que je pouvais être maman et toujours bonne en lutte."

"Je sais que c'est fou, mais quelque chose à l'intérieur de moi me disait que j'avais besoin de revenir. Je révais toutes les nuits de remonter sur le tapis. Vous savez, quand vous luttez, vous n'arrêter jamais vraiment. C'est une part de votre vie."

Valencia, qui a donné naissance à sa fille Joy le 31 mai 2017, est remontée sur le tapis pour la première fois en février 2019 à l'occasion du Cerro Pelado. Elle fut vaincue en finale par Amanda HERNANDEZ (CUB) et dut se contenter de la médaille d'argent. Sa deuxième apparition prit place une année plus tard à Ottawa, au Canada, pour le tournoi panaméricain de qualification olympique, où elle devait atteindre les finales pour composter son ticket pour les JO.

Quelques jours avant cette compétition, elle déclarait : "Tout le monde veut gagner le qualificatif. Je savais que [la championne olympique, ndlr] Helen [Maroulis, ndlr] serait là, alors je me suis entraînée en préparant mon mental pour lutter les meilleurs combat de ma carrière." 

A Ottawa, Valencia a ouvert les feux par deux victoires décisives sur Betzabeth SARCO COLMENAREZ (VEN) et Nes RODRIGUEZ TIRADO (PUR) -- pour atteindre un combat quitte ou double pour la qualification olympique face à la championne du monde en titre canadienne Linda MORIAS (CAN).

La scène était montée et l'enjeu simple : vaincre Morias et aller aux JO ou perdre et rentrer comme en 2016, sans place olympique.

Rejoignant les demi-finales, Jane se disait : "Aie foi en toi-même, ta préparation et lutte. Amuse-toi."  

Lors de ce combat, Jane barra une précoce tentative de double ramassement de jambe de la part de Morais, contre-attaquant en projection en prise de bras par la droite et amené au sol, prenant la tête 4-0. "Je l'avais vue lutter avant, alors je savais parfaitement ce qu'elle tenterait de faire."  

En fin de partie, c'est un ramassement de jambe intérieur que stoppa Jane avant de projeter Morais au sol à nouveau. Mais cette fois, ce fut pour un infliger un tombé à la championne du monde. "A ce moment, je ne pensais pas à ce qui allait advenir. J'ai seulement réagi : je me suis relaxée, et mon corps a réagit."

Grâce à cette victoire sur Morais, Jane Valencia est devenue la première Mexicaine de l'histoire qualifiée pour les Jeux Olympiques.

Elle espère ainsi montrer aux jeunes Mexicaines qu'elles ont un modèle à suivre. "Je n'avais pas de modèle, alors j'ai fabriqué mon propre exemple," dit-elle.

"Maintenant, c'est une chance énorme. Avant, les jeunes filles avaient au Mexique un rêve olympique, mais elles n'avaient pas d'exemple. Elles n'avaient personne à suivre. Maintenant qu'elles ont vu quelqu'un atteindre cet objectif, elle peuvent se dire 'Moi aussi je peux me qualifier'."

Jane continue sa préparation pour les Jeux tout en s'entraînant au Nittany Lion. Elle aspire à devenir médaillée olympique mais dit que remporter une médaille olympique ne la définirait pas en tant que lutteuse, femme ou mère. "Gagner une médaille olympique est mon objectif pour l'instant. Mais nous valons plus qu'une médaille et une médaille ne change pas votre vie. Une médaille n'est pas suffisante pour faire de vous une bonne personne."

Dans un message à destination de la communauté de la lutte, elle déclare :“Ces moments où nous sommes à la maison, ignorant de ce que le futur nous réserve, je vous demande d'être patients et d'avoir la foi. Ayez la foi que ceci arrivera, que nous remonterons sur les tapis pour faire ce qui nous passionne. Gardez votre esprit occupé avec les petites choses du quotidien et vivons un jour à la fois. Restez positifs, en bonne santé et, par-dessus tout, concentrez-vous sur l'objectif qui nous attend.”